Guillaume Ruet : « Face aux crises, aller au-delà de ses engagements ! »

75 % des promesses de campagne déjà réalisées à mi-mandat… Guillaume Ruet, le maire de Chevigny-Saint-Sauveur, ne chôme pas. D’autant que les projets de manquent pas. Explications.

Que faut-il retenir d’essentiel de ces trois premières années de mandat ?

« Souvenons-nous que nous n’étions pas encore installés qu’il a fallu gérer la crise sanitaire du Covid. Et quand on en est sorti, c’est la crise énergétique liée à la guerre en Ukraine qu’il a fallu ensuite affronter tout en ne perdant pas de vue les enjeux pour préparer Chevigny aux enjeux de demain : aspiration à la qualité de vie, transition écologique et numérique, vieillissement de la population… Voilà la situation à laquelle nous avons été confrontés en permanence depuis les dernières élections municipales : répondre à des crises auxquelles on ne s’attendait pas et, dans le même temps, mettre en place notre programme ».

Que retenez-vous de ces crises ?

« Si elles peuvent être pénibles à vivre, les crises sont aussi des moments de vérité, elles nous permettent de « voir ce que l’on a dans le ventre » et de savoir sur qui on peut compter.  Elles constituent également de formidables opportunités pour avancer plus vite et plus loin. Il ne faut pas être attentiste et se replier sur soi. Être au pied du mur doit stimuler l’inventivité. A Chevigny, les crises nous ont ainsi incité à prendre des initiatives au service des Chevignois. De faire plus et d’aller plus vite. C’est flagrant par exemple sur le sujet du commerce à Chevigny. Les différents confinements nous ont conduit à nous interroger sur la promotion des commerces Chevignois, ce qui a découlé sur de multiples initiatives innovantes telle que la démarche « J’achète à Chevigny » pour promouvoir l’achat local ou encore la mise en œuvre du « chéquier Réduc Commerçant ». On a été imité par d’autres et c’est plutôt flatteur ».

Avez-vous avancé sur le programme que vous aviez présenté aux électeurs en 2020 ?

« 75 % de ce qui a été annoncé pendant la campagne a été réalisé, et le reste le sera d’ici la fin de mandat. Nous sommes dans les temps dans notre plan de mandat. Ca avance bien. C’est une belle source de satisfaction, c’est le résultat de nombreux efforts. Je me donne à 100% et j’ai la chance d’avoir une équipe solide avec moi. Et je suis fier de dire que nous avons même fait plus que prévu. Par exemple, on va engager des travaux dans deux écoles sur quatre avec des rénovations thermiques très ambitieuses. Des rénovations dont l’ampleur dépasse largement ce qu’on avait prévu ».

Quels sont les grands dossiers en cours qui vous tiennent particulièrement à cœur ?

« La transition énergétique et environnementale est un sujet fort de notre mandat. C’est pourquoi j’ai demandé à un bureau d’études spécialisé, Greenflex, de nous accompagner et nous aider à élaborer une feuille de route stratégique pour atteindre nos objectifs de baisse de consommation d’énergie décarbonée pour 2030. Depuis 2019, nous avons déjà baissé la consommation d’énergie a baissé de près de 30 %, mais nous voulons aller plus loin ! C’est un vaste chantier coûteux mais structurant. On a lancé par exemple en 2022 la rénovation thermique de l’école Ez Allouères. L’objectif est de faire une économie d’au moins 60 % dès 2023. C’est-à-dire qu’on s’inscrit dès maintenant dans les normes qui seront en vigueur en 2050. On lancera en juillet prochain les travaux pour une réhabilitation très importante de l’école Buisson-Rond. Une réhabilitation qui va s’étendre sur près de 4 ans. Ce sera le premier bâtiment de la commune à énergie positive. C’est-à-dire qu’il produira plus d’énergie qu’il en consommera ».

Comment caractériseriez-vous le budget de votre commune ?

« Malgré la période difficile, les finances de la ville sont saines. Nous sommes très vigilants sur les dépenses de fonctionnement pour les maîtriser dans le contexte que l’on connait de hausses des prix de l’énergie. Nos taux de fiscalité sont inférieurs à la moyenne des autres communes de l’agglomération et ils resteront identiques à 2022. Notre endettement est maîtrisé. Nous avons adopté un budget offensif en matière d’investissement, avec une stratégie pluriannuelle que nous respectons. Sous le précédent mandat, la moyenne d’investissement en dépenses d’équipements était à 2,5 millions par an. En 2022, nous étions à plus de 7 millions. En 2023, nous prévoyons 4 millions. C’est considérable mais c’est essentiel, car une ville qui n’investit pas est une ville qui s’affaiblit et qui meurt à petit feu. Pour financer ce programme ambitieux d’investissement, nous nous en donnons les moyens. Nous faisons des économies de fonctionnement, en optimisant toujours plus notre organisation (nous avons moins d’agents communaux que dans d’autres communes comparables), mais surtout, nous partons à la recherche systématique de subvention auprès de nos partenaires, comme le Département, la Région ou l’Etat. Nos gros projets sont très bien subventionnés ».

