Agir plutôt que subir, tel est en substance le message fort du président d’Odivea, Antoine Hoareau, afin de préserver notre ressource en eau qui représente l’un des enjeux majeurs pour aujourd’hui… mais surtout pour demain !
Pourquoi Dijon Métropole a-t-elle choisi d’innover en 2021 en créant Odivea, une SEMOP (Société d’économie mixte à objet particulier) pour la gestion de l’eau et de l’assainissement ?
« Dijon Métropole a fait ce choix à la fois dans l’objectif d’une bonne gestion du service de l’eau potable et de l’assainissement mais aussi pour que les élus, et de facto les citoyens à travers nous, puissent avoir un regard beaucoup plus acéré sur cette politique de l’eau qui est absolument indispensable pour l’avenir. En termes de gouvernance, il nous a semblé important d’aller vers ce modèle de Société à économie mixte à objet particulier nous permettant d’avoir dorénavant une connaissance fine et exhaustive tant technique que financière. Notre objectif est de garantir un bon service à la population et surtout de préparer l’avenir car nous savons que le changement climatique aura un impact extrêmement important sur notre capacité de demain à avoir une ressource suffisante pour tout le monde ».
Les inondations dans le Nord de la France ne doivent pas nous faire oublier les terribles sécheresses qui ont frappé notre territoire, comme tant d’autres…
« Nous l’avons parfaitement constaté cet été. Habituellement, chez nous, il pleut à partir du 15 septembre et les ressources commencent à se recharger dès le début de l’automne. Cette année, nous avons été confrontés à une sécheresse qui a commencé extrêmement tôt et qui s’est poursuivie jusqu’au 19 octobre. Nous avons eu plus d’un mois de retard sur le calendrier habituel. Si bien que les sources karstiques, telles que celles du Suzon ou de Morceuil, ont été en souffrance. Celles-ci sont stratégiques pour la métropole et nous avons dû chercher un peu plus d’eau à Poncey-lès-Athée dans la Plaine de la Saône pour pouvoir alimenter tout le territoire.
Depuis deux ans maintenant, nous avons des sécheresses qui durent plus longtemps, donc il faut réfléchir et trouver des solutions afin que, lorsqu’il pleut, l’eau qui tombe du ciel que l’on capte et que l’on envoie dans des tuyaux aujourd’hui, partant par là-même le plus loin possible de notre territoire, puisse s’infiltrer localement. Il faut que nous la conservions afin qu’elle recharge directement notre nappe phréatique. C’est véritablement un enjeu pour les 10 ans à venir où nous aurons un travail très important à l’échelle de la métropole afin de déraccorder les immeubles, les maisons, les copropriétés pour que l’eau de pluie, plutôt qu’elle soit mise dans un chéneau, dans un tuyau, aille dans les jardins, dans les espaces verts, qu’elle serve à la fois à alimenter la végétation et à recharger la ressource. C’est essentiel en termes d’adaptation et de transition de notre territoire au changement climatique ! »
Nous sommes ainsi pour l’eau également à un changement de paradigme…
« Gustave Flaubert disait : « Il faut être assez fort pour pouvoir se griser avec un verre d’eau et résister avec une bouteille de rhum ! » C’est à dire qu’il faut à la fois avoir une force de conviction et de caractère et une très grande maîtrise dans nos décisions. Il ne faut pas être apeuré par la situation qui va être dégradée mais, au contraire, il faut agir pour mettre en place des politiques innovantes de transition écologique pour nous adapter à la situation que l’on connaît et qui se répétera dans les années à venir… »
C’est vrai pour l’eau mais ça l’est aussi bien plus largement…
« L’eau est essentielle à la vie, aussi est-il indispensable d’anticiper ses futurs dérèglements. Il faut que l’on soit dans une politique de transition énergétique et écologique pour faire en sorte que nous ayons une empreinte carbone moindre. C’est ce que porte la métropole, sous l’autorité du président François Rebsamen, avec le photovoltaïque, avec le projet hydrogène, avec la méthanisation à la station d’épuration. Nous sommes en train de créer nos propres ressources énergétiques vertes pour faire en sorte que notre territoire soit plus résilient et que nous puissions, demain, produire notre énergie à partir de nos propres ressources. C’est véritablement une politique globale.
La 1re adjointe Nathalie Koenders a présenté le projet de rénovation de la place du 30 Octobre et celui-ci va aussi dans le sens d’une meilleure résilience de nos territoires en termes de mobilité mais aussi de désimperméabilisation. Cette place sera, en effet, 100% désimperméabilisée, c’est à dire que toutes les eaux de pluie se réinfiltreront pour recharger la nappe. A l’instar du projet RESPONSE à la Fontaine d’Ouche, améliorant la qualité de vie des habitants, leur pouvoir d’achat en réduisant les consommations énergétiques et favorisant l’activité économique durant les rénovations, c’est un triptyque vertueux, c’est la social-écologie au quotidien ! ».
Propos recueillis par Xavier Grizot