Ca bouge chez Les Républicains. Après 13 années au poste de Secrétaire départemental de la Fédération de la Côte-d’Or, Pierre Bolze a souhaité passer la main. C'est Guillaume Ruet, maire de Chevigny-Saint-Sauveur et conseiller départemental, qui lui succède.
Sur proposition du Président de la Fédération des Républicains de la Côte-d’Or, François-Xavier Dugourd, et du Comité départemental, le Bureau national des Républicains vient de vous nommer officiellement au poste de Secrétaire départemental de la Fédération de la Côte-d’Or. En quoi consiste cette fonction ?
« C’est une belle responsabilité. Le Secrétaire départemental est d’abord chargé de l’exécution dans le département des décisions des instances nationales du parti. Il organise les scrutins du Mouvement dans le département. Plus globalement, c’est avant tout un rôle d’animation, aux côtés du Président de la Fédération, François-Xavier Dugourd, et de l’équipe départementale. Mon rôle est de veiller à ce que tout le monde travaille bien ensemble. Le but étant de retrouver un nouveau souffle pour les échéances européenne, municipale et présidentielle après la mauvaise période électorale de 2022. Je serai surtout un militant (depuis que j'ai 18 ans) parmi les militants et si mon expérience peut être utile pour le collectif, tant mieux ! ».
François-Xavier Dugourd s’est montré particulièrement élogieux à votre encontre en vous présentant comme « la personne idéale pour relever, avec l’équipe de la Fédération et tous ses militants, les défis qui sont devant notre parti en vue des prochaines échéances européennes, municipales et présidentielles ». Quelles seront les actions que vous souhaitez mettre en place rapidement sur le plan départemental pour tenter de relever ces défis ?
« Il n’y a pas de secret : il faut se mettre au travail et rassembler. En Côte-d’Or, autour de François-Xavier Dugourd, nous avons la chance d’avoir une fédération qui tourne déjà pas mal, avec des réunions régulières. Il faudra poursuivre et accentuer. Nous avons deux évènements politiques prévus d’ici l’été. Bref, porter haut et fort nos idées et nos valeurs dans le débat politique local. Et en parallèle, nous nous attacherons à préparer nos futurs candidats dans nos territoires. Je suis convaincu que la droite républicaine n'est pas morte et qu'elle a un message fort à porter ».
Comment retrouver l’unité quand on voit que le projet de loi sur la réforme des retraites a montré que votre parti était encore soumis à de sérieuses divisions ?
« Ecoutons nos militants et les Français : ils en ont assez de la guerre des chefs, des postures politiciennes, des aventures individuelles, des girouettes, ou de l'agitation que l'on voit à l'Assemblée nationale. Ils attendent de nous du sérieux, de la cohérence dans nos positions et de la responsabilité. La politique n'est pas condamnée à la médiocrité et à l'outrance. Prenons de la hauteur et élevons le débat. C'est la voie tracée par Eric Ciotti, notre nouveau Président national. Regardez comment LR a repris la main sur le sujet de l'immigration. Pas une voix dissonante dans le parti et pour cause : c'est le fruit d'un travail collectif qui a permis de définir une ligne idéologique claire, forte et assumée. Un sondage a d'ailleurs montré que 74% des Français étaient favorables à nos propositions sur l'immigration. Nous avançons dans la bonne direction ».
Où en sont aujourd’hui les effectifs de votre parti dont on sait qu’ils ont fondu comme neige au soleil, passant de 210 000 adhérents en 2015 –année de création de LR- à 90 000 en fin d’année dernière ?
C’est certain que l’on a connu des temps plus florissants, mon rôle est justement de préparer des lendemains meilleurs. Il n’empêche que nous nous en sortons bien mieux que la plupart des partis politiques. Il y a un rejet des formes d’engagements traditionnels et notamment des partis politiques, qui ne touchent pas uniquement le nôtre. Le désamour entre les Français et la politique, qui se traduit par l’abstention de masse aux élections, doit tous nous interroger.
Localement, fin 2022, nous étions plus de 700 adhérents en Côte-d’Or. Ce qui n’est pas rien. Nous restons le premier parti en termes d’élus. Cet ancrage local est notre force que nous comptons bien conforter en 2026 ».
N’avez-vous pas le sentiment que LR cherche toujours sa voie depuis la déroute de Valérie Pécresse à la dernière élection présidentielle ?
Je pense que le problème est plus profond, plus ancien que l’élection présidentielle de 2022. C’est bien plus qu’un simple problème d’incarnation, même si les divisions et la manque de leadership ont accentué le problème.
Il nous a manqué, je crois, parfois de la clarté dans notre positionnement. Il n’y a pas eu aussi suffisamment de travail d’introspection pour faire notre bilan. Bref, il faut nous remettre au travail. Pour définir notre ligne idéologique, dans un contexte qui a fortement changé, et qui nécessite de dépasser la simple opposition systématique et facile. Ça prendra du temps mais on peut y arriver.
