David Butet : Le sentiment d’avoir bien travaillé

Le jeudi 30 mai prochain, une page va se tourner au MEDEF 21 avec l’élection d’un nouveau président. En attendant, David Butet a accepté de revenir sur l’essentiel de ses 6 années de mandat à la tête de l’organisme patronal.

Quel état d’esprit vous anime au moment de passer la main à la présidence du Medef de Côte-d’Or ?

David Butet : « Je suis à la fois heureux de ces six années qui viennent de s’écouler et qui ont été denses. Ravi de passer la main parce qu’il est bon de se dire qu’on change de cycle. Et puis, une question importante désormais : comment vais-je appréhender le vide que cela va représenter au regard de l’important volume d’heures que j’ai consacrées chaque semaine de mon mandat. Environ plus de 600 heures de bénévolat en présentiel par an pour le MEDEF. Il est clair que quand le téléphone ne sonne plus, ce n’est plus pareil… »

Quelles auront été les actions et directions marquantes depuis votre élection en mai 2018 ?

« En essayant de prendre dans l’ordre les éléments sur lesquels j’ai appuyé, je dirais d’abord que le MEDEF de Côte-d’Or a gagné fortement en influence et en relation avec les collectivités territoriales -je pense notamment avec la métropole de Dijon- et les représentants des services de l’Etat, que ce soit avec le préfet, l’URSSAF, la Carsat… En la matière, la crise du Covid a beaucoup joué.

Par ailleurs, nous avons développé de 30 % le nombre d’adhérents au MEDEF. Et plutôt que de compter le nombre d’entreprises adhérentes, nous avons pris en compte le nombre de salariés présents dans ces entreprises qui représente 66 000 salariés sur les 140 000 du secteur privé que compte la Côte-d’Or.

J’aimerais aussi insister sur une formation que nous avons créée qui s’appelle « Génération des leaders éveillés » dédiée aux dirigeants en souffrance pour qu’ils apprennent à prendre soin d’eux physiquement et mentalement. Un travail particulier a également été mené avec les chefs d’entreprise de moins de 40 ans et les femmes ».

S’il fallait retenir un seul moment de ces six années de présidence, quel serait-il ?

« Le 16 mars 2020 au soir… Quand on apprend que le Covid impose, entre autres, la fermeture complète des entreprises. Un moment exceptionnel, improbable, en tant que président du MEDEF. Un moment tellement particulier que j’ai toujours en mémoire ces élus locaux, départementaux et régionaux qui nous ont posé la question : « Et maintenant, on fait comment ? ».


A la fin de l’année dernière, vous avez dénoncé l’interventionnisme grandissant de l’Etat dans le paritarisme de gestion. Qu’en est-il aujourd’hui ? Avez-vous été entendu ?

« Oui et non. Il faut absolument continuer à dénoncer cet interventionnisme et cette volonté qui auront été un marqueur du macronisme. A nous de prendre en charge suffisamment bien tout ce que l’on fait pour qu’on le conserve. Je pense notamment aux organismes de retraite privés sur lesquels nos gouvernants regardent avec insistance. Je pense aussi à cette idée qui revient de remplacer les juges du tribunal de commerce ou des prud’hommes par des magistrats professionnels. Ce serait des glissements malheureux. On le voit, la vigilance reste donc de mise. Nous avons un rôle à jouer et nous n’entendons pas nous dérober sous la pression de l’Etat ».

 

Vous avez placé 2024 comme année de la performance. N’est-ce pas un peu trop amitieux ?

« C’était au moment de mes vœux pour la nouvelle année et il fallait y voir une double lecture. Je voulais faire écho aux JO mais aussi souligner la nécessité d’être performant pour surmonter cette année 2024. A force de mettre des pansements un peu partout, il était évident que l’Etat allait dire stop et fermer les vannes pour éviter d’endetter le pays encore un peu plus. Il y allait avoir de la casse et c’est ce qu’on commence à voir ».

 

On a vu également le mouvement patronal s’engager dans le domaine social…

« Oui notamment sur un sujet dont je suis assez fier, c’est le Handijob, pendant la semaine du handicap, avec la mise en place d’une journée de recrutement pour des personnes en situation de handicap. On a réussi à faire 500 entretiens sur les 5 dernières années qui ont déclenché 24 embauches directes ».

 

Que va devenir David Butet ?

« Il va rester le chef d’entreprise qu’il est et il sera bien plus présent dans ses entreprises. Ce qui est plutôt une bonne nouvelle. J’ai un projet avec Jean-Philippe Girard sous le haut patronage de l’Elysée. Nous allons créer un événement de fin d’année sur la base d’entreprendre et je m’occuperai de la coordination générale. Nous remplirons le Zénith le 1er octobre et nous lancerons, dans la foulée, différentes opérations un peu partout en France. Je resterai membre du bureau de la commission entrepreneuriale du MEDEF national et au conseil d’administration du MEDEF 21 ».

Propos recueillis par Jean-Louis Pierre