Qui taille des costards au Père Noël ?

Quel est le point commun entre François Hollande et le Père Noël ? Aucun, direz-vous. Tant pis, vous avez faux ! Aucun des deux n’est entré dans la légende des Siècles, au titre de simple piéton. Le bonhomme Noël se déplace en traineau et François Hollande en scooter… Reste que tous deux ont quelque chose du Pharmacos de la Grèce Archaïque, jeté chaque année à la mer pour laver de tous leurs maux les états-cités. Venons-en justement à notre bonne ville de Dijon et à son passé assez récent : en novembre 1951, jugé par le Clergé de Dijon comme usurpateur et avatar païen de Saint-Nicolas, le Père Noël fut brûlé sur le parvis de Saint-Bénigne. Et ce, devant quelque 250 galopins à qui on interdisait de croire que le Bonhomme Hiver fût « descendu du ciel », comme le dit la chanson ! Certes, Papa Noël est bel et bien citoyen américain, né à la fin du 19ème dans ces Etats-Unis : à l’époque, sa casaque et son pantalon bouffant étaient de couleur verte. Un peu plus tard relooké par Coca-Cola pour « faire de la réclame », le voilà métamorphosé en homme-sandwich et entrant dans le cercle … rouge. L’impie made USA fut voué donc aux feux de l’enfer par une Eglise de 1951 qui « voulait rétablir la vérité  » au bénéfice des crèches, véritables symboles du catholicisme, mais désormais bannies des écoles de la République.

Et, c’est là qu’intervient un an plus tard après l’autodafé du Père Noël à Dijon, l’immense Claude Lévi-Strauss. En médecin-légiste du Père Noël, il pratique l’autopsie, affirmant que c’est un personnage « déviant » de l’initial St Nicolas : les pays latins et catholiques avaient mis jusqu’à la fin du 19ème sur un piédestal ledit saint, honoré comme rédempteur d’enfants. Alors que les pays anglo-saxons le décline en version Dr Jekyll and Mr Hyde : le temps d’Halloween – où les enfants jouent les morts et se font les exacteurs des adultes, et la période de Noël – où le Père Christmas exalte la vitalité des enfants en les comblant de cadeaux. Bravo ! Plutôt bien joué dans le ciel et la terre de la marelle du structuralisme !

Les choses en sont-elles restées là ? L’installation de crèches autorisée par le Conseil d’Etat dans certains lieux se fait-elle sans guerre ? Que nenni. La faute à qui ? A ceux qui croient au ciel et à ceux qui n’y croient plus ? A Coca-Cola qui préfère désormais les stars d’Hollywood ? La faute à ? Bien, vous donnez votre langue au chat botté ? « La faute, la très grande faute » à une société occidentale qui devient multiculturelle – ce qui devrait se traduire par un enrichissement des esprits, et donc un par un « Plus ». Mais qui – par sa coupable prudence, son absence de réflexion humaniste – se traduit par un grand « Moins ». Ainsi de grands hôtels de luxe, des hôpitaux, le siège de moult entreprises ne décorent plus leurs façades et leurs halls d’entrée en raison de la Nativité et des Fêtes de Noël, mais au nom d’une « Fête de l’Hiver ». Verglas ou pas le 25 décembre, notre monde des croyances et de nos mythes fondateurs est en train de déraper …

Marie France Poirier