Un monument parmi les sculpteurs animaliers

Chats, chiens, oiseaux, lapins, poissons, chevreuils, écureuils, canards, taureaux, renards… bienvenue dans le monde animalier féérique de Michel Couqueberg, sculpteur, côte-d’orien reconnu à l’international pour la splendeur de ses œuvres aux lignes épurées. Savoureux mélange d’artiste, alchimiste et technicien, ce soixantenaire, fête cette année 35 ans de passion artistique et ouvrira les portes de son atelier d’Orgeux, au nord-est de Dijon, du 1er au 29 juin prochain autour d’une exposition intitulée « Transparence ».

Cette exposition est consacrée à l’Altuglas®, un thermoplastique cristallin, très solide, résistant au temps, aux UV et aux rayures. Michel Couqueberg sculpte également le bois, la pierre et le bronze pour lequel il avoue d’ailleurs avoir un penchant certain, et depuis peu, l’acier inoxydable en tube qu’il tord pour façonner ses réalisations.

Pour accéder à cette salle d’exposition, il convient d’abord de traverser l’atelier, son « temple de création » comme le surnomme l’artiste. Première impression, l’émerveillement. Les œuvres d’art en cours de réalisation, mesurant pour certaines quelques mètres, sont partout. Vous ne les contemplez pas, ce sont elles qui vous regardent. Très rapidement, arrive l’étonnement. Des dizaines de machines-outils occupent cet immense espace. Tourner, fraiser, poncer, souder, couper, scier, chauffer… C’est une véritable usine ! On y trouve même d’authentiques outils chirurgicaux. « J’investis régulièrement dans le matériel car je ne veux pas sous-traiter comme la plupart des artistes. Créer dans de bonnes conditions, c’est ne dépendre de personne. Je fais juste appel à un fondeur d’art pour le bronze. »

Michel Couqueberg était enseignant. Carrière à laquelle il a vite renoncé pour vivre de sa passion. Enfant, il dessine. A 30 ans, il sculpte ce qu’il a couché sur le papier. Un beau jour, il vend sa maison dijonnaise pour acheter un terrain vague avec un atelier. « Mon fils m’a dit : papa, tu pars à la dérive ! » Le pari était risqué. Il a réussi. Son bestiaire imaginaire aux ondulations improbables et douces est, paradoxalement, surprenant de réalisme. « Chaque ligne est calculée, chaque dessin longuement mûri. Le hasard n’a pas sa place ici. Dans une œuvre, tout est symbole, ésotérisme, allégorie. Comme le disait Brancusi, un sculpteur que j’admire : plus la ligne est simple, plus il y a de force et de beauté. »

Outre les courbes parfaites de ses animaux, une autre caractéristique séduit les amateurs d’Art : la patine de ses bronzes qu’il obtient en étalant au pinceau des mélanges oxydants sur la peau de cet alliage coulé afin de lui conférer sa couleur définitive. « J’utilise 82 recettes secrètes ! Tout est mesuré au gramme près et me permet d’obtenir une très large palette de couleurs inaltérables et de motifs. » Ses sculptures prennent ainsi l’aspect du bois, de la pierre, du métal, du cuir… avec des teintes bleutées, brunes, noires, vertes, dorées… Des reproductions en émail sont également disponibles.

Créateur frénétique, il est à l’origine de 182 modèles originaux. Son œuvre a trouvé preneur aux quatre coins du globe. On la retrouve dans de nombreuses galeries d’art et expositions, dans quelques musées ainsi qu’en monuments de ville (comme à Dijon, Talant, Chevigny, Marsannay, Longvic…) puisqu’il travaille également sur commande. Distingué, médaillé maintes fois, il est une seule mention dont Michel Couqueberg n’est pas peu fier : « Nous sommes seulement 82 contemporains à être répertoriés dans le dictionnaire illustré des sculpteurs animaliers de l’Antiquité à nos jours. C’est le meilleur ‘diplôme’ que j’aie eu ! » Cet ouvrage fait, en effet, figure de référence dans le monde de l’Art. En bref, un artiste à découvrir tant pour son œuvre monumentale qui traversera les siècles que pour sa personnalité passionnée et attachante. L’atelier est également ouvert à l’année tous les samedis.

Florence CAROLE