François Sauvadet : « Partout où nous le pouvons, nous répondons présents »

« Nous restons le 1er investisseur public de Côte-d’Or et c’est bon pour l’emploi » se plait à souligner François Sauvadet. Plus que jamais « 100% Côte-d'Or », le président du Département reste convaincu que sa collectivité constitue le bon échelon « pour redonner confiance à nos concitoyens »

Qu'est-ce qui illustre le mieux l'action du Département de la Côte-d'Or depuis les dernières élections de 2021 ?

« Sans aucun doute, les solidarités humaines. Elles sont au cœur des compétences du Département. J’y ajoute la proximité parce que c’est la toile de fond de notre action et l’ADN du Département. Notre premier objectif a été de protéger les plus fragiles face aux différentes crises que nous traversons depuis 2020 nous obligent à être aux côtés des plus fragiles. Nous avons adapté nos interventions pour soutenir le pouvoir d’achat des familles, pour accompagner les familles d’artisans et de commerçants particulièrement exposés, pour faciliter le retour à l’emploi… J’ai la conviction profonde que les Départements sont le bon échelon pour agir et redonner confiance à nos concitoyens dans notre capacité à changer les choses. Je m’y emploie sans relâche ».

Beaucoup d'incertitudes et d'inquiétudes pèsent sur les finances départementales. On peut imaginer que dans le contexte actuel il n'est pas aisé d'établir un budget ? Les marges de manœuvre sont des plus réduites ?

« Le contexte est difficile pour nos compatriotes, comme pour nous. Nous avons dû faire face à une explosion de nos dépenses avec 33,5 M€ de dépenses de fonctionnement supplémentaires cette année, du fait essentiellement de décisions gouvernementales (extension du Segur, revalorisation du point d’indice dans la fonction publique, augmentation du RSA). Nous avons aussi dû faire face au renchérissement du coût de l’énergie. Malgré cela, nous maintenons un fort niveau d’investissement à 110 M€.

Nous avions fait le choix ces dernières années de nous désendetter. Cela a permis au Département d’avoir un budget contracyclique afin de faire face aux crises qui se succèdent et de continuer à investir pour l’avenir.

Nous restons le 1er investisseur public de Côte-d’Or et c’est bon pour l’emploi : 70 % de nos marchés sont assurés par des entreprises côte-d’oriennes. Cela permet de soutenir l’activité locale car l’effet levier de nos subventions aux collectivités locales est considérable : chaque euro investi par le Département génère 3 euros de travaux !

Nous allons achever cette année la fibre optique pour un accès au très haut débit sur 100 % du territoire. Mais nous sommes aussi face au défi des transitions énergétique, écologique, climatique, numérique, générationnelle et celle liée aux mobilités. Nous avons lancé notre grand plan solaire Côte-d’Or, qui vise au déploiement de plus de 40 000 m² de panneaux photovoltaïques sur nos bâtiments et nos collèges.

La question est maintenant de savoir comment maintenir ce rythme dans les années futures car beaucoup d’incertitudes pèsent sur les finances départementales, avec une forte probabilité de contribution au « quoi qu’il en coûte » de l’Etat. Je crains aussi un retournement de conjoncture sur les droits de mutation (NDLR : il s’agit des recettes générées par les transactions immobilières dans le département), qui ont connu un niveau particulièrement haut en 2021 et 2022. Mais qu’en sera-t-il en 2023 avec des taux d’emprunt qui repartent à la hausse et des refus de plus en plus nombreux ? ».

L'accompagnement social reste votre principale dépense ?

« Oui les solidarités sociales et humaines sont nos priorités. Nous allons y consacrer 331,7 M€ en 2023, soit la moitié de notre budget. C’est un budget qui augmente cette année encore pour continuer d’assurer nos missions au plus près des habitants.

Nous avons près de 12 000 personnes âgées bénéficiaires de l’Allocation Personnalisée d’Autonomie (APA), à domicile ou en établissement. L’accompagnement des personnes âgées est notre première dépense (94,2 M€ engagés sur le budget 2023, juste devant le handicap, dont 12 M€ spécifiquement dédiés aux personnes handicapées vieillissantes).

Nous avons maintenu notre soutien exceptionnel de 200 000€ aux associations d’aide alimentaire dont les épiceries solidaires étudiantes. Pour la 4e année consécutive, nous poursuivons le tarif unique à 2 € le repas servi dans les cantines des collèges, un des plus bas de France.

