Le Clairon : L’ombre d’un doute

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Et revoilà qu’on (re)parle de Bayrou. François Bayrou, 73 ans, vieux routier de la politique depuis plus de 40 ans et son premier mandat de conseiller général en mars 1982. François Bayrou qui se faisait -relativement- discret depuis sa mise en examen en 2019 dans l’affaire dite des assistants parlementaires du MoDem -dont il est l’inamovible président depuis sa création en 2007- au Parlement européen.

Pour faire simple, la justice reprochait à Bayrou, son parti et une dizaine de co-accusés, députés européens et assistants parlementaires, d’avoir institué un système de rémunération des salariés du MoDem par le Parlement européen. En droit, on appelle ça du détournement de fonds publics.

Du coup, Bayrou ne fait plus du tout dans la discrétion. C’est même tout le contraire. Le Béarnais a fanfaronné avec une verve inextinguible devant toutes les caméras et les micros qu’on lui présentait. Car, gros ouf de soulagement, il a été relaxé -provisoirement- dans cette vilaine affaire. Et tant pis si son parti a été condamné à une énorme amende. Tant pis si la plupart des lampistes qui l’accompagnaient au tribunal ont eux-aussi été condamnés à des amendes, à de la prison et de l’inégibilité avec sursis. Et tant pis, surtout, si François Bayrou a été relaxé au « bénéfice du doute ». Car oui, de façon assez surprenante, le tribunal a décidé qu’en 2024, on peut « en même temps » être le président incontesté de son parti depuis des années et ne pas être au courant des magouilles financières qui se trament en son sein.

Depuis cette relaxe -que conteste le parquet qui a fait appel de la décision- il n’y a plus l’ombre d’un doute. Bayrou se sent pousser des ailes. Au point de faire une offre de service à Macron. Le pays va mal mais le grand homme sait qu’il va pouvoir tout arranger. Oh, il ne le fait pas pour lui. Il se « sacrifie » pour l’intérêt supérieur de la Nation.

Le Papy flingueur se serait ainsi bien vu revenir au Gouvernement, plus particulièrement au sein d’un gros ministère de l’Éducation nationale qu’il connaît bien pour y avoir déjà sévi de 1993 à 1997. Au XXe siècle donc. Un ministère où il n’a pas laissé de souvenirs impérissables si ce n’est auprès des profs qui ont vivement manifesté contre son projet de réforme de l’enseignement privé. Depuis le remaniement de janvier, le ministère de la Rue de Grenelle était à feu et à sang. Amélie Oudéa-Castéra, la nouvelle ministre choisie par Macron, a multiplié en effet bourde sur bourde. À tel point que Macron et Attal lui ont finalement retiré son portefeuille. D’un côté, AOC en disgrâce, de l’autre Bayrou le messie de retour sur le marché. Le timing était parfait.

Sauf que ni Macron ni Attal n’ont eu une quelconque intention d’accéder aux prétentions irréalistes de Bayrou. Il était en effet hors de question pour le Chef de l’État de nommer numéro 2 du Gouvernement son encombrant allié et emmerdeur patenté tandis que le Premier ministre n’avait aucune intention de se faire pourrir par son aîné.

Voilà donc notre Bayrou qui se retrouve le bec dans l’eau avec une affaire judiciaire qui est loin d’être réglée. Et un Bayrou énervé, ça ose tout. C’est même à ça qu’on le reconnait. On ne veut pas de lui sur le bateau ? Il va manœuvrer pour le faire couler.

Avec des « amis » comme Bayrou, Macron n’a pas besoin d’ennemis