Fabian Ruinet : « Je vois l’horizon avec optimisme »

Le maire de Talant aborde cette rentrée avec beaucoup de sérénité. Chantiers et projets ne manquent pas. Certains vont même de l'autre côté de l'Atlantique. Fabian Ruinet les évoquent.

Cette rentrée, vous la sentez comment sur le plan national ?

« Contrastée. Avec de bonnes nouvelles qui touchent, par exemple, le secteur du tourisme qui est un de nos points forts au niveau national et bien sûr la perspective des Jeux Olympiques, l'an prochain, qui va apporter un vrai dynamisme pour tout le pays. A l’inverse, il y a des sujets toujours préoccupants. Je pense par exemple au niveau de l'inflation ou encore aux difficultés que nos compatriotes rencontrent au quotidien (prix des carburants, énergies, courses…). Il faut s'attendre à quelques ralentissements. Je pense notamment à l'activité immobilière dont le fléchissement impactera les collectivités qui touchent des contributions liées aux transactions. Sur le plan politique, c'est une période compliquée pour le gouvernement qui semble avoir les plus grandes peines à trancher sur les sujets de fond (économie, sécurité, immigration, affaires étrangères), il y a une forme d’attentisme qui interroge et finalement qui inquiète ».

Et à Talant ?

« A Talant les choses sont différentes. Le maire et son équipe sont plutôt sereins car la plupart des recettes que nous avons sont des recettes fiscales. Et elles sont relativement stables même si nous avons fait le choix de baisser les impôts locaux depuis 2 ans maintenant. Par ailleurs, beaucoup d'indicateurs sont positifs. La rentrée des classes s'est bien déroulée, l’ambitieuse politique d'investissements que nous avons démarré en 2022 se poursuit, la délinquance recule, bref les indicateurs sont au vert ! Je veux regarder l'horizon avec beaucoup d'optimisme et je ne voudrais surtout pas me lancer dans des propos qui raviraient les déclinologues. Soyons positifs ! »

Quels sont les principaux dossiers qui vous attendent jusqu'à la fin de cette fin d'année ?

« Il y a ceux qui sont déjà amorcés et qui vont se poursuivre : en matière de sécurité, je pense par exemple au développement de la vidéo-protection. Il y a l’ensemble des travaux qui concerne la rénovation de nos écoles. Mais je veux ici vous parler des gros dossiers : celui de l’ancien foyer Robert Grandjean, foyer abandonné qui se trouve au cœur du quartier du Belvédère et que nous avons acquis pour l'euro symbolique durant l’été.

Celui de l'Espace Mennetrier où nous souhaitons organiser un bien meilleur accueil pour les jeunes enfants avec le développement d’un véritable Pôle de l’enfance (pour les enfants valides comme ceux en situation de handicap grâce à notre partenariat avec l’association « Un Avenir pour Chloé » et l’installation sur site de son future Centre d’Education Conductive). N'oublions pas non plus l'aire de jeux inclusive et intergénérationnelle aux Cerisiers qui sera unique en Bourgogne Franche-Comté. Nous l’inaugurerons au printemps 2024 ».

Le centre commercial du Belvédère sera un des principaux marqueurs de votre mandat. Où en est-on dans l'évolution du site ?

« Noté que nous l'avons renommé « Cap Ouest » parce que ce projet dépasse très largement la seule problématique du centre commercial. Nous allons en réalité intervenir sur un périmètre bien plus large qui intègre également l’Espace Brassens, la Bibliothèque multimédia mais également des espaces extérieurs comme la Médiane. Six hectares sont concernés par cette opération. Au terme d'une discussion très constructive avec la métropole, nous avons décidé de nous appuyer sur outil qui est la SPLAAD (1).

En lieu et place de la commune, cette société publique va s'occuper du bon déroulement du projet qui reste un projet municipal, avec un œil municipal (j’y tiens). Nous venons de désigner début septembre l’équipe de professionnels qui va nous accompagner sur cet immense projet. L'objectif est bien entendu de renforcer l'activité des commerces et donner une véritable visibilité au centre commercial qui les héberge.

La phase I du projet consistera à séparer le bâtiment en deux à l'horizon 2025-2026 (de cette manière nous allons pouvoir alléger les charges et les normes de sécurité qui pèsent sur les petits commerçants). Par la suite, pour la phase II, il faudra compter plusieurs années de travaux pour arriver au bout du projet, il s’agira d’une véritable transformation de cette partie du quartier ».

La taxe foncière arrive avec parfois des hausses spectaculaires pour certains contribuables. Qu'en est-il à Talant ?

