Vœux : « Beaucoup de choses (politiques) à dire »

Les vœux 2025 de Dijon et de la métropole de Dijon ont revêtu un caractère particulier. Et nous n’écrivons pas cela uniquement parce que, cette année, le Zénith, qui accueillait quelque 3 200 personnes pour l’occasion, fêtera ses 20 ans et verra son parking couvert de panneaux photovoltaïques dans le cadre du plan de solarisation de l’agglomération. Non, cette cérémonie a été particulière parce qu’elle s’est déroulée à deux voix.

La maire de Dijon, Nathalie Koenders, a ouvert le bal. Après avoir rendu hommage à son prédécesseur – « sous son impulsion visionnaire, Dijon s’est métamorphosée » –, elle a détaillé « l’œuvre commune qu’elle poursuit ». Et ses mots pour la tranquillité et la sécurité publique, « des droits fondamentaux et des engagements forts que je porte pour Dijon », ont résonné. Entre autres…

Quant à François Rebsamen, comme il l’a confié d’emblée, il avait « beaucoup de choses à dire ! » Comme président de Dijon Métropole mais aussi et surtout comme ministre de l’Aménagement du territoire et de la Décentralisation dans un gouvernement qu’il a qualifié d’« urgence nationale » ! Citant le philosophe Henri Bergson – « le futur n’est pas ce qui va arriver, mais ce que nous allons faire » –, François Rebsamen a martelé qu’« il était impératif que la France se dote dun budget dans les meilleurs délais ». Et a exhorté les parlementaires à « réfléchir avant de voter une seconde fois la censure ! »

Particulièrement applaudi au moment où il a fustigé « le défaitisme et la montée de l’extrême droite », « l’homme de gauche qui n’a plus rien à prouver ni à gagner », comme il l’a rappelé, ainsi que la femme de gauche qui lui a emboîté le pas le 25 novembre dernier ont, en substance, longuement développé « ce qui nous lie » ! Après un film particulièrement apprécié sur « ceux qui nous lient », émaillé de portraits émouvants des agents du service public…

Xavier Grizot

 

Nathalie Koenders

Nathalie Koenders, maire de Dijon, lors de la cérémonie des vœux

« Le sport, une école de la vie »

« Parmi les moments d’exception en 2024, nous avons célébré le retour triomphal du Tour de France après 27 ans d’absence. Personne n’oubliera cette arrivée exceptionnelle au cœur des allées du Parc, devant 40 000 spectateurs. Cet événement, tout comme le passage de la Flamme Olympique au Parc de la Colombière, a uni les Dijonnaises et les Dijonnais et plus largement tous les Côte-d’Oriens autour des valeurs universelles du dépassement de soi, de la fraternité et du respect.

Et c’est tout naturellement que Dijon a également choisi de s’associer à la grande célébration des Jeux Olympiques et Paralympiques en aménageant une fan zone au cœur du jardin Darcy. Le sport est une école de la vie. (…) Notre ville continuera d’investir dans les infrastructures sportives, dans les associations locales et dans l’organisation d’événements parce qu’il s’agit de vecteurs de cohésion sociale et d’outils puissant pour bâtir une société plus solidaire et en meilleure santé ».

« Une année exceptionnelle pour le patrimoine viticole »

« Si 2024 a brillé par le sport et la culture, elle restera également une année exceptionnelle pour la gastronomie et le patrimoine viticole de Dijon. En octobre dernier, nous avons fêté ensemble l’installation de l’Organisation Internationale de la Vigne et du Vin à Dijon, à l’Hôtel Bouchu, dit d’Esterno, joyau de notre patrimoine complètement rénové (…) 2024 est aussi venue achever la transformation de l’axe Monge-Bossuet qui s’est terminée avec les travaux d’embellissement de la place Bossuet, unanimement salués par les Dijonnais. Cet axe relie désormais de manière plus apaisée le centre-ville et la Cité internationale de la gastronomie et du vin ».

« Le service public, pilier de notre société »

« Le service public garantit à chaque citoyen l’accès à des services essentiels, de manière équitable et sans distinction. Il prend vie grâce à des femmes et des hommes qui sont présents partout, à chaque instant de notre vie (…) Sous l’impulsion des élus, ce sont aussi les agents du service public local qui innovent et s’adaptent à un monde en perpétuel mouvement. Ils mettent en œuvre des politiques publiques qui nous permettent de relever les grands défis de notre temps, dont le premier est celui de la transition écologique.

Mais le service public, c’est bien davantage qu’un ensemble de missions ou de tâches. C’est une promesse : celle d’une action au service du bien commun. Cette promesse repose sur des valeurs qui nous sont chères, celles de la République : la Liberté, l’Égalité, la Fraternité et j’y ajoute la Laïcité. Ces valeurs de la République sont le socle de notre vivre-ensemble, le fil rouge qui doit nous guider pour faire société ».

« Je soutiens la police »

« Le 11 janvier 2015, des millions de citoyens ont marché ensemble à travers la France après les attaques barbares de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher. Face à la haine, les Français ont répondu par un élan d’une puissance rare : celui de la solidarité et de l’unité. Ce jour-là, nous étions tous Charlie. Ce jour-là, nous avons dit au monde entier que la France, dans ses moments les plus sombres, sait se tenir debout, rassemblée et fidèle à elle-même. (…) Je n’oublie pas que ce 11 janvier, nous applaudissions les policiers parce qu’ils sont ceux qui nous protègent. Je n’oublie pas non plus que trois d’entre eux ont perdu la vie dans ces attentats. Leur rôle, aujourd’hui comme hier, est primordial pour une société plus apaisée. Oui, je soutiens la police et les policiers le savent ! »

« Un Dijon où chacun peut vivre en paix »

« La tranquillité et la sécurité publiques ne sont pas de simples objectifs ; ce sont des droits fondamentaux et des engagements forts que je porte pour Dijon. Garantir un cadre de vie serein est une priorité absolue. Bien entendu, la lutte sans relâche contre le narcotrafic relève des compétences régaliennes de l’Etat, des ministères de l’intérieur et de la Justice.

