Si vous parlez d’écologie à Guillaume Ruet, il ne se lancera pas dans des grandes phrases. Le maire de Chevigny-Saint-Sauveur et conseiller départemental aime les choses concrètes. Plantations d’arbres, installation de panneaux photovoltaïques, décarbonation, baisses des consommations énergétiques, relamping, énergie positive… Les projets ne manquent pas. Tous plus innovants les uns que les autres.
On parle beaucoup de transition énergétique. Qu’en est-il à Chevigny-Saint-Sauveur ?
« En parler, c’est bien. La faire, c’est mieux ! A Chevigny-Saint-Sauveur, c’est une véritable stratégie qui a été mise en place. Un cap a été donné à nos services pour atteindre l’objectif -et notre ambition- de faire baisser la consommation d’énergie et d’engager la décarbonation de la commune. Nous avons fait appel à un bureau d’études spécialisé pour nous accompagner. Un audit de l’ensemble de nos bâtiments a été effectué avant de programmer un certain nombre d’actions en vue d’atteindre les performances énergétiques souhaitées. Ainsi, nous avons lancé un contrat de performance énergétique pour réaliser en 2 ans l’équivalent de 8 années d’investissements dans l’entretien de nos chaudières.
Le contrat fixe des objectifs de 15% de réduction de consommation de gaz avec un intéressement si notre prestataire parvient à dépasser cet objectif. Si ce n’est pas le cas, il s’exposera à des pénalités. Je préfère cette solution à un saupoudrage au fil des années où il nous sera plus difficile de mesurer l’impact réel de nos investissements. Avec cette méthode, l’objectif est déjà presque atteint en quelques mois puisque nous sommes déjà à -14% de consommation de gaz ».
Vous lancez la rénovation de bâtiments municipaux avec la volonté de les rendre exemplaires. Expliquez-nous…
« Notre exigence est très élevée. La loi prévoit une baisse d’énergie par équipement d’au moins 40 % en 2030 et d’au moins 60 % en 2050. A Chevigny-Saint-Sauveur, quand on lance une rénovation, on essaie de viser d’emblée les 60 % d’économie d’énergie. On vient d’achever la rénovation du groupe scolaire Ez-Allouères avec le même objectif.
On démarre également la rénovation d’une autre école, Buisson-Rond qui, elle, sera à énergie positive et décarbonée. C’est à dire qu’elle produira plus d’énergie qu’elle n’en consommera. Nous y installerons également 680 m² de panneaux photovoltaïques et un chauffage avec une pompe à chaleur. Le tout pour un budget qui dépasse les 8 millions d’euros. Vous comprenez bien que 2050, c’est demain à Chevigny-Saint-Sauveur !
Nous avons un troisième grand projet avec le lancement d’un plan de relamping global qui concernera tous nos éclairages intérieurs qui seront équipés de LED et d’éclairage intelligent. Ce type d’équipement permet une économie de l’ordre de 70 % sur nos factures d’éclairage. Une fois encore, nous sommes dans cette logique d’investissements massifs pour obtenir des gains immédiats ».
Le salon de l’habitat que vous organiserez du 5 au 7 avril prochain s’inscrit-il aussi dans cette démarche vertueuse que vous évoquez ?
Effectivement. La transition énergétique doit être partagée par les habitants et ce salon arrivera au bon moment. Il se trouve qu’à Chevigny, nous avons tout un tissu économique qui pourra trouver, au travers de ce salon, une belle vitrine pour exposer leur savoir-faire ».
Sur le plan économique, vous devez aussi vous réjouir de voir tous les lots vendus sur la ZAC des Terres Rousses ?
« C’est un bon signe en direction de l’attractivité de notre commune. Il faut reconnaître que nous sommes bien situés et que nous avons un cadre de vie agréable. Les entreprises y sont aussi bien évidemment sensibles ».
On sait que vous avez le civisme chevillé au cœur. A tel point d’avoir imaginé un passeport pour les élèves des écoles primaires ?
« Après la mort de Samuel Paty, nous avons lancé un grand plan de promotion des valeurs de la République et de la laïcité. Ces valeurs, nous souhaitons les remettre au cœur de la société bien sûr mais aussi au cœur de notre ville. D’où l’idée d’un passeport distribué à tous les CM2 des écoles de Chevigny dans lequel il y a une douzaine d’actions pour, dès l’âge de 10 ans, s’impliquer dans la vie de notre commune. C’est, par exemple, la participation à une cérémonie patriotique, à une collecte alimentaire, de jouets, un nettoyage de printemps, à des actions contre le harcèlement, à des formations sur les gestes de premiers secours…
Tout un tas de choses qui montrent aux enfants que vivre dans une ville, ce n’est pas seulement de la consommation, du repli sur soi… mais c’est aussi et surtout s’impliquer, aider les autres, être solidaire, intégrer des projets collectifs. Je dois reconnaître que cette démarche trouve un bel écho auprès des enfants de nos écoles ».
Propos recueillis par Jean-Louis Pierre