Les travaux publics sur la route des candidats à la présidentielle

Le Forum national des travaux publics à Paris, qui s’est déroulé ce 23 février à Paris, avait une connotation… présidentielle. Il faut dire que les principaux candidats à l’Elysée étaient attendus pour un grand oral devant les professionnels d’un secteur qui a subi de plein fouet la crise durant de nombreuses années. Les entrepreneurs attendaient beaucoup du futur quinquennat et l’ont font savoir. Vincent Martin, président de la FRTP de Bourgogne – Franche-Comté, nous détaille les enjeux et exhorte les politiques à « avoir du courage ».

La date avait été notée en lettres capitales sur l’agenda des candidats à la présidentielle : le 23 février, ils (et elle) étaient conviés au Carrousel du Louvre pour le Forum des Travaux publics 2017 organisé par la FNTP. La Fédération nationale des Travaux publics pesant 7500 entreprises et pas moins de 245000 salariés, les postulants à l’Elysée ne devraient pas manquer la plénière de cet événement dont le titre résume à lui seul les attentes du secteur : « Réinvestissons la France ! »

« Les travaux publics dégageaient, en Bourgogne, 1,3 milliard d’euros de chiffre d’affaires en 2015 contre 2,2 milliards d’euros en 2008, soit une perte de 900 millions d’euros en 7 ans. Contrairement à d’autres secteurs, cette crise s’est intensifiée sur fond de baisse des dotations d’Etat aux collectivités locales et de fortes instabilités institutionnelles, inhérentes, notamment, à la loi NOTRe », assène Vincent Martin, président de la FRTP en Bourgogne – Franche-Comté, non sans préciser : « Nous avons assisté à un redressement poussif depuis 2016 mais il reste insuffisant. Notre secteur est convalescent et cette timide reprise reste à confirmer ». Pour ce faire, le message adressé aux politiques est on ne peut plus clair : « Au-delà de 2017, c’est la commande publique et la dynamique de l’investissement public local qui détermineront notre avenir ».

Ce message, sans ambiguïté aucune, sera adressé sous la forme d’une charte d’engagement soumise aux candidats. Elle s’articulera autour de quatre thèmes : « Lancer un plan d’investissements sur les réseaux et les infrastructures ; se doter d’une gouvernance dédiée ; rétablir la confiance entre l’Etat et les collectivités locales qui réalisent 70% de l’investissement public ; accélérer les procédures ».

Inter « La cohésion sociale et nationale »

Car, pour Vincent Martin et pour la Fédération des Travaux publics, tout passe par l’entretien et le développement des infrastructures : « Elles sont garantes du bon fonctionnement des activités économiques, de la cohésion sociale et territoriale et de la transition écologique du pays ». Et ce, dans nombre de domaines : les réseaux routiers, ferroviaires, les trams, les bus, les réseaux d’eau potable, les gazoducs, les voies navigables, les lignes électriques, etc. Sans omettre la fibre optique « dont le déploiement est une condition indispensable à l’innovation et à l’activité économique ».

Les professionnels attendent ainsi des prétendants à l’élection suprême que « les travaux publics soient déclarés d’intérêt public, avec des budgets sanctuarisés ». Autrement dit ils escomptent « un plan Marshall au niveau national ».

A l’échelle locale, Vincent Martin exhorte les politiques à « avoir du courage afin de maintenir l’emploi sur le territoire » : « Dans le respect du droit bien sûr, les marchés publics ouvrent des marges de manœuvre. Pourquoi ne pas introduire des critères locaux dans les attributions des marchés ? Cela permettrait de donner moins d’importance aux prix pratiqués et plus à la dimension technique, dans laquelle il pourrait y avoir la question du personnel investi sur les territoires ». Avec, comme objectif, de soutenir les PME/TPE locales, qui représentent, rappelons-le, 80% des entreprises de travaux publics.

Et Vincent Martin de constater, d’une façon œcuménique (politiquement s’entend) : « Certains responsables politiques ont maintenu leurs investissements. Je pense au Grand Dijon, aux conseils départementaux de la Côte-d’Or, de Saône-et-Loire ou encore du Jura ».

Le même œcuménisme se dégage d’ailleurs lorsque nous l’interrogeons sur les programmes des candidats à la présidentielle : « Nous sommes apolitiques. Je n’ai pas de jugement à apporter mais il faut que les candidats aient une vision très claire de l’aménagement du territoire. Nous avons espoir et nous misons beaucoup sur ce grand Forum du 23 février à Paris ».

Cette position n’empêche pas le représentant des Travaux publics de Bourgogne – Franche-Comté de prévenir : « Notre fédération sait faire du lobbying ! » A bons entendeurs…

Xavier Grizot

Le BTP en chiffres

Chiffre d’affaires : 1,3 milliards d’euros

6% du PIB national

7% du PIB bourguignon

5,8% du PIB franc-comtois

1892 entreprises de travaux publics en Bourgogne – Franche-Comté (au 31 décembre 2015)

10889 salariés en travaux publics en Bourgogne – Franche-Comté

290 apprentis en 2016