GRETA 21 : Le français comme outil de travail

Les actions de formation ont le vent en poupe, depuis le coup d’envoi d’un plan destiné à former 500 000 personnes en France. Tout récemment, on a beaucoup parlé de celui de l’apprentissage d’un français spécifique aux travailleurs du bâtiment d’origine étrangère. Le Greta 21 justifie encore une fois sa réputation d’innovation avec un stage diplômant en français réservé aux personnes – émigrés ou chômeurs – ne parlant pas du tout ou très peu notre langue. Une condition requise : la volonté de s’insérer rapidement dans l’emploi. Rencontre avec Marie Quiquemelle, référente de cette formation financée à 100% par Pôle Emploi (dans le cadre du plan 500 000) qui se déroule au lycée Antoine de Chenôve, l’un des nombreux sites du Greta 21.

Longs cheveux blancs, visage éminemment sympathique, Marie a fait l’Ecole du Louvre ainsi que des études de sociologie. De surcroît, elle a le goût des langues. De fait, c’est aussi son histoire familiale qui l’a menée à prendre la responsabilité de plans de formation. Elle confie : « Dans l’enfance, on m’a inculqué le sens du partage des cultures et le respect de la différence. Mes parents ont travaillé avec l’abbé Pierre dès l’année 54. A l’âge de 12 ans, j’accompagnais Maman qui s’occupait d’enfants trisomiques. J’exécutais pour eux des dessins qui reflétaient le contenu de ses cours. Il y a 50 ans, on ne leur apprenait ni à écrire ni à lire… »

Voilà qui explique son enthousiasme et la lucidité sereine qui est sa marque de fabrique, lorsqu’elle évoque le travail accompli avec ses trois autres collègues – deux Catherine et une Cendrine – pour permettre d’acquérir à dix adultes des compétences en français qui se déclinent ainsi : compréhension orale et écrite de notre langue, rédaction d’une lettre, d’un CV et savoir se présenter à un entretien d’embauche. Marie Quiquemelle explique : « Au départ, ce n’était pas une mince affaire ! Parmi ces dix personnes de six nationalités différentes, toutes pratiquaient trois alphabets différents : cyrillique, arménien et arabe. Leur volonté farouche, leur ouverture d’esprit doublé d’une bonne humeur absolue leur ont permis de maîtriser – outre un stage de trois semaines en entreprise – le contenu des modules de la formation. Formation, qui aborde également la sécurité au travail, la découverte de différents métiers grâce à des ateliers et débouche sur le choix pour ces stagiaires de l’une des activités professionnelles qui leur semble la plus adaptée à leurs compétences. Neuf d’entre eux ont d’ores et déjà trouvé un emploi dans des entreprises ou des commerces du Grand Dijon. Il faut dire que le monde de l’entreprise était partie prenante et a totalement joué le jeu… Nous avons un excellent retour, tant des patrons que des responsables concernés ». Reste ce qui constitue aux yeux de Marie le second aspect essentiel des choses et qui n’est pas le moindre sur le plan de l’éthique : « On ne lâche pas nos stagiaires une fois leur formation accomplie. De concert avec Pôle Emploi qui en est prescripteur, nous les accompagnons de près ou par le biais d’associations. Bref, ils ont non seulement un job, mais ils se trouvent immergés dans la vie associative et donc de plain-pied dans la vie … »

Marie-France Poirier

Le Greta 21 fer de Lance

Le Greta 21, dont la réputation d’excellence et d’innovation n’est plus à faire, a le souci de développer dans ces actions de formation une pédagogie personnalisée en fonction de chacun des stagiaires.

Cette formation en français adaptée à un contexte professionnel et mené sur le site du lycée Antoine se définit ainsi : 245 heures au Greta et 105 heures en entreprise. C’est cette découverte de l’entreprise grâce à une immersion de 3 semaines qui permet de mettre en pratique les compétences techniques acquises en formation et de se confronter efficacement à la réalité des emplois.

Quant aux modalités de recrutement, le processus est le suivant : entretiens individuels et tests de positionnement pour cerner le parcours des futurs stagiaires et leur pré-requis. Ce qui permet de déterminer une pédagogie adaptée à chacun. Des groupes de niveau sont alors constitués afin de permettre à chacun d’apprendre et d’avancer à son rythme ainsi qu’en fonction de ses bases.