En cette rentrée morose, l'inexorable hausse du prix des carburants est surveillée par le pouvoir comme le lait sur le feu. Dans les hautes sphères de l'État, on n'a pas oublié que c'est la flambée du coût de l'essence, à travers la mise en place d'une « taxe carbone », qui est à l'origine du mouvement des gilets jaunes, fin 2018. Pour n'avoir pas pris rapidement la mesure du problème, l'exécutif a dû gérer des situations de quasi-guerre civile pendant plusieurs week-ends et un mécontentement populaire qui a duré de longs mois.
Chat échaudé craint l'eau froide, dit l'adage. Voilà pourquoi le Gouvernement en général, Bruno Le Maire en particulier guettent avec inquiétude l'évolution de la courbe des prix des carburants. L'envolée du prix du baril de pétrole met le patron de Bercy en émoi. Lequel cherche fébrilement la martingale pour limiter cette hausse sans accentuer les déficits publics. Car les caisses de l'État sont désespérément vides. Le quoi-qu'il-en-coûte de la crise sanitaire n'est plus qu'un souvenir. Le souvenir des jours heureux où l'argent magique et les milliards « gratuits » coulaient à flot. Bref, Bruno Le Maire n'a plus une tune. Plus un kopeck. Rien. L'État est FAUCHÉ.
Mais Bruno est un magicien. Il a plus d'un tour dans son sac. On ne devient pas ministre de Macron après en avoir dit du mal pendant des mois sans être un illusionniste hors pair.
Après nous avoir sorti le pull à col roulé pour combattre les effets du froid l'hiver dernier, le Garcimore de Bercy a lancé un appel aux grandes surfaces. Il veut les autoriser à vendre les carburants… à perte ! Et l'enchanteur poursuit sa démonstration : si les industriels baissent le prix du carburant de 50 centimes par litre, ça fait une économie de 20 euros par plein de 40 litres. En voilà une idée qu'elle est bonne pour le porte-monnaie des automobilistes. C'est facile la politique. Surtout quand on fait payer ses idées par les autres.
Et tant pis si notre sorcier prend les entreprises, qui ne vivent que si elles réalisent des profits, pour des associations caritatives. Tant pis si les grandes surfaces auraient été contraintes d'augmenter les prix d'autres produits pour compenser la vente à perte du carburant. Tant pis si la manœuvre aurait eu des effets dévastateurs sur les quelque 5.800 stations-services indépendantes. Sur ce dernier point, Bruno le prestidigitateur avait la solution : il aurait mis en place des « mesures de compensation ». Donc de l'argent public. De l'argent qui n'existe plus.
Les patrons ont cru s'étouffer en écoutant la proposition du ministre. Ils lui ont donc immédiatement opposé une fin de non-recevoir. Bruno a remis le lapin dans son chapeau, en quête d'une autre idée de génie.
À mon modeste niveau, et même si les maths n'ont jamais été ma matière préférée, je veux bien lui suggérer une solution. Sachant que les taxes représentent 60% du prix des carburants à la pompe, il suffirait de baisser ces taxes pour que les automobilistes payent, immédiatement, leur plein moins cher. Parce qu'à 2 euros le litre d'essence, ce n'est pas le pompiste qui se goinfre le plus. C'est l'État.