Nous sommes un parti de Gouvernement, qui a vocation à revenir au pouvoir. Nous devons démontrer que nous représentons une alternative crédible au pouvoir en place, comme aux partis extrémistes. LR ouvre d’ailleurs ses Etats généraux pour redessiner les lignes de la droite autour des questions fondamentales suivantes : Qu’est-ce que la droite ? Qu'est-ce qu'elle veut ? Qu'est-ce qu'elle peut porter ? Et qu'est-ce qu'elle doit porter comme espérance ? ».
Pensez-vous, comme l’ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin qu’une « majorité est possible » entre certains LR et Renaissance autour d’un « programme » politique ?
Si c’était possible, on le saurait depuis longtemps, puisque ça fait déjà 6 ans que M. Macron est Président de la République. Il n'en a jamais voulu, il s'est contenté de débauchages individuels de personnalités de droite, ce qui ne fait pas un accord politique. Mais surtout, on voit bien les limites du « en même temps » qui devient vite « tout et son contraire ». Ce qui est totalement inefficace. Comment dès lors s'allier avec une majorité qui se contredit en permanence ?
Mais Les Républicains n’est pas un parti sectaire. Si la majorité actuelle reprend nos propositions, on n’a jamais rechigné à les voter. C’est l’intérêt du pays qui nous guide, pas les postures politiciennes. Dernier exemple en date : nous avons voté la loi d’accélération du nucléaire, qui revient sur les fermetures de centrales nucléaires comme à Fessenheim et prévoit la reconstruction de nouvelles. Les députés Républicains l'ont voté. Si le Gouvernement reprend nos propositions sur l'immigration, nos parlementaires voteront les textes sans état d'âme ».
Que répondez-vous au Rassemblement national qui accuse votre président national Eric Ciotti de faire un « copier-coller » de son programme, après avoir présenté deux propositions de loi sur l’immigration ?
Par expérience, je sais bien que lorsqu'on est critiqué de la sorte par nos adversaires, cela veut dire qu'on les dérange et qu'on est pris très au sérieux. Le contraire aurait été plus inquiétant : cela aurait voulu dire que nous étions inaudibles et que nous n’intéressions plus personne. Ce n'est manifestement pas le cas. En effet, le RN prospère de la faiblesse de la droite républicaine. Le réveil des LR ne peut que les inquiéter : au Danemark où les partis de Gouvernement sont très fermes sur l'immigration, l'extrême droite n'est qu'à 2% ».
A votre avis, faut-il rendre obligatoires les drapeaux français et européens sur le fronton des mairies ?
Alors que l'inflation est galopante, que la guerre frappe notre continent en Ukraine, que l'insécurité monte partout dans le pays, que le défi climatique est devant nous, que la France traverse une crise sociale et civique sans précédent, le groupe Renaissance à l'Assemblée nationale ne trouve rien de mieux que de déposer un projet de loi imposant d'apposer le drapeau européen sur le fronton des Mairies. Comme si c'était LA priorité du moment. Comme si d'ailleurs cela posait problème quelque part, puisqu’une grande majorité de communes le font déjà sans obligation. C'est du Macronisme dans toute sa splendeur ! De la communication tape-à-l'œil qui ne changera pas la vie quotidienne des Français. Il faut vraiment être déconnecté des Français et des réalités qu'ils vivent pour proposer une telle loi. Décidément, on ne vit pas dans le même monde.
Et puis, c'est une nouvelle fois symptomatique d'un mal actuel. Celui de la bureaucratie, de la sur-administration, en imposant aux maires une énième nouvelle norme, qui s'ajoute aux dizaines de nouvelles normes que l'on nous pond chaque semaine. On étouffe de cette hyper-bureaucratie. Faisons confiance aux Maires. Laissons-leur la liberté de choisir et la souplesse d'administrer leur commune eux-mêmes ! ».
Pour vous, quel serait le candidat idéal pour représenter LR à la prochaine élection présidentielle ?
Notre candidat devra à la fois être en mesure d’incarner un leadership naturel et de rassembler les Français. Pour ce faire, il faut qu'il dispose d'une bonne expérience à la tête d'une collectivité territoriale. L'ancrage local, ça évite d'avoir un candidat hors-sol, déconnecté des réalités du terrain. Ça aide à affronter les crises.
A mes yeux, deux personnalités à droite correspondent à ce profil : Laurent Wauquiez et David Lisnard. Tous deux sont brillants, courageux et clairs dans leurs convictions. Ils ont l’expérience des élus de terrain, la capacité à rassembler mais aussi à se projeter sur un temps long pour les Français, afin de redresser le pays. L'avenir déterminera celui qui émergera ».
Propos recueillis par Jean-Louis Pierre