L’agriculture de demain se dessine à Bretenière

AgrOnov est une structure qui ne fait pas de bruit. Pourtant, ce pôle d’innovation est en passe de devenir un lieu d’expertise de portée nationale et internationale en agroécologie. En son sein, ce sont les contours de l’agriculture de demain qui se dessinent. Pierre Guez, son président, décrypte les enjeux.

Notre agriculture est-elle à un virage ?
Absolument. On en termine avec l’agriculture productiviste du XXe siècle. Et c’est un formidable challenge qui est proposé à AgrOnov avec cette impérieuse nécessité de mettre en place l’agriculture du XXIe siècle adaptée aux nouvelles normes environnementales. C’est d’ailleurs tout l’enjeu de cet accord-cadre ambitieux réunissant l’État, la région, le Grand Dijon, le Département, les Chambres d’agriculture, le centre INRA de Dijon, AGROSUP Dijon et l’université de Bourgogne.
Cet accord-cadre, c’est une ligne de conduite du développement de l’agriculture et de l’agroalimentaire pour les 5 ans à venir dans la nouvelle région. Il est grand temps de se mettre autour de la table pour arrêter enfin un projet efficace et durable qui permettra aussi d’attirer des entreprises qui investiront, construiront des outils sur notre sol et créeront des emplois.

Qu’est-ce que fait précisément AgrOnov ?
Pour faire simple, je mettrai en avant trois facettes : un pôle de recherche, un pôle économique et un pôle d’échange.
Un pôle de recherche et d’expérimentation qui facilite l’émergence de nouvelles solutions pour l’agriculture. Un pôle économique qui accueille start-up en cours de création, jeunes talents et entreprises déjà établies qui s’engagent pour une production agricole durable.
Un pôle d’échange et de formation constituant une véritable passerelle entre les savoir-faire et les compétences existantes, facilitant les liens entre la recherche, le monde agricole et les entreprises.

A qui doit-on AgrOnov ?
Sans l’action du Grand Dijon, ce site n’aurait jamais vu le jour. j’ai eu l’occasion de le découvrir il y a une quinzaine d’années à l’invitation de Guy Gillot (1). Le Grand Dijon a eu la bonne idée de le racheter. Nous y avons installé Trois Bulbes, une société de recherche et développement sur les oignons, créée par le Groupe Dijon Céréales. Jacques Brossier, l’ancien président de l’INRA (2), a joué un rôle important dans la création du technopôle Agro-environnement. C’est lui d’ailleurs qui a proposé le nom d’AgrOnov. Pour ma part, j’aurais préféré un nom qui soit un complément de Vitagora qui aurait d’ailleurs pu installer son siège sur le site. On avait même évoqué « Vitapark » mais reconnaissez qu’il faisait plutôt penser à un Disneyland local.

Tout est donc parti de la volonté de réhabiliter l’ancien site de l’INRA ?
Effectivement. AgrOnov a été créé pour promouvoir le site de Bretenière (3), site historique du pôle de l’INRA, qui abrite aujourd’hui une pépinière d’entreprises innovantes dans le domaine des sols et de la santé des plantes ou encore des biotechnologies, et le nouveau siège de la chambre régionale d’agriculture de Bourgogne – Franche-Comté.

Et les politiques ont répondu présents ?
Je dois souligner le soutien et l’action efficaces de François Rebsamen, alors ministre, et de François Patriat, alors président du conseil régional, pour faire du pôle AgrOnov un véritable outil et une véritable marque nationale et internationale de l’agroécologie.

Agroécologie, un mot à la mode que les politiques vont s’approprier ?
L’agroécologie n’est ni de gauche ni de droite. C’est une thématique qui a fait son chemin. Elle est devenue primordiale dans la nouvelle agriculture. C’est pourquoi AgrOnov doit nous permettre de réunir toutes les composantes de l’agriculture. Il est temps d’écrire un nouveau projet pour donner une place forte à l’agriculture de demain dans la nouvelle région Bourgogne – Franche-Comté. Plus personne ne doit travailler de son côté. C’est improductif au possible. De même qu’on ne peut plus désormais cloisonner d’un côté le bio et de l’autre l’agriculture conventionnelle.

Propos recueillis par Jean-Louis PIERRE

(1) Guy Gillot, décédé en 2011, a été vice-président du Grand Dijon et adjoint au maire de Dijon.
(2) Institut national de la recherche agronomique
(3) Bretenière est une commune située à une quinzaine de km au sud-est de Dijon

AgrOnov en chiffres

250
personnes présentes sur le site.

2 700 m²
aménagés pour l’accueil d’entreprises innovantes.

13
hectares de foncier aménageable.

1 200
m² de nouvelles serres d’acclimatation innovantes.

150
hectares dédiés au développement d’une agriculture respectueuse de l’environnement.