Spécial Collectivités / Travaux publics : « Nous espérons être entrés dans un nouveau cycle positif »

 

Qu’il s’agisse de mobilité, de numérique, d’énergie ou de réseaux d’eau, les Français ont beaucoup à dire… En organisant des débats participatifs dans toute la France, la Fédération Nationale des Travaux Publics et ses fédérations régionales sont parties à la rencontre de centaines de citoyens pour écouter leurs attentes, parfois leurs déceptions et leurs espoirs, en matière de vie quotidienne et de développement des territoires.

Un point commun à toutes ces rencontres : les infrastructures sont au cœur des préoccupations. Elles renforcent les territoires, transforment la vie quotidienne et redonnent des perspectives d’avenir…

Les entreprises françaises de Travaux Publics partagent ce constat et œuvrent pour l’intérêt général. 7 400 entreprises de toutes tailles qui emploient plus de 235 000 salariés, construisent, entretiennent et modernisent les infrastructures et réseaux. Elles réalisent 63,5 milliards d’euros de chiffres d’affaires en 2016, dont près de 44 % à l’international.

Vincent Martin, président de la Fédération régionale de Bourgogne – Franche-Comté, fait le point.

 

Dijon l’Hebdo : Avec l’organisation de débats participatifs, la Fédération des Travaux publics a engagé une démarche innovante en allant recueillir sur le terrain les attentes des citoyens. Quel bilan en tirez-vous ?

Vincent Martin : « Un bilan forcément positif. Nous avons rencontré des centaines de citoyens. C’est toujours enrichissant de venir écouter ceux qui utilisent tous les jours les infrastructures que nous construisons. On voit bien que nous partageons avec eux un même discours sur le besoin d’équipements de qualité dans notre pays. Souvent les propos sont bienveillants, parfois ils sont virulents, mais ils sont toujours constructifs ; et on le comprend facilement. Les citoyens savent ce

que les infrastructures leur apportent au quotidien, mais si celles-ci ne sont pas bien entretenues et développées, alors elles peuvent aussi devenir source de frustrations voire d’isolement pour de nombreuses personnes. Comme les vaisseaux sanguins, les réseaux sont vitaux pour l’irrigation et le développement de nos territoires. L’organisation de ces débats, c’est notre manière de faire entendre les attentes des citoyens en matière d’infrastructures. »

 

DLH : Quels sont les prochains défis pour la profession ?

V. M : « En termes de conjoncture économique, nous espérons être entrés dans un nouveau cycle positif. Depuis la fin d’année 2016, nous percevons des signaux positifs et, si le chiffre d’affaires reste à un niveau encore trop bas après huit années de crise, le moral des chefs d’entreprises est meilleur et les carnets de commande se regarnissent.

Dans ce contexte, nos entreprises ont besoin d’une Fédération qui les soutient et qui s’adapte. Il nous apparaît important par exemple d’accompagner nos entrepreneurs dans le processus de digitalisation de leur entreprise avec la création d’une formation « TP BIM » spécialement adaptée au secteur. Nous prendrons d’autres initiatives de ce genre rapidement. Bien sûr, nous continuons également à faire de la pédagogie et des propositions en ce qui concerne la politique d’infrastructures. Lors du Forum des Travaux Publics organisé en février 2017, nous avions invité les candidats à l’élection présidentielle à s’exprimer sur ce thème.

À cette occasion, Emmanuel Macron s’était engagé à la création d’un Conseil d’orientation des infrastructures. Il est important de faire entendre nos messages auprès des décideurs publics. Il y a tellement à faire en France en matière d’infrastructures pour améliorer le quotidien des Français.

 

DLH : Pourquoi le Conseil d’orientation mis en place avec les Assises de la mobilité est-il si important pour les Travaux Publics ?

V. M : « Il est essentiel de définir la vision de ce l’on veut pour le pays, pour ensuite mettre en œuvre la politique d’infrastructures pour y parvenir. La création de ce Conseil était l’un de nos combats et nous avons été entendus. Consulter l’ensemble des acteurs concernés est une bonne méthode. Maintenant, il reste beaucoup à faire pour qu’un véritable projet émerge de ces Assises et qu’il se traduise dans la loi d’orientation et de programmation des mobilités début 2018. C’est pourquoi nous nous y investissons pleinement. Les besoins existent dans notre pays, que ce soit dans l’entretien des réseaux ou leur adaptation aux transformations de notre société. Des choix clairs doivent être définis et ils doivent être programmés et financés : ceci est vrai dans le domaine des infrastructures de transport mais c’est aussi le cas pour les réseaux d’eau, d’énergie ou encore le numérique. donner une nouvelle impulsion et tenir le cap, voilà ce que nous attendons pour les cinq prochaines années ! »

 

DLH : Vous n’avez eu de cesse de dire aux élus que « plus on attend pour entretenir nos infrastructures, plus on laisse une dette aux générations futures ». Avez-vous l’impression aujourd’hui d’avoir été entendu ?

V. M : « Une chose est sûre : les décideurs économiques sont très sensibles à ce message mais ils attendent des signes forts du gouvernement pour obtenir des financements que ce soit dans le cadre de la Dotation globale de fonctionnement et la Dotation d’équipement des territoires ruraux. Nous sommes, par ailleurs, très attentifs à la mise en œuvre des projets qui entrent dans le cadre du contrat de plan Etat / Région. Nous sommes aussi très sensibles à l’initiative de la préfète de région et de la présidente du conseil régional de Bourgogne – Franche-Comté d’organiser, chaque année, la conférence régionale de l’investissement qui permet d’avoir une bonne visibilité sur la mise en œuvre des projets portés par les collectivités et les grands opérateurs ».

Propos recueillis par Pierre SOLAINJEU