Que de chemin parcouru depuis sa labellisation comme pôle de compétitivité agroalimentaire. Du « petit pôle qu’on n’attendait pas », Vitagora, présidé par Pierre Guez, dont la notoriété n’est plus à faire, s’est imposé à l’échelle régionale, nationale mais aussi internationale comme LE partenaire privilégié des entreprises de l’agroalimentaire, quelle que soit leur taille. Et ce, afin d’apporter des solutions à l’ensemble de leurs problématiques quotidiennes mais aussi de leur conférer de la valeur ajoutée. Que ce soit par l’innovation, la R&D, ou bien par l’obtention de nouveaux marchés. Mais Vitagora, ce n’est pas seulement la performance industrielle, c’est aussi un acteur majeur favorisant une « alimentation saine, savoureuse et durable ». Si bien que son rôle auprès des consommateurs, que ce soit pour leur capital santé, leur plaisir gustatif mais aussi la préservation de l’environnement, est prégnant. A la veille de sa grande convention, le 6 avril à Dijon, intitulée Vita’Connect et réunissant des intervenants du monde entier, nous avons décidé de vous présenter, par le menu, cette association professionnelle que d’aucuns nous envient. Pour preuve, après la Bourgogne Franche-Comté, Vitagora s’est étendu sur l’Ile de France, si bien qu’aujourd’hui ce pôle ne pèse pas moins de 660 membres. Mais Vitagora représente aussi une belle aventure humaine… puisqu’il compte désormais pas moins de 34 salariés dans les locaux du Village by Ca sur la Cité internationale de la Gastronomie et du Vin. Tout comme Marthe Jewell, responsable communication, présente depuis que la première graine a été plantée, le directeur général Christophe Breuillet n’a de cesse de faire pousser ce pôle. Aimant le comparer à un arbre avec des racines ancrées localement et des ramifications à l’international, celui-ci nous dévoile les champs d’action de cette structure véritablement pas comme les autres. Et nous n’écrivons pas cela uniquement parce qu’elle porte des valeurs qui nous sont chères…
Camille Gablo
Des valeurs capitales
« La filière agroalimentaire est porteuse de valeurs et, grâce à elle, nous retrouvons du sens par rapport à ce qu’attendent les consommateurs : une proximité accentuée, la valorisation des productions locales, la transformation du territoire, le développement de l’emploi… N’oublions pas non plus que la souveraineté alimentaire se fait également au niveau de l’ancrage territorial. Comment ne pas parler positivement de cette filière ! Ici, en Bourgogne Franche-Comté, nous avons une filière agroalimentaire qui réalise au quotidien des produits, issus de la transformation agricole, de qualité. Les habitants de la région doivent en être fiers et nous devons le faire savoir ! »
Une stratégie de développement
« Nous avons été durant plusieurs années un acteur de l’ombre même si nous faisons partie des premiers pôles de compétitivité. Nous sommes partis d’une feuille blanche avec comme objectif de structurer une stratégie de développement d’une alimentation durable au service des consommateurs. Nous avons eu à cœur de proposer un projet original pour l’époque – le terme alimentation durable n’est apparu qu’en 2008. D’autres pôles ont fait le choix de s’élancer d’emblée vers le développement international. Nous, nous avons souhaité à l’image d’un arbre nous enraciner territorialement pour ensuite seulement développer des ramifications. Cette stratégie évite d’être balayé au premier coup de vent ! »
De Dijon à l’international
« Nous nous sommes d’abord ancrés dans notre territoire, nous avons fédéré les premiers acteurs à l’échelle de Dijon puis de la région Bourgogne Franche-Comté. sommes ensuite étendus en 2012-2013 à l’Ile de France, ce déploiement étant la conséquence de tout ce que nous avions réalisé, les centres de décision agroalimentaires basés sur ce territoire voisin nous ayant rejoints naturellement. Nous avons continué de nous développer sur le plan européen et ensuite à l’international. Nous avons ainsi ouvert deux bureaux au Japon et au Rwanda. Et tout cela au profit de nos membres, l’objectif étant de leur trouver des débouchés en termes de marché, des partenariats de recherche, technologiques, industriels et commerciaux… »
Avec les Aria
« Dans le domaine territorial, un fait marquant est à noter : nous nous sommes des Aria (association régionale des industries agroalimentaires) de notre région pour ne faire en 2019 qu’une seule structure. Et c’est bénéfique pour tout le monde : pour les entreprises en premier lieu, parce qu’elles ont un interlocuteur unique qui peut apporter des solutions à toutes leurs problématiques et leur permettre de se développer à moindre coût. C’est précieux car un dirigeant, un chef d’entreprise peut être très isolé. Il connaît bien son entreprise mais la vision transversale peut lui manquer et c’est ce regard extérieur que propose, humblement, Vitagora. C’est la raison pour laquelle nous avons créé un club dirigeants, il y a un an, et celui-ci fonctionne très bien. Et c’est aussi au profit des citoyens : garder une activité économique agroalimentaire, c’est précieux surtout au moment où l’on demande plus de valorisation des productions locales, plus d’emplois… »
Le développement de l’emploi
« L’emploi est essentiel. L’agroalimentaire représente une des rares filières qui peut faire vivre un tissu économique rural mais aussi urbain. Et cette filière touche différents secteurs : la production agricole, la transformation, la distribution, avec, également, les maillons logistiques. Nous œuvrons ainsi pour l’emploi mais aussi pour l’inclusion. Nous avons décidé de travailler sur différents territoires avec des personnes éloignées de l’emploi afin qu’elles puissent goûter en termes d’opportunités à ce que peut proposer la filière agroalimentaire ».