Nous avons prolongé également les aides à l’achat à l’achat de carburant pour les travailleurs obligés de prendre leur voiture pour leurs déplacements domicile-travail et déplacements professionnels. Déjà 2 150 aides versées depuis l’été dernier pour un total de 472 000 €. Nous avons mis en place une aide aux familles d’artisans et de commerçants mises en difficulté par l’explosion de leurs charges et notamment des factures d’énergie.

Partout où nous le pouvons, nous répondons présents pour accompagner les Côte-d’Oriens fragilisés par les difficultés de la vie ».

L'équilibre entre ville et campagne demeure-t-il plus que jamais votre credo ?

« Plus que jamais ! Chacun le voit bien que cette crise économique et sociale touche plus durement le monde rural, parce que dans le monde rural, on a besoin de sa voiture pour tous les actes de la vie. Si le choc économique venait à se prolonger, c’est l’investissement qui diminuerait fortement, ce que je ne souhaite pas.

Nous devons donc veiller à un aménagement équilibré pour éviter que des fractures se creusent entre le monde rural et le monde urbain.

Cela vaut aussi pour l’eau, parce que je refuse de voir se développer un modèle où le prix de l’eau se stabiliserait en ville et exploserait à la campagne. Le partage de l’eau est plus que jamais indispensable car la situation devient explosive avec des inégalités fortes entre territoires, et des inégalités qui pourraient être figées sans action concertée et partagée. C’est le sens de mon combat : permettre un accès à une eau de qualité, partout et pour tous, à un tarif supportable.

Je me réjouis que le Gouvermenent, à travers son Plan Eau présenté tout récemment, redonne aux Départements une place centrale dans la gestion de l’eau. L’intervention des Départements sera facilitée avec la possibilité d’une maîtrise d’ouvrage déléguée des travaux dès lors que ces derniers excèdent le périmètre d’un syndicat ou d’une intercommunalité à fiscalité propre compétents en matière d’eau.

C’est une très bonne nouvelle pour la mobilisation de la boucle des Maillys, propriété du Département qui représente un potentiel de 20 000 m3 par jour et 7,3 millions de m3 par an, soit le tiers du besoin annuel de la métropole dijonnaise. C’est dire l’intérêt de mobiliser cette ressource qui sécurisera l’alimentation en eau potable sur la partie sud - sud-est du département. Et c’est un projet attendu par les élus locaux pour lequel le Département va enfin pouvoir prendre le manche.

Donc oui, je me bats encore et encore pour un développement équilibré entre la ville et la campagne parce que chaque Côte-d’Orien doit pouvoir se voir un avenir là où il a décidé de vivre ».

La lutte contre l'illectronisme reste aussi une priorité de votre mandat. Les Côte-d'Oriens sont-ils nombreux à être touchés ?

« Nous avons réalisé une étude et cette étude a mis en lumière que 40% des Côte-d’Oriens, toute catégorie d’âge confondue, se déclarent en difficulté avec le numérique. Plus d’un tiers des Côte-d’Oriens a déclaré ne pas être en mesure d’utiliser le numérique pour réaliser des démarches en ligne.

La question des usages numériques est donc centrale et capitale. Nous avons amplifié nos actions avec un bouquet de services à destination des collectivités pour favoriser l’inclusion numérique des Côte-d’Oriens. Nous avons étoffé notre équipe de conseillers numériques pour répondre à la demande croissante des usagers. Tout cela dans le but de résorber ces difficultés liées au numérique et de proposer des services publics de qualité, simples et inclusifs.

Nous avons maintenant dans le département un maillage du territoire important en espaces labellisés Maisons France Services Côte-d’Or et en Espaces publics numériques Côte-d’Or ». 

Le gouvernement d'Elisabeth Borne, on le sait, est en position de faiblesse. Dans l'hypothèse d'un remaniement, seriez-vous prêt à rejoindre une équipe dont le Premier Ministre pourrait être François Bayrou ou François Baroin dont les noms circulent avec insistance ?

« Vous savez, je suis entièrement mobilisé à ma mission au Département et j’entends continuer à servir notre belle Côte-d’Or et ses habitants. Et puis vous le savez, je suis président des Départements de France depuis près de deux ans. Je vais poursuivre le travail engagé avec le Gouvernement pour simplifier l’action publique et être toujours plus efficace au service de nos concitoyens. Voilà à quoi je travaille sans relâche ! »

Propos recueillis par Jean-Louis Pierre