Jean Battault : « Toujours la même émotion »

Plus qu’un événement, la Foire internationale et gastronomique de Dijon est devenue une véritable institution, ancrée dans l’ADN de Dijon et des Dijonnais, qui perdure de générations en générations. Voilà en effet plus de 100 ans que cette manifestation propose un tour de France et du monde des spécialités culinaires. Avec plus de 160 000 visiteurs de tous horizons et près de 500 exposants, la Foire de Dijon s’impose comme le plus important de la région Bourgogne-Franche-Comté. Entretien avec son « chef » Jean Battault, président de Dijon Congrexpo.

Dijon l’Hebdo : La Foire, finalement, n’est-ce pas le meilleur moment de l’année pour le président de Dijon Congrexpo ?

Jean Battault : « C’est assurément le meilleur moment de l’année dans la mesure où cette Foire se prépare sur le long terme avec nos équipes toujours à la recherche de l’efficience et de l’excellence

et tous nos partenaires que nous mettons en action pour ce temps fort qui résonne bien au-delà de la capitale des Ducs de Bourgogne. Le temps d’une Foire -cette année du 1er au 13 novembre 2022- est donc le résultat de longs mois de travail. Et je dois avouer que c’est toujours la même émotion à la veille de l’inauguration ».

DLH : On avait pris la bonne habitude de découvrir un pays étranger hôte de la Foire. Ce ne sera pas le cas cette année. La Foire n’est-elle pas en passe de perdre sa dimension internationale ?

J. B : « Absolument pas ! D’abord n’oublions pas que nous sommes les créateurs du principe « pays hôte d’honneur ». On l’a fait en 1921 en accueillant le Brésil. Imaginez qu’à cette époque-là il fallait plusieurs mois de bateau pour arriver sur les côtes françaises. Et je note que toutes les foires de France nous ont copiés depuis. Et c’est tant mieux.

A Dijon Congrexpo, nous ne sommes pas dans l’immobilisme. Nous cherchons à être en constante évolution. L’an passé, nous avons décidé de changer notre format avec la volonté de revenir à nos fondamentaux. Nous avons mis de côté cette année encore le principe de l’hôte d’honneur étranger afin de pouvoir focaliser cette édition sur le vin. Mais nous ne voulons pas détourner notre regard de l’étranger, si bien que nous aurons un village international, regroupant des villages thématiques ».

DLH : Le principe d’un hôte d’honneur reste tout de même dans vos têtes ?

J. B : « Pour autant, nous n’abandonnons pas le principe d’un pays hôte d’honneur. La preuve, c’est que je viens de rencontrer l’ambassadeur d’un grand pays qui n’a jamais participé à une foire grand public, réservant jusqu’à présent sa présence à des grandes foires professionnelles. Un pays dont j’ai toujours rêvé et que nous devrions, en principe, retrouver au cours de l’édition 2024 dans le cadre d’une édition qu’on peut déjà qualifier d’exceptionnelle. Ce qui se prépare est vraiment époustouflant, je peux vous l’assurer ».

DLH : Et ce pays dont vous rêvez, quel est-il ?

J. B : « Un peu de patience. Pour l’heure concentrons nous sur cette nouvelle édition ».

DLH : Cette année, l’invité d’honneur, c’est le vin ?

J. B : « Après la gastronomie l’an passé, ce sera effectivement le vin qui sera mis à l’honneur. Dans le cadre de Vinidivio, nous faisions toujours un concours des vins du pays hôte d’honneur. Cette année, nous verrons beaucoup plus grand avec un concours pinot noir – chardonnay du monde entier qui sera présidé par Eric Goettelmann. Pinot noir et chardonnay sont des cépages qui ont été plantés un peu partout. Dans des pays lointains mais aussi dans des contrées plus proches comme l’Ardèche avec la Maison Latour. D’autres bourguignons comme Jadot, Drouhin… ont planté dans l’Oregon. On trouve aussi des Bourguignons dans la Nappa. Tous ceux-là intégreront une catégorie spéciale pour concourir. Nous avons plus de 200 inscrits pour cet événement qui vaudra médailles et qui n’a jamais eu lieu à Dijon dans cette dimension ».

DLH : Il faut dire que vous avez une relation particulière avec le monde du vin…

J. B : « La Foire et l’association Dijon Congrexpo sont les seules structures constituées à Dijon qui ont une relation aussi privilégiée avec le monde du vin. Quand je parle du vin, j’évoque aussi bien l’Afrique du Sud, le Chili ou encore le Portugal, pour ce citer qu’eux, sans oublier évidemment tous nos interlocuteurs locaux. Pour la petite histoire, je rappelle que la Confrérie des Chevaliers du Tastevin a été créée 13 ans après la Foire de Dijon par 60 % de gens qui avaient mis sur pied la Foire. C’était à l’initiative de chefs d’entreprises en dehors du système consulaire qui a toujours brillé par son absence.

Nous sommes l’interlocuteur de deux grands organismes italiens du Piemont, la Strada del barolo et la Grandi vini di Langa qui m’ont demandé de conduire une délégation de personnalités bourguignonnes de tout premier plan au moment du festival de la truffe blanche pour y retrouver le nec plus ultra viticole et plus particulièrement ceux qui s’intéressent à la Bourgogne ».

DLH : Quels sont les partenaires sur lesquels vous vous appuyez pour organiser ce temps fort de la vie dijonnaise ?

J. B : « Nos partenaires habituels seront là. Je dis souvent que la Foire est un podium que nous mettons à disposition d’associations et d’organisations qui n’ont pas forcément les moyens de se mettre en avant. Et notamment de bénéficier des relations privilégiées que nous avons bâties au fil du temps. On retrouve nos partenaires habituels comme l’Amicale des Cuisiniers, la fédération de chasse de la Côte-d’Or sans oublier des moments phares comme le Grand Prix national de la Gourmandise… On retrouvera cette année le périmètre habituel de la Foire au sein de laquelle nous allons remettre aussi les projecteurs sur la Banque alimentaire qui fera appel à la générosité de nos 160 000 visiteurs. Pour moi, il est choquant de parler à tout crin de gastronomie quand il y a autour de nous des gens qui manquent du nécessaire alimentaire ».

Propos recueillis par Jean-Louis Pierre