Entre ciel et terre…

Quatre ans précisément après l'incendie de Notre-Dame, la flèche de la Cathédrale et son échafaudage vont s’élever progressivement jusqu’à la fin de l’année. Elle culminera alors à 96 mètres de haut, en direction des cieux. Lorsque que l’édifice a brulé, nombreux sont les Français à avoir pleuré – qu’ils croient au ciel ou pas ou qu’à l’instar d’Albert Camus ils ne prennent pour parole d’évangile ni Dieu ni Raison. Au-delà de l’émotion de l’instant, il y ont vu l’impuissance, le cri de ce début de siècle où les esprits s’embrasent et les glaciers fondent… Ils ont senti qu’un signe leur était envoyé. Mais par qui ? La réponse n’est sans doute pas à la portée des mortels.

N’est ni Dieu, ni Satan, ni Faust qui veut ! Le drame de Notre Dame est là pour rappeler notre condition d’êtres infiniment minuscules. Mais pas que… L'élan de générosité pour financer les travaux de Notre-Dame se poursuit : c’est un peu plus de 840 millions d'euros de dons qui ont été déjà collectés, selon le général Jean-Louis Georgelin, président de l'Établissement public chargé de la reconstruction. Une somme encore jamais égalée de par le monde : elle a pu être réunie grâce à des donateurs français et étrangers, grâce également au mécénat d’entreprises. Pas question de tomber dans l’angélisme : les uns l’ont fait soit par conviction religieuse, d’autres par attachement au patrimoine, et bien évidemment pour certains par attrait des bonus fiscaux. Mais, à regarder au-delà des chiffres astronomiques, il est patent que le besoin de spiritualité se fraye à nouveau un chemin dans nos sociétés : les joies de la consommation à l’excès ainsi que le triomphe du matérialisme ne font plus l’unanimité. La préoccupation d’une libération intérieure, le besoin de spiritualité véhiculent plus que jamais un message immuable, au revers de ce que l’on désigne de « société de progrès.»

Selon la Cef (1), Le nombre de nouveaux baptisés en 2022/2023 est en progression : ils ont été mille de plus, par rapport à l’an passé, à entrer dans l’Église par la porte du baptême (1). Sur la centaine de diocèses que compte l’Hexagone, dix-sept voient leur nombre doubler. Ce chiffre n’est pas le seul à évoluer : il révèle un net rajeunissement des catéchumènes. En cinq ans – selon le dossier réalisé de la Cef – la part des 18-25 ans a fortement progressé, passant de 23% du nombre total de baptisés en 2019 à environ 33% en 2023. Une évolution, qui se confirme chez les jeunes mineurs, collégiens, lycéens…

Sans ironie ni jeux de mots, faut-il attendre de la renaissance de Notre-Dame un ultime « miracle ». Lequel, par exemple ? Que la laïcité, jadis ciment de notre pays post-1789 et de notre héritage occidental cesse de se dissoudre dans le jus du wokisme et redevienne « socle du droit » pour reprendre l’expression de Jean-François Colosimo, historien philosophe – grand chercheur devant l’Eternel des métamorphoses contemporaines de Dieu.

Marie France Poirier

  1. Conférence des évêques de France