Le président du conseil départemental, François Sauvadet, va créer prochainement le Laboratoire des innovations territoriales (Futurs21), qui a pour objectif d’inscrire pleinement la Côte-d’Or dans le XXIe siècle. Cette structure se penchera sur les modes de vie du futur et, notamment, de celle des personnes âgées. Des aînés qui sont au cœur des attentions du Département. La 4e édition du Salon Bien Vieillir en Côte-d’Or, qui se tiendra les 24 et 25 mars prochains à Dijon, en sera une nouvelle illustration… comme nous l’explique François Sauvadet.
Dijon l’Hebdo : Le Salon des Seniors Bien vieillir en Côte-d’Or que vous organisez les 24 et 25 mars prochains au parc des Expositions de Dijon, est devenu un rendez-vous incontournable. Qu’attendez-vous concrètement de cette 4e édition ?
François Sauvadet : « La manifestation est la plus grande du genre dans toute la région. Les trois premières éditions du Salon Bien vieillir en Côte-d’Or ont connu un succès croissant. Ils étaient 5 000 visiteurs en 2014, 6 000 en 2015 et 7 000 en 2016.
Devant l’intérêt manifesté par les Côte-d’Oriens, le conseil départemental, acteur clé de la solidarité et collectivité en charge des aînés, se devait donc de répondre présent pour organiser cette quatrième édition et transformer l’essai. Pour accueillir la centaine d’exposants, la surface d’exposition a été doublée, passant de 3 000 m² à près de 6 000 m².
Dijon l’Hebdo : – Vous avez adopté un budget 2017 de 557 M€ que vous avez qualifié de « responsable, solidaire et engagé ». Le soutien aux aînés, et notamment de ceux en perte d’autonomie, occupe-t-il toujours une place de taille dans votre engagement budgétaire ?
F. S. : « La loi a notamment confié aux Départements la compétence de l’accompagnement de nos aînés. En 2017, malgré la poursuite de la baisse des dotations financières de l’Etat (moins 28 millions d’euros en 2017), le conseil départemental de la Côte-d’Or a décidé d’accroître ses efforts pour soutenir les plus fragiles, et notamment les personnes âgées. Plus de 271 millions d’euros ont été inscrits au budget 2017 pour les dépenses sociales, en augmentation par rapport au budget primitif 2016. 78,6 millions d’euros seront consacrés à nos aînés, soit 3 millions d’euros supplémentaires par rapport à 2016. Le budget consacré aux personnes âgées représente ainsi le premier poste budgétaire des actions de solidarité ».
Dijon l’Hebdo : Vous agissez pour « la promotion de l’autonomie, le maintien à domicile et le lien social ». Pour vous, ce triptyque représente-t-il véritablement la clef afin d’améliorer la qualité de vie de nos aînés ?
F. S. : « L’objectif affiché par le conseil départemental est de favoriser le bien vieillir.
D’une part, nous veillons à la prise en charge des personnes âgées les plus dépendantes et, d’autre part, nous favorisons, autant que possible, le maintien à domicile de nos aînés. En bonne santé et avec le maintien d’un lien social important ».
Dijon l’Hebdo : Vous avez adopté un Schéma départemental des seniors et de l’autonomie pour la période 2013-2017. Devant les enjeux inhérents au vieillissement de la population, le prochain Schéma prendra-t-il une dimension supplémentaire ?
F. S. : « En Côte-d’Or, on compte environ 130 000 seniors – les personnes âgées de plus de 60 ans. Ils seront plus de 160 000 d’ici à 2030. Parmi eux, 3 .000 ont plus de 80 ans. Ils seront 41.000 dans une quinzaine d’années. Si le vieillissement de la population est une chance pour les Côte-d’Oriens, il représente un véritable défi pour les pouvoirs publics.
Ce défi, la collectivité que je préside entend le relever. C’est pour cette raison que le prochain Schéma départemental des seniors et de l’autonomie sera encore plus ambitieux que le précédent. Pour doter notre département de tous les outils nécessaires nous permettant d’appréhender l’ensemble des enjeux du vieillissement ».
Dijon l’Hebdo : Vous insistez régulièrement sur l’ensemble de vos actions destinées à faire de la Côte-d’Or une terre d’innovation. Peut-on conjuguer réellement l’innovation avec le vieillissement ?
