Le 8 avril débute au Planétarium une exposition qui va avoir du piquant. Elle placera les projecteurs sur « les insectes pollinisateurs qui font le Buzz ». Abeilles en tête… des sentinelles de l’environnement que la Ville de Dijon n’a de cesse de protéger, comme le prouve le nouveau Label APIcité qu’elle vient de se voir décerner. Le conseiller municipal Patrice Chateau détaille les enjeux de cette politique…
Dijon vient de se voir décerner le Label APIcité à son plus haut niveau de distinction : « 3 Abeilles, démarche exemplaire ». Et ce, pour la 4e fois consécutive… J’imagine que vous devez vous en réjouir ?
« Nous allons, c’est certain, dans le bon sens. Cette distinction, créée par l’Union nationale de l’apiculture française, compte, dans son comité de labellisation, l’association française d’agroforesterie, l’association Hortis regroupant les responsables d’espaces natures en ville ainsi que l’association Noé qui a pour mission de sauvegarder la biodiversité par des programmes de conservation d’espaces menacés. C’est dire à quel point son expertise est reconnue. Et le Label 3 Abeilles montre à quel point nos actions dans le domaine sont exemplaires. C’est la raison pour laquelle nous disons : Dijon aime, protège et défend l’abeille ! Il faut également noter que seule notre capitale régionale et Clermont-Ferrand ont reçu ce prix à cette occasion. Peu de grandes villes ont accès à ce Label et nous pouvons nous en réjouir ».
Quelles sont les actions qui contribuent à cette belle reconnaissance ?
« La Ville de Dijon a signé il y a 10 ans la charte Abeilles, sentinelles de l’Environnement avec l’Union nationale de l’apiculture française. Nous avons installé une centaine de ruches sur le territoire de la ville. Comme sa superficie est de 42 km², cela fait en moyenne 2,5 ruches par km². C’est très important parce que c’est exactement le bon ratio afin que les abeilles puissent s’alimenter dans les meilleures conditions. Et tout est fait sous la conduite des experts du Jardin de l’Arquebuse. Nous produisons, avec à la fois des professionnels et des amateurs, du miel – 730 kg en 2022 – et celui-ci est reconnu pour sa qualité. Je devrais parler en réalité de nos miels car ils sont différents en fonction de la richesse de la biodiversité de la proximité de la ruche. Nous organisons souvent des dégustations lors d’événements à l’image de la Fête de la Nature le 14 mai prochain ou encore des Api-Days le 18 juin. Nous avons remporté plusieurs fois des concours organisés lors des Assises nationales de la Biodiversité avec nos miels. Notre entretien écologique des espaces verts favorise les abeilles et les pollinisateurs sauvages dont pas moins de 181 espèces ont été recensées sur Dijon avec, notamment, le fait de veiller à introduire des plantes mellifères. Nous travaillons, je le rappelle, avec le Label Eco-Jardin ».
Les abeilles, sentinelles de l’environnement, c’est une formule porteuse de sens…
« La pollinisation garantit en effet notre production alimentaire, car 75% des cultures alimentaires en dépendent. Pour les espèces végétales cultivées en France et en Europe, ce chiffre grimpe jusqu’à 84%. La richesse de nos assiettes vient aussi du travail des abeilles et des pollinisateurs sauvages. Il ne faut pas l’oublier dans une ville qui a la gastronomie au cœur… Si l’on traite bien les abeilles, elles nous le rendent bien. Et dans le domaine, nous avons une mauvaise nouvelle : la pollinisation naturelle des cassissiers ne se fait plus à 98% et cette situation inquiète ainsi particulièrement les producteurs de la variété Noir de Bourgogne, à l’origine du Cassis de Dijon. C’est évidemment lié au réchauffement climatique qui rompt les équilibres de nos écosystèmes. Son impact sur la biodiversité est dramatique avec un effondrement des espèces. Je ne peux que conseiller la lecture de l’ouvrage de Bruno David intitulé A l’ombre des Crises anciennes-Une histoire de la Biosphère, qui est particulièrement éclairant. Toutes les actions que l’on mène afin de lutter contre l’impact du réchauffement climatique sont ainsi particulièrement pertinentes. Ce que nous faisons à Dijon en faveur des énergies vertes est exemplaire et lorsque l’on regarde le récent rapport du GIEC, nous voyons que nous sommes dans les clous. Et si l’on prend les bonnes mesures, la biodiversité revient… »
Vous avez décidé de faire goûter le miel aux jeunes dijonnais. Cette opération a débuté en décembre à l’école Paulette-Lévy. Est-ce une façon de les sensibiliser aux circuits courts ?
« Nous faisons en effet goûter ce miel dans les écoles. Les élèves des établissements Eiffel, Larrey, Jean-Jaurès, Mont des Vignes et Valendons ont aussi pu déguster ce produit dijonnais par excellence. A cette occasion leur est notamment expliquée la façon dont il est produit. Ces opérations sont à rapprocher des visites des nombreuses classes dijonnaises effectuées au Jardin de l’Arquebuse ou encore au parc de la Colombière. C’est un moyen de faire partager nos connaissances de façon joyeuse. Tout comme l’exposition organisée à partir du 8 avril au Planétarium intitulée : Les insectes pollinisateurs font le Buzz ! »
Propos recueillis par Camille Gablo