Christophe Lucand : « Nulle part ailleurs ! » 

À 7 min de Dijon, Gevrey-Chambertin, qui dispose de la première gare sur la côte vineuse, entretient son rayonnement vitivinicole reconnu dans le monde entier tout en favorisant le bien-vivre de ses habitants. Pour ce faire, le maire Christophe Lucand articule sa politique autour de trois piliers : le dynamisme économique, l’écologie et la solidarité. Les réalisations et les projets sont nombreux et Gevrey-Chambertin continue d’écrire son histoire au présent.

Dijon l’Hebdo : La pandémie vous a-t-elle ralenti dans les nombreux projets que vous avez présentés en 2020 à vos administrés qui vous ont élu dès le premier tour des élections municipales ?

Christophe Lucand : « Ce fut évidemment deux années compliquées puisque nous avons subi plus d’un an et demi de crise sanitaire. Mais cela ne nous a pas empêchés d’engager notre programme fondé à la fois sur le dynamisme économique de la ville, sa forte dimension écologique, ainsi qu’une vraie action sociale et solidaire. Nous avons réussi à ce que Gevrey-Chambertin demeure une commune très entreprenante. Nous avons, par exemple, mis en place une politique ambitieuse et exigeante à l’attention de nos commerces locaux. De ce point de vue, notre Municipalité assume complètement son rôle interventionniste. C’est le cas par exemple à travers l’acquisition en propriété de cinq locaux commerciaux qui contribuent à accompagner la présence et la diversité de l’offre locale. Récemment, un nouveau commerce, « Le Clos des Artisans », a bénéficié de cette orientation en accueillant un commerce collectif d’artisans locaux qui se sont regroupés à cette occasion en association. Cette dizaine de producteurs a dorénavant pignon sur rue, au cœur de notre centre-bourg. Séparément, ils n’auraient pas pu disposer d’un tel espace. Cela fait partie des innovations que nous portons au regard de la singularité de notre situation, à proximité de la métropole dijonnaise. Nous développons, soutenons ou accompagnons les activités et initiatives innovantes susceptibles de s’épanouir dans notre petite ville, toujours à partir d’offres et de produits uniques. C’est la valorisation du « nulle part ailleurs ».

Bien sûr, ces actions se poursuivent. La Ville a récemment acquis par exemple l’ancienne agence de la Caisse d’Épargne, local commercial loué désormais par le restaurateur-traiteur Philippe Poillot ; professionnel de renom, bien connu avec le « Clos du Roy ». De la même façon, la Municipalité a proposé une boutique d’exception à Estelle, notre fleuriste locale qui, au demeurant, est aussi designer floral bien connue pour ses formations et ses cours. Il s’agit pour nous de favoriser au maximum l’implantation d’activités, de favoriser le lien social et d’empêcher une mutation immobilière inappropriée pour nos habitants, pour les visiteurs, comme pour les touristes. À ce titre, la Halle Chambertin, qu’il n’est maintenant plus besoin de présenter, participe à la dynamisation de notre centre bourg et, d’une manière générale, de toute la ville, et j’en suis très heureux.

Mais notre vitalité économique repose également sur nos zones d’activités, dont celle des Terres d’Or. Avec environ 3 000 emplois pour 3 000 habitants, Gevrey-Chambertin démontre là encore son dynamisme. La Ville investit pour favoriser l’environnement propice aux entreprises. C’est un héritage fort pour Gevrey-Chambertin. Et nous le faisons fructifier. Sachez par exemple que chaque jour, il y a plus de Dijonnais qui arrivent en train à la gare de Gevrey pour se rendre à leur travail, que de Gibriaçois qui y montent ! La grande majorité des emplois pourvus dans notre petite ville provient d’ouvriers, d’employés ou de cadres vivant à l’extérieur notre ville. Ça n’est anodin ! »

DLH : L’écologie était inscrite au firmament de votre programme. Pouvez-vous nous en dire plus sur la transition prise par Gevrey-Chambertin ?

C. L : « Vous savez à quel point la transition écologique me tient particulièrement à cœur. Nous avons mis un coup d’accélérateur dans ce sens en déclinant l’écologie de manière transversale dans tous les domaines de la politique communale. Avec le développement d’une politique vélos sans précédent, nous avons par exemple été l’une des premières communes à développer un dispositif de soutien fort à la mobilité douce. Ce sont les « Coups de Pouce vélos » qui permettent à nos habitants de bénéficier d’une aide pour l’achat d’un vélo, neuf ou d’occasion, classique ou électrique. Ce dispositif rencontre un franc succès. J’en suis très fier. D’autant que nous avons réalisé parallèlement l’aménagement de plus de 2 km de pistes cyclables intra-urbaines, hors vélo-route. Et cela va continuer. En matière de transition énergétique, nous avons engagé avec le syndicat d’énergie de la Côte-d’Or le remplacement de 350 points lumineux pour frôler le 100% LED, autre engagement de mon programme. Cela nous a permis de diviser quasiment de moitié notre facture sur la consommation électrique urbaine ! Dans le contexte actuel, c’est appréciable !

