Découvrez Le Clairon. L'édito qui secoue l'actualité pour vous tenir informé. Des analyses percutantes pour rester au cœur de l'info.
Je suis un passionné de foot depuis que je suis gamin. Depuis que j'ai chaussé mes premiers crampons achetés par mon grand-père à l'âge de six ans. Depuis que, minot, j'ai assisté aux côtés de mon père à mes premiers grands matches dans le « chaudron » de Geoffroy-Guichard.
J'ai toujours adoré cette ambiance populaire, ces stades colorés, festifs et joyeux, ces tifos incroyables, le bruit de la foule et des tambours, l'odeur de la merguez grillée et des frites, le folklore des grands rendez-vous. Dans le kop, au milieu des ultras, ou dans les tribunes, chaque rencontre devenait un véritable moment de communion. Une sorte de messe au cours de laquelle on défendait une ville, des couleurs, un idéal. Les jeunes, les plus âgés, quelle que soit leur classe sociale, tout le monde était uni pour porter son équipe. Certes, le chambrage existait. Ça maillochait parfois avec les supporters adverses et les noms d'oiseaux volaient souvent. Mais c'était sans commune mesure avec ce que nous connaissons depuis quelques années. Je ne veux pas passer pour un « vieux con » et un nostalgique du « c'était mieux avant ». N'empêche que le foot, c'était quand même mieux avant.
Car mon sport se meurt. Le foot est gangréné par la violence, obligeant les autorités à parquer les « supporters » adverses derrière des grilles ou des filets ou, pire, à interdire carrément les déplacements. Et cette violence va crescendo, qu'elle soit verbale ou physique. On ne compte plus les agressions et les insultes homophobes ou racistes envers les joueurs.
Dimanche 29 octobre, en marge de l'Olympico entre l'OM et Lyon, on a vraisemblablement franchi un cap dans la bestialité et la bêtise humaine quand des individus ont attaqué le bus lyonnais. Résultat : deux blessés, dont l'entraîneur de l'OL grièvement touché au visage, et des joueurs complètement traumatisés par cette embuscade d'une sauvagerie sans nom. Match annulé. Décadence diffusée en prime time et en direct. 65 000 spectateurs évacués du stade. Fête gâchée par une poignée d'abrutis. Les décideurs qui se lancent dans une course à l'échalote des propositions à la noix pour éradiquer ce cancer qui détruit petit à petit mon sport. Et également pour tenter de masquer leur impuissance.
Après tout, la société est de plus en plus violente. Le foot ne serait donc que le reflet de cette évolution. Logique ? Non. Car ce phénomène ne touche que le foot. Le rugby, par exemple, n'est pas concerné. Et la coupe du monde qui vient de s'achever en France l'a démontré de la plus belle des manières. Le rugby, c'est la fraternité, l'amitié et le respect. C'est la possibilité pour les supporters des deux camps de trinquer ensemble, d'encourager son équipe sans insulter l'autre. C'est la possibilité d'emmener ses enfants voir un match sans s'inquiéter pour eux.
Le ballon rond ne tourne plus rond. Il est temps que les autorités se saisissent à bras-le-corps du problème pour éradiquer cette insupportable violence. Et pour mettre définitivement hors d'état de nuire ces quelques dizaines de voyous qui tuent le foot à petit feu. Des solutions existent. Les Anglais, qui ont vaincu le hooliganisme, l'ont prouvé.
Pierre Solainjeu