Domaine de La Cras : « Prodigivineux » !

Décidément le Domaine de La Cras, exploité avec talent et enthousiasme par Marc Soyard depuis 2013, a de la bouteille. Sa phrase-clef ? « Déguster un vin naturel, c’est boire sain ». On ne compte plus les manifestions, au cours desquelles les amateurs de vin sont invités à découvrir de manière créative ce domaine de 8 hectares, planté en pinot noir et chardonnay aux portes de Dijon. On sait notre homme dynamique et novateur. Il est du genre à appeler les choses par leur nom, d’où cette nouvelle édition des réunions « Tu peux R’Boire » à la Foire Gastronomique comme sur le domaine. Le public se montre de plus en plus concerné par la démarche biodynamique qu’il pratique, depuis qu’il s’est vu confier la gestion de La Cras en 2013.

Les vendanges 2017 se sont soldées par une récolte en rouge tout à fait « correcte, mais par un petit volume en blanc », confie le maître de céans. Qui ajoute : « Sans doute de quoi faire au final de 6 à 7 cuvées ». Le Domaine de La Cras a produit au cours de cette année 30 000 bouteilles, soit 10% de plus qu’en 2016. La méthode déployée pour produire ce vin naturel remporte un vif succès à l’exportation : « Nos meilleurs clients sont au Japon, en Corée, à Taïwan, Hong-Kong, en Australie, aux USA et même au Brésil, au Canada et en Italie. En revanche, nos ventes en Allemagne demeurent encore minimes ».

En amont des dégustations organisées récemment et fort appréciées, on trouve bien sûr l’esprit d’entreprise, la maîtrise du métier, et l’éthique qui sont la « patte » de Marc Soyard. Explications : « Je travaille en m’en tenant scrupuleusement aux principes de la viticulture biodynamique. Tout de suite, un mot pour préciser que je ne suis pas en bio. Et ce, pour plusieurs raisons : je n’ai pas besoin pour bien travailler d’avoir à payer en plus pour une certification, dans laquelle je ne me reconnais pas : c’est devenu un produit de marketing et la production de vin labellisé bio est inexorablement entrée dans une phase industrielle !»

Il a repris l’exploitation de La Cras en 2013 ; ce dernier était alors en viticulture conventionnelle. Il lui a fallu un peu plus de 3 ans pour une totale reconversion aboutissant à l’élaboration d’un vin naturel, sans sulfite, sans entrants ni conservateur au moment de la vinification. Avec courage et détermination, il n’hésite pas à tordre le cou à des pratiques couramment utilisées dans certains vignobles certifiés bio : « En ce qui concerne les entrants, j’affirme que je me montre beaucoup plus rigoureux que ce qui est demandé en certification bio, et ce, même s’il m’arrive d’avoir à recourir en doses homéopathiques à des traitements momentanés…  Ma démarche est d’éviter au maximum de telles interventions, en dépit d’un contexte météorologique parfois défavorable. Bien évidemment, durant la période où la vigne entre dans sa période végétative – en gros d’avril jusqu’aux vendanges – il est plus que nécessaire de se montrer extrêmement vigilant, d’anticiper et d’intervenir pour prévenir toute menace susceptible d’affecter le vignoble. De manière générale, ce type de gestion s’avère moins rentable qu’en exploitation conventionnelle, car nous obtenons des rendements  moindres. En revanche, la qualité s’en trouve améliorée à tous les niveaux. Et la satisfaction est au rendez-vous, car nous produisons sur La Cras un vin Nature, vivant, énergique. Joyeux même ! Et qui plus est, salutaire à la santé ».

C’est un stage d’observation en classe de 3e chez un récoltant qui a constitué le déclic chez Marc Soyard : « J’ai fait un bac pro en viticulture/œnologie, puis obtenu un BTS. Contrairement à beaucoup, je ne suis pas issu d’une famille de vignerons ». C’est sans doute là ce qui est à l’origine de sa démarche novatrice, d’un regard sans préjugés. Notre viticulteur nourrit aujourd’hui l’espoir d’étendre de plusieurs hectares le domaine dijonnais. Il attend que FranceAgriMer lui en donne l’autorisation. Croisons les doigts et souhaitons à La Cras un avenir aussi bien gouleyant que flamboyant !

Marie-France Poirier