Foire : Un siècle… gargantuesque

Dijon Bourgogne Events a décidé de fêter, comme il se doit, le 100e anniversaire de la Foire de Dijon… version longue. C’est en effet en 1923 que le maire Gaston Gérard étendit cet événement sur deux semaines. Retour sur ce menu initial…

Remonter le fil de son histoire nécessiterait autant de pages que les 5 ouvrages majeurs de François Rabelais qu’il a mis 30 ans à écrire. La Foire de Dijon représente une œuvre pantagruélique ! Tellement ses évolutions ont été multiples et tellement les morceaux de vie qui sy sont déroulés ont été appétissants. François Rabelais apparaît incontournable dès lentrée de ce papier, puisque c’est à partir de 1923 que le char de Gargantua circula, pour la première fois, dans les rues de Dijon. Des chevaux blancs tiraient ce personnage haut en couleurs, surtout son visage qui était rubicond… Il y a 100 ans, après avoir imposé sa recette gagnante durant les deux premières éditions, le maire de Dijon, Gaston Gérard, concocta un menu de taille, étendant cet événement sur 14 jours.

Si bien que le nombre de visiteurs aurait avoisiné les 400 000. Ce chiffre est sujet à caution, mais, une chose est sûre, chaque fin d’après-midi, il était à l’époque impossible de circuler à proximité de l’hôtel de ville qui était tout bonnement pris d’assaut… Le palais des Ducs et bien plus largement – les rues alentour, la place Saint-Michel, l’ancienne église Saint-Etienne, la place d’Armes, la place Edgard-Quinet pour la fête foraine, etc. – revêtait ainsi ses plus beaux atours gourmands et festifs.

Et la Foire de Dijon s’imposa dans le calendrier national à l’automne, période creuse pour les commerçants dijonnais et propice aux fruits et légumes… Une période vouée normalement à la morosité du climat mais dorénavant ensoleillée par cette manifestation qui, rappelons-le, avait à l’origine pour but, comme Gaston Gérard l’avait déclaré, de « réveiller, Dijon, la belle endormie sur ses lauriers de ville bourgeoise et bien élevée ! » Et ce, en s’appuyant sur la richesse bacchusienne de la Bourgogne mais aussi sur la sainte… trinité dijonnaise : la moutarde, le pain d’épices et le cassis.

C’est, au demeurant, quelques semaines après la Foire de 1923, qu’un arrêt de la Cour d’appel reconnut l’appellation « Crème de Cassis de Dijon ». Cette même année, au cours de laquelle pas moins de deux représentants du gouvernements, Gaston Vidal et Léon Bérard, se rendirent dans la cité des Ducs, fut lancé le menu bourguignon quotidien, comme quoi les circuits courts étaient déjà d’actualité… Du 3 au 16 novembre 1923, les Dijonnais et bien d’autres pouvaient mordre à pleines dents dans la Foire… version longue. Cent ans plus tard, la dégustation se poursuit !

Xavier Grizot