Parmi toutes nos nombreuses réalisations, je veux également évoquer ici la gestion différenciée des espaces publics verts. Nous nous orientons progressivement vers cette nouvelle méthode de tonte, plus écologique et économique. Cette politique s’inscrit dans notre histoire. Elle est devenue constitutive de notre identité. La Ville est d’ailleurs propriétaire d’une Réserve Naturelle Nationale, la Combe Lavaux-Jean Roland, forte de 600 ha de forêt, avec Brochon. Et nous disposons sur notre territoire de près de 600 ha de vignes. Aussi l’écologie représente-t-elle, à mes yeux, le mariage entre une identité assumée, le bien-vivre des habitants et le développement de la biodiversité, à travers la Réserve Naturelle mais aussi en zone urbaine. Notre projet repose sur le développement d’îlots de verdure, à partir de plantations d’arbres, avec notre plan « Mille arbres pour Gevrey » désormais atteint dans l’espace urbain, et à travers la transformation d’espaces publics. Dans le cadre de la réhabilitation du quartier des Écoles, nous allons ainsi débétonniser massivement et créer des espaces verts nouveaux. Un parc très agréable verra le jour devant les écoles. Il complétera un parc municipal de 4 000 m2, avec un parking végétalisé, dans le nouveau quartier Bergis à l’Est de la ville. Cette nature en milieu urbain favorise également le lien social en permettant aux habitants de se rencontrer. C’était tout le sens du marché hebdomadaire que nous avons créé il y a seulement 2 ans. Il fait aujourd’hui la part belle aux producteurs locaux, tout en favorisant les rencontres et cela fonctionne ! Ce marché du dimanche matin complète parfaitement le petit commerce local. Il le dynamise même…»

DLH : Les mobilités douces sont au cœur de votre action tout comme l’installation de bornes électriques…

C. L : « Nous allons, en effet, installer cet été 11 bornes de recharge électrique et ce n’est qu’une première vague. L’État nous accompagne dans cette entreprise à hauteur 60 %. Ce choix a été mûrement réfléchi et nous avons choisi de retenir une petite entreprise française experte dans ce domaine. C’est la seule dans l’Hexagone à réaliser des bornes 100% françaises. D’ici l’automne, nous offrirons à la population et aux touristes pour cette première phase 22 places électriques publiques. C’est un record pour une commune de notre taille dans notre région. Ces équipements seront répartis sur l’ensemble du territoire communal et ils participeront à l’attractivité de Gevrey-Chambertin. Une seconde vague complètera ce plan, avec pour objectif à terme d’offrir 15% de places électriques sur l’ensemble des parkings publics d’ici un an. Ce programme s’inscrit dans le maintien du stationnement public gratuit sur l’ensemble de la ville. Je tiens à cette gratuité qui contribue également à l’attractivité de la commune ».

DLH : Votre programme plaçait aussi la solidarité au premier plan…

C. L : « En effet, notre commune assume sa forte coloration sociale. Avec 28% de logements sociaux, et 12% du logement social de toute la Côte-d’Or, nous revendiquons une forte identité sociale. Elle est inscrite dans la longue histoire de notre ville. Notre commune est celle des ouvriers, employés et travailleurs de la vigne, de l’industrie et du chemin de fer qui l’ont bâtie. Tout cela nous oblige et nous sommes très fiers de pouvoir porter en parallèle une politique sociale entreprenante, soucieuse de la qualité de vie, mais aussi des conditions de vie de nos habitants. Notre population, plus jeune en moyenne que celle d’autres communes de la Côte, contribue à dynamiser les services et les activités du territoire jusqu’à nos écoles. Nous soutenons ainsi un Centre communal d’action sociale, porté par mon adjointe aux Affaires sociales, Sophie Gallois, doté d’un budget de référence par rapport aux autres communes de même strate que la nôtre. Sa politique se décline en trois orientations principales. Il s’agit d’accompagner nos aînés, de soutenir les familles et les jeunes, et enfin de proposer des accompagnements aux habitants en situation de handicap. Nous avons développé pour cela plusieurs dispositifs baptisés « Coups de Pouce ». Ce sont par exemple les « Coups de Pouce Jeunes », pour les études, les loisirs, ou pour un projet de nature culturelle ou humanitaire. Un jeune qui débute un cursus dans l’hôtellerie et la restauration, ayant besoin d’une mallette de couteaux par exemple, dont le coût peut atteindre jusqu’à 2 000 €, peut être épaulé. D’autres dispositifs existent dont le « Coup de Pouce Carburant » porté par mon 1er Adjoint, Alexandre Plaza, ouvert aux actifs bénéficiant de revenus modérés. Le constat est simple : un couple aux revenus modestes ne dispose aujourd’hui souvent d’aucune aide. Or, le choix du travail n’évite pas de se retrouver dans la difficulté. Surtout lorsque les revenus s’y rattachant sont faibles. C’est la raison pour laquelle nous avons développé ce dispositif offrant 3 mensualités de 35 euros pour une personne vivant seule payée au SMIC, ou pour deux personnes gagnant l’équivalent d’un SMIC et demi, pour une distance d’au moins 10 km entre Gevrey-Chambertin et leur lieu de travail. Ce dispositif sera maintenu tant que le prix du carburant sera supérieur à 1,22€ le litre de gazole. Nous l’avons mis en place bien avant les évolutions géopolitiques récentes en Europe de l’Est. Vu les prix enregistrés aujourd’hui, il trouve encore plus sa raison d’être, et c’est pour cette raison que nous le ferons évoluer si nécessaire. C’est ainsi une véritable politique sociale de proximité que nous développons ici. Je tiens à cette dimension sociale parce qu’elle se rattache profondément à mes valeurs et à l’impérieuse nécessité de répondre au quotidien aux préoccupations de nos habitants. Je ne renierai jamais cette orientation née de mon itinéraire, de mes origines sociales et de mes engagements. C’est la force d’une commune de pouvoir proposer des réponses adaptées aux problèmes du quotidien, au plus proche des habitants… »

Propos recueillis par Camille Gablo