Comment expliquez-vous le fait que votre commune perde des habitants ?

« Depuis 2019, nous avons perdu près 800 habitants alors qu’on a construit des logements. Cela représente 180 enfants en moins dans nos écoles. Ce n’est pas un problème d’attractivité, car on n’a quasiment pas de logements vacants, mais il y a plus de personnes seules, moins d’enfants par ménage et plus de familles monoparentales. Ce n’est évidemment pas propre à Chevigny. Toutes les villes vivent cette situation. Il nous faut davantage de logements pour loger le même nombre d’habitants. Je reçois ainsi beaucoup de lettres de personnes me disant quitter la ville avec regret, car elles ne trouvent pas de logements sur Chevigny.

Nous avons différents projets de construction de logements dans la mesure où notre réserve foncière reste encore importante. J’ai également le projet de bâtir une résidence senior, pour répondre au besoin d’habitat adapté des aînés. Contrairement à ce que les gens peuvent penser, il est nécessaire de construire, mais de manière encadrée. Pas pour accroître la population mais pour la stabiliser ».

Chevigny-Saint-Sauveur ville sportive, vous y tenez beaucoup ?

« Nous avons une politique sportive parmi les plus dynamiques de la région. Chevigny a d’ailleurs été primée « Ville active et sportive avec 3 lauriers » et labelisée « Terre des Jeux ». Nous avons non seulement de beaux équipements, mais nous avons surtout une véritable politique pour encourager les Chevignois, notamment les enfants, à la pratique sportive. Nous organisons toute l’année de nombreuses actions et manifestations pour promouvoir l’activité physique à tous les âges. Nous sommes une des premières villes à mettre en place le « savoir rouler à l’école » et nous avons la chance (certes coûteuse) d’avoir une piscine, ce qui permet d’apprendre à tous les écoliers de la ville à nager. Bref, c’est une véritable politique de santé publique, notamment pour lutter contre la sédentarité. Qui plus est, le sport véhicule de belles valeurs : le respect, le goût de l’effort, l’esprit d’équipe… Le sport rassemble et crée de la cohésion sociale. C’est un projet de ville ».

La sécurité reste-t-elle encore aujourd’hui votre priorité ?

« Plus que jamais. Sans tranquillité, il ne peut pas y avoir de qualité de vie. C’est un travail quotidien, en lien avec la Gendarmerie. Pendant la campagne électorale, j’avais promis d’augmenter les effectifs de la police municipale : depuis le 3 avril, il y a désormais 6 agents qui seront armés d’armes létales dans le courant de l’année. Nous avons également augmenté notre parc de vidéoprotection. Une cinquantaine de caméras sont installées. Cela nous a permis de soutenir le travail de la gendarmerie et de la justice au moment de faits divers importants, dont les auteurs présumés ont été rapidement interpellés grâce aux images de nos caméras. En parallèle, nous menons de nombreuses actions de prévention et de sensibilisation ».

A côté de la sécurité, il y a aussi les valeurs de la République ?

« Après l’assassinat islamiste de Samuel Paty, nous avons lancé un groupe de travail pour établir un plan de promotion des valeurs de la République et de la laïcité. Et depuis, la Ville de Chevigny mène des actions en faveur de la citoyenneté. N’oublions jamais les devoirs qui sont les nôtres. Nos valeurs républicaines sont parfois attaquées, il ne faut pas avoir peur de les défendre. J’ai d’ailleurs fait de 2023 une année placée sous le signe de l’engagement. Je souhaite mettre en avant toutes les formes d’engagement, de bénévolat, de volontariat, de civisme… Chevigny-Saint-Sauveur est devenue la première ville de Bourgogne – Franche-Comté à adhérer au passeport du civisme qui crée beaucoup de liens et une belle émulation autour des valeurs de la République et de l’engagement citoyen. Je suis convaincu que c’est au maire de prendre son bâton de pèlerin pour lutter contre cette tendance naturelle à l’individualisme et au repli sur soi. Il faut faire en sorte d’avoir des villes vivantes, solidaires avec une véritable entraide de proximité. C’est ça la République ».

Propos recueillis par Jean-Louis Pierre