Jean Chaline : Et si tout venait du soleil ?

C’est plus qu’un pavé dans la mare que le paléontologue Jean Chaline jette dans le débat sur le réchauffement climatique. Avec un esprit toujours aussi critique et rigoureux, le scientifique dijonnais publie un ouvrage qui ne va pas passer inaperçu. « Le terme de dérèglement climatique est à nuancer car le climat n’a jamais été réglé, ni déréglé. Par rapport à quoi ? A quelle époque et dans quelle région ? ». Et si c’était tout simplement l’activité solaire qui provoque ces fluctuations de températures ? Explications.

Pourquoi la météorologie est-elle si chaotique ?

Jean Chaline : « La réponse est rationnelle. En effet, l’atmosphère est un système dynamique ouvert. Or cette dernière est gérée par des oscillateurs harmoniques qui, dans certaines conditions, deviennent non-linéaires et chaotiques ? C’est à dire que nous sommes entrés dans une nouvelle dynamique, celle de l’incertitude. On doit se poser la question de savoir comment des météorologues qui ont des difficultés pour faire des prédictions à plus de 5 jours et des climatologues qui ne peuvent pas prévoir le temps à plus de 7 ans, peuvent prétendre faire des prédictions à 50 ou 100 ans sur des phénomènes non-linéaires chaotiques auxquels s’ajoutent des phénomènes socio-économiques tout aussi imprévisibles. Faire des prévisions pour 2050 ou 2100 relève de l’astrologie, mais pas de la science ».

Pourtant, il y en a, et ils sont nombreux, qui en font…

« Le grand inconvénient des modèles climatiques, repris sans cesse dans les médias, c’est qu’ils ont relégué à l’arrière-plan les archives beaucoup plus précises des glaces polaires arctiques et antarctiques et des mesures de températures par ballons et satellites qui montrent la réalité des phénomènes. Les prévisions qui en découlent relèvent plus de scénarios de science-fiction que de la science.

Les problèmes de la planète sont souvent abordés par des experts « auto-proclamés » sans aucune compétence réelle et cédant à la tentation de l’ultracrépidarianisme. Ce terme imprononçable s’applique à toutes personnes qui ont des croyances, des intuitions, des opinions sur tout ce qu’ils ne connaissent pas, sans être étayés par des arguments précis et qui estiment que leurs opinions personnelles ont autant de valeur, voire plus, qu’un concessus d’un ensemble d’experts spécialistes abordant les mêmes thèmes et reconnus comme crédibles au sein de leur communauté internationale. Le danger est que, sous le couvert de sauver la planète, la politique se transforme en une écologie totalitaire, comme le craignait déjà Claude Allègre en 2007 ».

Vous allez donc carrément à l’encontre de ce qu’affirment haut et fort le GIEC et les écologistes de toutes tendances politiques ?

A l’origine, les objectifs du GIEC étaient pertinents, mais ils ont été affaiblis et détournés par des polémiques regrettables. Il est important de s’interroger sur les messages transmis par le GIEC et de ces groupes de pression dans divers organismes internationaux, dont l’ONU, qui alertent les populations en dramatisant, par des modélisations plus ou moins alarmantes, une élévation de température excessive ainsi que d’une forte montée du niveau de la mer. Dans cet esprit, parler de tonnes, plutôt que de proportions, impressionne beaucoup plus les populations. Mais rappelons que l’atmosphère pèse 5 milliards de tonnes et que les populations ne peuvent pas être responsables de l’augmentation du taux de CO2 et de la température.

En fait, sous le couvert de la lutte contre le réchauffement climatique, il y a d’énormes intérêts économiques incluant les productions d’éoliennes, de panneaux solaires, d’énergie nucléaire, de fabrication de voitures électriques… Les dépenses imposées aux contribuables pour subventionner la décarbonation et favoriser les énergies renouvelables afin de réduire le taux de CO2 anthropique sont considérables pour des résultats limités, puisque la température continue d’augmenter pour des raisons solaires non maitrisables. L’accroissement des taux de CO2 et de la température sont indépendants à toutes les échelles et ce n’est donc pas le CO2 qui détermine la température ».

