Bernard Depierre : « Je n’ai pas voulu en rajouter dans le désordre actuel »

« Une décision de sagesse » : c’est ainsi que Bernard Depierre qualifie son retrait des élections législatives. L’ancien député a décidé de soutenir François-Xavier Dugourd. Il explique les raisons de ses choix.

Dijon l’hebdo : « Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à retirer votre candidature à la députation sur la 1re circonscription ? »

Bernard Depierre : « C’est une décision de sagesse. Bien avant le premier tour de l’élection présidentielle, j’ai constaté la dégradation des partis politiques, à droite comme à gauche, qui, selon moi, allait conduire à de grandes surprises. Et les surprises sont arrivées avec les extrémismes de droite et de gauche. La remise en cause des électeurs a été très claire. Ils ont déchiré le tissu politique de jadis. Dès lors, la situation allait donc devenir compliquée pour les partis traditionnels : les Républicains, hors jeu, et le Parti socialiste laminé. J’ai fait une analyse relativement rationnelle et raisonnable : la présence de trois candidats de droite pouvait conduire à ce qu’aucun ne soit présent au second tour.

Il n’appartient pas à quelqu’un qui, je le dis sans prétention, a fait ses preuves quand il était élu, d’en rajouter dans le désordre actuel. Il n’était donc pas question que je fasse encourir ce risque aux valeurs que je représente en particulier quand on est un vrai gaulliste ».

DLH : Est-ce à dire que vous tirez un trait définitif sur la vie politique ?

B. D : « J’apporterai mon concours à celles et ceux qui en auront besoin et qui le méritent. »

DLH : Vous avez choisi de soutenir François-Xavier Dugourd ?

B. D : « Il m’a sollicité pour que je l’aide. Dans cette 1ere circonscription que je connais mieux que quiconque, contrairement à ce que pensent certaines ou certains, où ma principale force est d’y avoir beaucoup travaillé et surtout d’être connu et reconnu y compris par des gens qui pouvaient ne pas m’aimer à titre politique, ma compétence et mon réseau relationnels lui seront utiles. Notamment dans les communes, en dehors de Dijon, qui composent ce territoire. Ca s’arrête là, je ne suis pas dans son équipe de campagne. Je pense qu’il est le mieux armé pour gagner dans cette circonscription. »

DLH : Pourquoi ne pas avoir choisi Anne Erschens, candidate officiellement investie par Les Républicains ?

B. D : « Cela a été évoqué peu après son investiture, en juin 2016. Il était question même de sa suppléance. François-Xavier Dugourd n’avait pas encore déclaré sa candidature. J’ai proposé à Anne Erschens d’être un peu « le grand frère » dans cette élection. Elle a tergiversé, n’a pas pris de décision. J’ai senti qu’elle ne croyait pas vraiment à ce que je pouvais lui apporter. J’ai abandonné toute velléité. Je lui ai dis : « Vis ta vie, je vis la mienne ».

DLH : Pensez-vous que la droite est en mesure d’obtenir la majorité aux élections législatives des 11 et 18 juin prochain ?

B. D : « D’abord, je pense que les erreurs qui ont été commises par François Fillon de persister à être candidat l’ont conduit à sa faillite. S’il s’était retiré, le Président de la République serait aujourd’hui le candidat de la droite et du centre. Maintenant, il n’est pas impossible que la droite, si elle n’est pas trop explosée sur les bords par certains qui larguent les amarres, remporte les élections législatives à condition qu’elle soit solidaire autour de François Baroin et Bernard Accoyer.

Je vois trois grands blocs au Parlement : un bloc de droite et du centre avec 250-300 députés, un bloc autour de Macron avec au moins 150-200 députés et un bloc avec le Parti socialiste traditionnel à 50-60 députés. Le parti de Marine pourrait avoir entre 5 et 10 députés et l’extrême gauche de Mélenchon entre 25-30 députés ».

Propos recueillis par Jean-Louis PIERRE