« Depuis très longtemps, nous avions une taxe foncière qui était très élevée. Notre objectif, c'est de redonner du pouvoir d'achat à nos administrés. C’est la raison pour laquelle j’ai, à deux reprises, baissé cette taxe. Nous mettons tout en place pour que Talant ne soit pas la ville la plus chère du département. Je ne souhaite pas être le premier de ce podium bien particulier ».

Partagez-vous le sentiment de la ministre déléguée chargée des Collectivités territoriales, Dominique Faure, quand elle évoque une nécessaire évolution de l'indemnité des maires afin de la porter à la hauteur de leur engagement et de lutter contre leur découragement ?

« Déjà, vous pourriez me demander combien je gagne, c’est public... Un maire d’une commune de la même strate que Talant touche une indemnité mensuelle d’environ 2 600 € - 2 800 € net. Est-ce trop ? Pas assez ? Globalement, je pense en effet qu’il faudrait réévaluer les indemnités de tous les maires. C’est une charge lourde, parfois difficilement conciliable avec une autre activité professionnelle. Mais je pense tout particulièrement aux maires des petites communes. Ils touchent en effet des sommes modestes alors qu’ils sont confrontés au quotidien à de sérieuses difficultés et sont très souvent seuls pour les surmontés. La fonction de maire est incontestablement celle qui est la plus chronophage et cela pose parfois une crise des vocations.

En revanche, le problème ne se limite pas aux indemnités. Il faut rendre la vie des maires beaucoup plus facile ! Nous nous trouvons souvent confronté à une société de plus en plus violente, avec des lourdeurs administratives et face à des très nombreux interlocuteurs dès que l’on veut monter un projet... On touche là au fameux millefeuille administratif qui rend les choses compliquées parce que les compétences ne sont pas claires.

Le maire est devenu au fil du temps le premier interlocuteur de tout et, trop souvent, il est la cible de critiques pour des problèmes qui ne relèvent pas du fonctionnement de ses services. Cela pose une réelle question sur les compétences de nos collectivités face à un Etat encore bien trop centralisateur…»

Vous étiez cet été au Québec pour signer, avec votre homologue, une lettre d’intention afin d’établir un partenariat de coopération entre la Ville de Talant et la ville de Mascouche. Qu'est-ce qui motive une telle démarche et quel intérêt peuvent y trouver les Talantais ?

« Il faut remonter dans le temps et se souvenir que c'est une démarche qui avait été initiée il y a une trentaine d'années avec un courrier qui était resté sans suite. Nous avons repris le contact car il y a une réelle attente de part et d’autre de l’Atlantique. Nous avons des liens évidents avec nos cousins du Québec et nous avons beaucoup à apprendre d’eux ! De leur côté, il y a un véritable attachement pour la France et les Français.

Entre nos deux peuples, c’est une histoire fraternelle qui remonte tout de même à 1534 avec l’établissement de la Nouvelle France et qui s’est brutalement terminée en 1759 sur les Pleines d’Abraham à Québec. Il faut rappeler que la province du Québec utilise la langue française au quotidien pour marquer et justifier son histoire et son identité au Canada. Nous avons donc le devoir de défendre à leurs côtés le rayonnement de la francophonie.

Lors de notre visite, nous avons fléché quatre grands secteurs d’échanges. En premier lieu, l'économie. Une thématique à laquelle je tiens tout particulièrement. Ensuite, le sport, la culture -notamment les fonctionnements respectifs de nos bibliothèques et autres associations - et enfin l'environnement. Ce type d'échanges est de nature à intéresser les familles talantaises. Nous recevrons d’ailleurs une délégation de Mascouche à l’été 2024 ».

Entretenez-vous toujours des relations avec les autres villes jumelles de Talant ?

« Il n'y en a qu'une, c'est Gimbsheim, en Rhénanie-Palatinat. Et nous avons toujours des liens grâce à Pierrette Quenot, infatigable et précieuse bénévole talantaise. Il nous faut engager une réflexion avec nos homologues pour revoir le cadre et le contenu d'un tel jumelage qui se justifie certainement moins aujourd'hui qu'il y a 50 ou 60 ans. Avec le temps, les choses se sont étiolées. Pour autant, les contacts sont maintenus et nous allons travailler pour que durent ces échanges bâtis sur une amitié retrouvée. Une visio est d'ailleurs prévue à la fin du mois d'octobre avec les allemands ».

Propos recueillis par Jean-Louis Pierre

 

  1. SPLAAD : La Société Publique locale « Aménagement de l'agglomération dijonnaise » constitue un outil privilégié de la sphère publique pour le développement du territoire. Elle peut intervenir pour ses collectivités membres, sans mise en concurrence préalable, tant dans le domaine de l’aménagement que de la construction.