Pour vous, le CO2 ne porterait donc pas la responsabilité qu’on veut lui attribuer ?

Dire que le CO2 est un poison comme le clame la rumeur ambiante est une erreur, car l’accroissement du taux de CO2 et un climat plus chaud sont bénéfiques pour la biosphère. Cela permet notamment d’avoir une planète plus verte qui permet de bonnes récoltes et atténue les famines. La neutralité carbone en 2050 serait une solution désastreuse pour un problème inexistant. Il faut reconnaître que les gaz à effet de serre jouent un rôle positif pour la planète, celui d’avoir fortement augmenté la production végétale d’au moins 15 % pendant le siècle précédent, ce qui capte une partie importante du CO2 anthropique.

En effet, c’est essentiellement grâce à ces gaz et, en particulier, au gaz carbonique que la Terre à ses origines, en se réchauffant, a pu être habitée sur les continents avec de l’eau à l’état liquide. Sans le gaz carbonique sur la Terre, il n’y aurait eu que des bactéries méthanogènes dans les fonds océaniques, mais aucun organisme pluricellulaire sur les continents, notamment aucun vertébré, aucun mammifère, aucun primate et aucun homme.

Rappelons encore que c’est grâce aux gaz à effet de serre, notamment au CO2, que la température moyenne à la surface de la Terre est à + 15 °C, alors que sans eux, elle serait de – 18 °C. Autrement dit, contrairement à ce que l’on pourrait penser, ce sont eux qui ont rendu et qui rendent la Terre habitable… ».

Vous êtes plus que jamais convaincu que nous restons sous l’influence du soleil ?

« Le climat de la Terre a toujours varié sous l’influence du soleil, du système solaire et de l’univers. Les hommes, depuis deux millions d’années ont subi ses caprices avec de nombreuses glaciations et d’interglaciaires. Aujourd’hui, ils sont confrontés, dans le cadre d’un optimum climatique, à un réchauffement contre lequel l’homme, malgré des avancées technologiques remarquables dans tous les domaines, reste démuni. Il ne peut rien faire contre la nature dont les forces sont d’une puissance inégalée, notamment le soleil dont les rayons bénéfiques ont aussi des contreparties parfois plus contraignantes, parfois caniculaires comme dans le réchauffement actuel et, parfois, très froides comme dans le Petit Age glaciaire.

Cette vision solaire de l’origine du réchauffement climatique actuel a des conséquences financières majeures pour tous les pays. Cela signifie en premier lieu que la plupart des mesures réclamées par le GIEC et prises par les états pour faire diminuer la production de CO2, notamment au niveau des voitures, des avions, des bateaux de croisière, exercent une influence limitée pour faire baisser la température, puis que ce n’est pas le CO2 anthropique qui a une influence majeur sur le réchauffement climatique, mais essentiellement le soleil ».

Comment voyez-vous l’avenir ?

Personne ne sait ce qu’il adviendra du climat dans les prochaines années. Nous en saurons plus, en principe, en juillet 2025, lors du maximum du cycle solaire. Alors nous pourrons vraisemblablement préciser, selon le nombre de taches solaires et la durée du cycle, la tendance réelle d’évolution du climat vers les années 2030-2050. Continuation du réchauffement ou refroidissement ? Les prédictions scientifiques fondées sur l’évolution solaire plaidaient encore récemment plutôt en faveur d’une évolution vers un refroidissement, tendance confortée par plusieurs méthodes astronomiques distinctes ».

Propos recueillis par Jean-Louis Pierre

 

Histoire climatique de la Terre

Par Jean Chaline et Jacques Lang

Editions Ellipses