Mais à l’échelon local, nous travaillons main dans la main, dans le respect de nos compétences respectives. Cela passe par le développement d’une police municipale renforcée et formée pour intervenir avec fermeté, humanité et efficacité. Je tiens à vous annoncer que nous atteindrons, en 2025, le nombre de 100 policiers (…) À Dijon, nous croyons que la sécurité et la tranquillité publiques doivent être pensées sous l’angle répressif, mais aussi préventif et éducatif (…) Ensemble, nous continuerons de bâtir un Dijon où chacun peut vivre en paix, avec confiance et dignité ! »

 

François Rebsamen

« Fier d’avoir passé la main à une femme »

« Il y a moins de deux mois, je quittais mes fonctions de maire de Dijon, convaincu que le temps était venu pour moi de passer ce flambeau. Me voilà aujourd’hui convaincu d’avoir pris la bonne décision, et pleinement satisfait de l’accueil réservé par les Dijonnais à celle qui est la première femme Maire de Dijon. Et ça n’est pas la moindre de mes fiertés d’avoir pu passer la main à celle qui travaille à mes côtes depuis déjà plusieurs années dans une relation particulièrement confiante et sympathique. C’est sans doute un fait assez rare pour être souligné lorsque la politique est le plus souvent associée aux chausse-trapes, au dénigrement et aux mésententes. La confiance, je veux dire la capacité à faire confiance et à cultiver foi en l’avenir, c’est sans doute d’ailleurs ce qui me caractérise le mieux ».

« Une Ukraine libre et démocratique »

« En 2025, une partie de l’avenir de notre vieux continent se jouera à l’Est. La défaite de l’Ukraine ne serait pas seulement la sienne, mais aussi la nôtre, menaçant les fondations mêmes de notre sécurité et de nos valeurs communes. De l’autre côté de l’Atlantique, un président imprévisible et ouvertement impérialiste va prendre ses fonctions. Face à ce double défi, l’Europe ne peut se permettre l’’inertie. Trois ans après l’invasion, il est plus clair que jamais que la sécurité de l’Europe passe par l’Ukraine. Une Ukraine libre, démocratique, et fermement arrimée à notre communauté européenne est notre rempart indispensable contre l’expansionnisme autoritaire (…) Il est temps que l’Europe réponde à l’appel de l’Histoire ! »

« Un budget impératif avant mars »

« C’est selon moi une bonne chose que le Président de la République ait, dans ses vœux aux Français, reconnu avec – selon ses termes – une lucidité et une humilité de bon aloi que la dissolution bien mal comprise par les Français, n’a pas apporté les solutions espérées. C’est même un euphémisme… Quoi qu’il en soit, l’instabilité politique générée par la dissolution s’est vérifiée avec la censure du gouvernement Barnier au moment du vote du projet de loi de financement de la Sécurité sociale. En conséquence, la France aborde 2025 sans budget (…) C’est ainsi qu’à l’heure actuelle, près de 380 000 Français jusqu’alors exonérés vont payer des impôts sur le revenu ; sauf si le gouvernement du Premier ministre réussit à faire adopter son budget pour la France avant mars ! »

« Des compromis sans se compromettre »

« Est-ce le refus du gouvernement de faire a priori consensus sur le budget qui a pour conséquence de durcir les oppositions ou est-ce le refus a priori des oppositions qui enferme le gouvernement dans la conviction qu’aucun consensus ne pourra être trouvé ? (…) Comment chacun des acteurs pourrait-il trouver des compromis sans donner l’impression de se compromettre ? Alors que notre société souffre d’une polarisation des points de vue, il devient plus facile de condamner que de dialoguer, d’insulter que de débattre (…) Pouvons-nous encore en France aujourd’hui envisager tout compromis dès lors qu’une main tendue à l’adversaire politique est qualifiée de trahison par une partie de son électorat ? Et pourquoi ce qui est perçu au niveau local comme une force, une capacité à rassembler ne serait-il pas possible au niveau national ! »

« Un homme de gauche »

« La France est politiquement fragmentée. Mais je refuse de croire que nous soyons condamnés à l’immobilisme, paralysés par le sectarisme. Les convictions, ça n’est pas la même chose que les certitudes. Notre pays crève de certitudes, et manque de convictions. Les convictions, ça se partage, ça vient rencontrer l’autre, ça se confronte, ça évolue. Les certitudes, c’est mortifère. Et la politique, dans son essence, est l’art du compromis, guidé par l’intérêt général. Je suis navré, profondément navré, par ceux dont le savoir-faire principal consiste à tracer des lignes rouges (…)

En tout cas, c’est en tant qu’homme de gauche qui n’a plus rien à prouver ni gagner, que j’ai travaillé pendant 20 ans comme maire de Dijon, et que je continue à le faire pour notre métropole, aux côtés des 23 maires de nos 23 communes. Alors, aujourd’hui, ma conviction est que nous avons un devoir : celui de dépasser nos désaccords. Sans les ignorer bien sûr ! »

 

Photos : Emma Benyamine – Ville de Dijon