Spécial Collectivités : Dominique Grimpret, le maire qui conjugue passé, présent et avenir

 

Ahuy. 1 200 habitants. Deux médecins, deux dentistes, un osthéopathe, deux kinésithérapeutes, un boulanger, deux coiffeuses et deux cafés, deux vrais bistrots de village… Il n’y a aucune commune de la deuxième couronne qui dispose d’autant de services. L’explication ? Une position géographique privilégiée par rapport à Dijon, des maires visionnaires qui se sont succédés et une gestion actuelle qui ne laisse rien au hasard et qui joue la carte du développement et de l’avenir. Interview de Dominique Grimpret, son maire, également vice-président de la Métropole dijonnaise. Un élu qui ne s’inscrit pas franchement dans la grogne actuelle de ses confrères.

 

Dijon l’Hebdo : Vous ne semblez pas vous inscrire dans le mouvement de fronde qui touche les maires des communes. Pourquoi ?

Dominique Grimpret : « Vous savez, il y a tellement de disparités entre les communes qu’il est difficile de partir sur des généralités. Depuis 2012, la dotation globale de fonctionnement n’a eu de cesse de baisser. A Ahuy, elle est passée de 151 000 € à 75 000 €. Je note que c’est la première fois depuis 5 ans qu’elle va être maintenue auy niveau de l’année en cours. C’est plutôt une bonne nouvelle. Maintenant, il faut savoir que la dotation représente moins de 10 % de notre budget. C’est une grosse cerise sur le gâteau. »

 

DLH : Effectivement, à l’instar d’une majorité de communes, vous n’êtes pas dépendant de cette dotation globale de fonctionnement…

D. G : « Pas encore… (sourire).

Ce qui fait notre chance, c’est le travail réalisé par les anciens maires, en particulier Louis Mairet qui est à l’origine de la zone d’activités dont personne ne voulait à l’époque. Certes, l’ancienne taxe professionnelle a disparu mais on perçoit toujours le foncier. La grosse force d’Ahuy, c’est donc d’avoir cette zone d’activités où il y a du bâti qui paie de la   taxe foncière -576 000 € en 2016- qui représente près de 50 % de nos recettes. »

 

DLH : Beaucoup de maires s’inquiètent de la fin de la taxe d’habitation à venir, un impôt qui était une source de recette pour les collectivités. Qu’est-ce que ça va changer à Ahuy ?

D. G : « Rien. Absolument rien. L’exonération annoncée pour 80 % des ménages d’ici à 2020 de la taxe d’habitation est l’un des plus gros motifs d’inquiétude des maires et pourtant on touchera la même somme car l’Etat va compenser intégralement. Il ne faut pas céder au procès d’intention. Personnellement, je n’aurai pas été contre le fait qu’on la supprime complètement. Je pense qu’elle le sera à court terme. Un tel impôt, dans ces nouvelles conditions, n’est pas tenable. »

 

DLH : Faire peser sur 20 % de contribuables le financement d’équipements qui profitent à tous, c’est peut-être là la véritable injustice ?

D. G : « Non, pas du tout. Les 20 % continueront de payer, comme avant, leur taxe d’habitation et les 80 seront payés par l’Etat. Et c’est toujours la commune qui vote le taux. Oublions ce faux procès. Il ne faudrait pas qu’on perde de l’autonomie dans la mesure où cette recette ne dépend plus de nous… »

« 2017 aura été une grande année »

DLH : Cette recette peut un jour se mettre à baisser ?

D. G : « C’est vrai. Mais les compétences des communes se réduisent aussi… Avec un impact sur le personnel. Nous sommes passés de 14 à 10 employés communaux. On ne balaie plus les rues, on ne ramasse plus les feuilles… »

 

DLH : Justement, Ahuy fait partie intégrante de la nouvelle métropole qui exerce, depuis le 1er janvier dernier, des pouvoirs accrus. Qu’est-ce qu’il vous restera demain comme compétences ?

D. G : « D’abord qui dit compétences dit recettes. Et ce sont ces recettes qui nous laissent entrevoir les futurs investissements comme, par exemple, l’école que nous souhaitons construire. Nous avons encore tout ce qui touche au péri-scolaire ce qui n’est plus le cas dans bon nombre de communautés de communes. Il nous reste la gestion des écoles, du personnel, les bâtiments publics, le terrain de foot, l’espace loisirs. A ce rythme, il n’y aura plus de compétences ? Et là, comment pourrons-nous justifier l’impôt ?

Ce qu’il faut garder au niveau communal, c’est la proximité, la capacité de répondre aux administrés notamment sur toutes ces petites choses qui contrarient le quotidien. Et là, souvent, nous servons d’intermédiaire avec les services de la Métropole qui répondent rapidement et efficacement à nos sollicitations. »

 

DLH : Comment jugez-vous l’année qui se termine ?

D. G : « Certainement une des plus belles années pour Ahuy. Après l’inauguration de l’Aqueducienne, notre salle des fêtes, c’est une année qui aura été rythmée par des travaux importants : la réfection de la grande rue, du terrain de football, l’aménagement de la place qui devrait s’achever prochainement, la création d’un parking, à proximité de l’église, sur les anciens ateliers municipaux… C’est important de montrer qu’on ne peut pas être systématiquement contre la voiture… Il ne faut pas être dogmatique. Il y aura toujours des moyens de déplacements individuels qu’il faudra bien mettre quelque part.

Tout ce qu’on avait dit dans notre bulletin de campagne avant la dernière élection municipale, nous l’avons fait ou lancé… plus de deux ans avant la fin du mandat. Maintenant, on va « fignoler »… avec des aménagements légers. Le plus gros projet qui nous attend, c’est la rénovation  du « Mille club ».

 

DLH : Vous pensez déjà au prochain mandat ?

D. G : « Pour le prochain mandat, c’est à dire pour ceux qui viendront ou continueront, le plus gros projet portera sur la construction d’une école à proximité de la place. Aussi, je souhaiterais que, dès la fin de ce mandat, le permis soit près… Il faut travailler pour les générations futures. »

 

Propos recueillis par Jean-Louis PIERRE