Et pan sur le tampon !

Pavée de bonnes intentions, la Poste est comme l’enfer : on nous annonce la transformation du bureau Grangier à grands coups de trompettes « pour mieux accueillir chaque typologie de clients »…

Mazette ! Oyez, usagers que vous êtes, le choix sémantique pas piqué des vers des chargés de communication nourris – c’est certain – au petit lait du Littré. Ils sont joyeux, ces diablotins de la faconde médiatique, lorsqu’ils vont jusqu’à s’enthousiasmer et écrire à propos du néo- Grangier : « Il sera l’un des tout premiers des 80 bureaux à expérimenter un nouveau concept plus modulable, avec des espaces, des environnements pensés en fonction des clients de sa zone de chalandise »…

Faut-il préciser que ce grand chambardement va principalement privilégier les activités marchandes et bancaires de la Poste ? Le parent pauvre dans cette odyssée d’un nouveau monde, c’est notre timbre poste. Timbre poste qui a bien augmenté dès l’été (la faute à l’Ukraine, sans doute ?) et qui a divorcé de sa Marianne de papier au profit d’une version digitale à partir du 1er janvier 2023. Baptisée « e-Lettre rouge », cette nouvelle formule dématérialisée coûtera 1,49 euro, contre 1,43 euro.  L’époque est sans gloire et sans panache, dirait Cyrano de Bergerac.

Tiens, jugez de son manque d’aptitude à l’exploit jadis quotidien de distribuer correctement courrier et colis. Tout récemment, je découvre un avis de passage déposé dans ma boîte pour me signaler qu’une lettre recommandée m’a été adressée et que je pouvais aller la chercher à l’agence de l’Arquebuse. Bien évidemment, je grogne car le facteur s’est dispensé de sonner – alors que je n’avais pas bougé de chez moi. Le jour suivant, je me propulse vers midi et demi à pieds dans ce quartier de Dijon, loin de mon domicile. J’atterris dans un bureau de poste désert au milieu de trois postières en pleine discussion. Okay-okay… J’impatiente 30 secondes… Je tousse… Et finis par attirer l’attention. S’en suit le dialogue suivant :

  • « On n’a pas encore eu le temps de trier tout le recommandé. Une minute, et on s’occupe de votre lettre. 
  • Tiens, c’est curieux. On la trouve pas ! Attendez, on va regarder sur l’ordinateur pour voir son suivi ».

Et quelques secondes plus tard : « Madame, le facteur s’est trompé. Vous relevez de Grangier ! »

Je fulmine, mais j’obtempère sans me montrer trop désobligeante et sprinte en direction du centre-ville. Toute rouge – il est 12 heures 45 et c’est la canicule plein pot – j’arrive à destination pour trouver porte close. Ben oui, suis-je idiote ! Le lundi, le bureau de l’Arquebuse demeure ouvert, tandis que Grangier est fermé jusqu’à 13 heures30. Me voilà donc « grosjean comme devant » face au manque d’harmonisation des horaires des bureaux de poste dans Dijon intra-muros… J’ose espérer que le nouveau concept présenté par la direction et son staff de communicants comme plus « modulable, plus à l’écoute » prendra enfin en considération ma « typologie » – ut dixit de simple particulier – moi qui ne suis ni un « commerçant du E-commerce », ni « un client Pro », ni un propriétaire d’un compte bancaire La Poste…

La Poste va-elle continuer de fuir l’usager-lambda comme la peste ?

Marie-France Poirier