La Silicon Valley de l’agroalimentaire
« Nous n’oublions pas non plus notre mission première : développer des projets de création de valeur ajoutée, l’innovation étant un moyen pour y parvenir. Comment mieux valoriser ce qui existe dans certains laboratoires, privés ou publics ? Comment valoriser ce qui existe aussi dans certains tiroirs d’entreprises, en faisant travailler le tissu économique local et parfois moins local, car nous allons chercher aussi des compétences à l’extérieur de nos frontières ? C’est la raison pour laquelle nous faisons un travail d’intelligence économique pour ramener le meilleur au sein de notre écosystème. Cela sert notre ambition de devenir la Silicon Valley de l’agroalimentaire. Il faut aussi pouvoir attirer des forces industrielles et nous œuvrons pour l’implantation d’entreprises étrangères sur notre territoire. Je pense entre autres à Vicky Food (ndlr : à Chalon-sur-Saône)… C’est un véritable travail d’équipe. Vitagora apporte les arguments, ce que je pourrais qualifier de contenu, et les agences de développement – l’AER BFC ou DBI – s’occupent du contenant, autrement dit du foncier, des conditions d’implantation, etc. Ce sont des partenaires importants ».
Des partenariats gagnant-gagnant
« Nous jouons un rôle dans l’animation territoriale. Nous ne devons pas nous isoler dans ce contexte d’internationalisation, car le sujet de l’alimentation est universel. Il est important de pouvoir faire travailler différents écosystèmes alimentaires, de faire travailler des acteurs japonais avec des acteurs français. Nous avons vocation à trouver des relais de croissance pour nos membres à l’extérieur de nos frontières et identifier des innovations qui pourront servir au mieux les intérêts de nos membres, dans des partenariats gagnant-gagnant ».
Le ToasterLab pour les start-up
« Nous avons certes une approche grands groupes mais nous sommes aussi aux côtés des PME, des ETI qui représentent 85% des entreprises du secteur. Et 82% de nos membres sont ces petites et moyennes entreprises. L’accueil de start-up peut aussi apporter sa pierre au dynamisme du territoire. Des jeunes pousses peuvent permettre d’apporter une autre forme de valeur ajoutée, elles sont susceptibles de bousculer les codes. Et nous n’opposons pas grands groupes, PME et start-up. Chacun doit jouer son rôle. A l’image d’un orchestre, chacun a une musique à interpréter et Vitagora doit faire en sorte que la mélodie soit la plus harmonieuse possible. Nous accompagnons les start-up depuis de nombreuses années et nous avons décidé de leur consacrer un pan de notre activité, au travers de ToasterLab, un programme d’accélération 100% Agri-Food à destination des start-up les plus prometteuses ».
Vita’Connect: La grande convention
La première édition de la grande convention de Vitagora, au nom bien choisi, Vita’Connect, se déroulera le 6 avril au palais des Congrès de Dijon. Pas moins de 460 professionnels de l’agroalimentaire (entreprise, experts scientifiques et technologiques…) participeront à cet événement d’envergure dédié à l’innovation et à la compétitivité des entreprises du secteur. Un événement pour lequel a été créée une plateforme numérique afin de favoriser les rendez-vous d’affaires (une sorte de Business Dating). Des conférences sont, notamment, au programme. Parmi les intervenants, citons entre autres Pierre Guez, président de Vitagora, Jean-Paul Torris, vice-Président de l’ANIA (Association nationale des industries agroalimentaires), Jean-François Loiseau, fédérateur à l’export pour l’agroalimentaire, Catherine Petitjean, présidente de la Maison de pain d’épices Mulot-Petitjean, Barbara Bessot Ballot, co-fondatrice et directrice générale de la Maison laGrange, torréfacteur basé en Haute-Saône. Des ateliers sur des thématiques d’innovation, à l’instar des protéines alternatives, de la réduction du sucre, des emballages durables, de la co-construction avec le consommateur, sont également au programme. L’expert Julien Estier interviendra sur le management intergénérationnel, l’une des problématiques majeures de la filière. Une cartographie régionale sur l’agroalimentaire sur laquelle œuvre Vitagora depuis plusieurs mois fera enfin l’objet d’une présentation particulièrement attendue. Il faut dire que celle-ci, en sus du poids de la filière, dévoilera les enjeux majeurs, territoire par territoire, liés au changement climatique, à la ressource en eau, etc.