Le Palais Bourbon a accumulé scories verbales, vociférations bestiales, au point de ressembler à un stade olympique de la provocation. La retraite a battu son plein, sans jamais parvenir au cœur du problème que constitue le fameux article 7. Une vraie Arlésienne que ce « 7 de pic », qui fixe le report de l'âge légal de départ à la retraite à 64 ans (contre 62 actuellement) : s'il a fait hurler une partie des élus, il n'a jamais eu véritablement droit de cité dans l'hémicycle. Non, rien n'a été tenté pour l'améliorer, pour le faire évoluer, pour répondre aux préoccupations de l'homme de la rue. Un homme de la rue, qui n'en revenait pas d'avoir pu voter pour des représentants du peuple aussi pitoyables. Dieu, quel bazar depuis ce 6 février !
Telle est aujourd’hui la France du gâchis, d’une démocratie bancale, d’un manque de respect envers les citoyens. Bref, nous voilà citoyens d’un pays qui glisse vers une paupérisation intellectuelle, vers un pouvoir législatif inconsistant, et fait face à un gouvernement englué dans un irréel du présent. Les conséquences de l’égarement de moult de nos députés, celles des certains ministres empêtrés dans leurs statistiques kafkaïennes sont hélas visibles aux yeux de tous.
Partons du bas de cette tour Bourbon/Babel, où le dialecte trivial, fasciste de la Nupes, a étouffé toute voix de la sagesse : les Verts ramènent, aujourd’hui, leur fraise en dénonçant la stratégie d’obstruction des disciples de Mélenchon. C’est à mourir de rire. Autre fissure dans les rangs des mi-figue mi-raisin que furent les Républicains : Eric Ciotti a retiré à Aurélien Pradier le titre de N°2 du parti. Pas grave, mais ça fait désordre.
Quant au haut de l’édifice, le triumvirat Modem/LREM /Horizon a du plomb dans l’aile : Horizon - dit-on en coulisses- porterait son regard quelque part ailleurs, hors du pré-carré des Jacobins Elysée/Matignon. A l’issue de ces débats parlementaires, c’est le Samu garanti pour les deux grands corps malades que sont l’Assemblée nationale et un gouvernement sous influence de technocrates et de statisticiens, incapable d’esquisser un futur pour la France, en perte de crédibilité…
Des gagnants au sortir de cet imbroglio ? Oui, il y en a… Du moins pour l’instant. Le comportement incohérent, immature des élus a permis aux syndicats de se refaire une santé, de remettre au goût du jour leur savoir-faire en matière de manifestations, de tenir à nouveau le haut du pavé.
Désormais, la réforme doit être examinée, début mars, en commission au Sénat - la chambre haute du Parlement français. Sans doute, assisterons-nous à une deuxième manche plus calme, à des discussions d’une autre hauteur de vue. Aux sénateurs donc de nous faire oublier le barnum de ces deux dernières semaines ! Le Festival du cri de la Mouette recrute déjà des candidats pour l’édition 2024, pourquoi ne pas inscrire d’office Sandrine Rousseau ou Mathilde Panot, Thomas Portes etc. Les organisateurs accueillent bécasses et oiseaux sans tête...
Marie-France Poirier