F. S. : « Le Laboratoire des innovations territoriales – Futurs21 –, que je vais lancer dans les jours à venir, comprend un aspect social important. Son objectif est d’inscrire pleinement le Département de la Côte-d’Or dans le XXIe siècle et d’en faire une collectivité à la pointe des innovations sociétales et territoriales.
Nous voulons inventer les modes de vie du futur et la thématique des personnes âgées est naturellement un des aspects important de ce programme. Il s’agit notamment d’étudier les potentialités de la domotique ou des objets connectés pour faciliter le quotidien.
Je suis particulièrement motivé par cette initiative. En matière de d’accompagnement des seniors, je suis persuadé qu’on a tout à inventer ».
Dijon l’Hebdo : L’amélioration du bien-vivre de nos aînés passe très souvent par la famille qui doit tenir toute sa place dans la relation de solidarité. Comment le Département peut-il réellement soutenir ces aidants qui, pour beaucoup, peuvent eux aussi souffrir de la situation ?
F. S. : « Parce que nous sommes convaincus que la solidarité intergénérationnelle doit jouer à plein, nous avons d’ailleurs décidé, cette année, d’organiser le salon toujours sur deux jours, mais un vendredi et un samedi, les 24 et 25 mars. Pour permettre aux aînés, mais également à leurs enfants, de se rendre sur place.
Le soutien des aidants passe également par une meilleure information. A ce titre, la Maison départementale de l’autonomie, l’une des premières à avoir été mise en place, est ouverte à tous. Pour guider et orienter les personnes âgées, mais également les familles et les aidants.
La loi d’adaptation de la société au vieillissement a également prévu de mieux prendre en compte le rôle essentiel des aidants à travers le module spécifique « droit au répit » financé par l’Allocation Personnalisée d’Autonomie.
Par ailleurs, le Département dispose de 75 places d’accueil de jour au bénéfice des personnes atteintes de la maladie d’alzheimer qui permettent aux aidants de « souffler ».
Enfin, au travers de sa politique de soutien aux associations, le Département contribue indirectement à apporter une information et un appui aux proches aidants ».
Dijon l’Hebdo : Orvitis, qui représente votre bras armé en matière de logements sur la Côte-d’Or, a été pionnier avec les résidences services Sérinitis destinées à améliorer le bien vieillir. Pensez-vous qu’il faudrait accentuer ses programmes de construction sur l’ensemble du territoire ?
F. S. : « Le label Sérénitis, développé par Orvitis, premier bailleur du département, est attribué aux résidences offrant des appartements accessibles et adaptés aux personnes âgées, pour leur permettre de bien vieillir à domicile.
Deux nouvelles résidences seront disponibles en 2017, à Arnay-le-Duc et à Asnières-lès-Dijon.Parce que le conseil départemental est largement représenté au conseil d’administration, j’insiste pour qu’Orvitis implante ses résidences sur tout le territoire côte-d’orien. Dans la Côte-d’Or de demain, celle que j’imagine, je veux en effet que les habitants puissent bien-vieillir partout. Vous connaissez mon slogan : le conseil départemental s’occupe de 100% des Côte-d’Oriens sur 100% du territoire. Il s’applique également à l’égard de nos aînés ».
Dijon l’Hebdo : L’action sociale pourrait être concernée par la question du transfert de compétences du conseil départemental à la future métropole dijonnaise. Serait-il possible qu’à terme les aides destinées aux seniors soient prises en charge sur le territoire de l’agglomération par la métropole ?
F. S. : « La métropole dijonnaise est en effet sur les rails. La loi MAPTAM prévoit que plusieurs compétences pourront être transférées du Département vers la métropole, et notamment les actions sociales en direction des personnes âgées. Pour l’instant, je n’ai pas encore rencontré François Rebsamen pour discuter de ces transferts de compétences. Ma porte est ouverte mais nous avons le temps car, contrairement à ce que dit le maire de Dijon, ce transfert de compétences n’interviendra qu’en 2019. Ma boussole, c’est la préservation des intérêts des Côte-d’Oriens. Certaines compétences sont gérées plus efficacement par le conseil départemental ».
Propos recueillis par Xavier Grizot