Les premières rencontres de l’Intelligence artificielle (IA) appliquée à la santé se sont déroulées à Dijon les 19 et 20 mai dernier. L’occasion de dresser un état des lieux de tout le potentiel du territoire dans ce domaine d’avenir, que ce soit pour les patients, les professionnels de santé mais aussi les entreprises.
Tout un symbole : c’est au sein du nouveau bâtiment révolutionnaire en terme de connectivité, le Campus métropolitain, que viennent d’être organisées les Rencontres de l’Intelligence artificielle appliquée en Santé. Les premières du nom au demeurant… C’est, en effet, dans les locaux partagés par les deux écoles d’ingénieurs – l’École supérieure de l’électronique de l’ouest (ESEO) et l’École spéciale des travaux publics, du bâtiment et de l’industrie (ESTP) – que le technopôle SANTENOV et ses partenaires ont développé cet événement dédié aux enseignants-chercheurs, aux professionnels de santé, aux entreprises et startups, aux cadres d’établissements de santé et experts intéressés par les enjeux des applications de l’Intelligence artificielle.
Durant deux jours, les 19 et 20 mai derniers, les intervenants furent nombreux. Citons notamment David Sainati, coordinateur interministériel en charge de la stratégie d’accélération santé-numérique, Christophe Tricot, fondateur du fonds d’investissement Health Tech La Forge, Stéphanie Combes, directrice du Health Data Hub, David Gruson, directeur du programme Santé LUMINESS et fondateur d’ETHIK-IA. Sans omettre Cécile Théard-Jallu, experte pour la France dans le nouveau projet européen TEHDAS dédié à la construction du futur Espace européen des données de santé. Ce Forum IA4CARE fut l’occasion de placer les projecteurs sur l’écosystème en santé numérique dont dispose le territoire métropolitain fort, rappelons-le, de 500 emplois dans ce domaine à fort potentiel de développement.
Le projet ReadapTIC du CHU, bénéficiant d’un investissement de 50 M€ et destiné à inventer les soins de rééducation et de réadaptation du patient en s’appuyant sur les nouvelles technologies, en est l’élément phare mais il n’est pas le seul. Nous pourrions ainsi par exemple citer des entreprises de l’édition logicielle comme CPage facilitant la préadmission des patients avec une solution à base d’IA, en passant par les objets connectés de santé comme Urgo avec son dispositif Healico de monitoring à distance des plaies ou Proteor et sa jambe bionique. Ou encore l’implantation récente sur Dijon de BioSerenity et ses capteurs d’électrophysiologie pour du monitoring distant en cardiologie ou neurologie.
Nombre de startups
Sans oublier Oncodesign et son nouveau département d’IA appliquée à la découverte de nouveaux candidats médicaments en oncologie. Le territoire compte aussi nombre de startups prometteuses : CASIS et ses logiciels de traitement d’imagerie cardiaque, UMMON HealthTech en diagnostic en oncologie, MedicoTech pour améliorer l’inclusion de patients en études cliniques, FoodinTech, une spinoff de ATOL CD, une entreprise de service numérique qui a développé une solution innovante d’évaluation par imagerie de la ration nutritionnelle des personnes âgées en centre de gériatrie…
A noter également que Dijon regroupe des acteurs académiques et hospitalo-universitaires reconnus en R&D dans certaines aires médicales, telles Réadaptation & santé numérique avec le GIS STARTER regroupant des unités de recherche du CHU Dijon, l’université de Bourgogne et l’Inserm ou encore Drug discovery & IA santé avec le laboratoire commun AIDD4H entre Oncodesign et le laboratoire CIAD de l’université de Bourgogne.
Depuis sa naissance le 26 septembre 2019, le Technopôle SANTENOV favorise l’émergence de différentes initiatives structurantes en IA Santé. L’objectif est double : doter le territoire d’une filière complète de formations et ainsi constituer un vivier de compétences pour son bassin d’emplois mais aussi favoriser l’émergence de nouveaux projets R&D collaboratifs et la création de startups.
Comme le souligne le maire et président de Dijon métropole, François Rebsamen, « ce technopôle, par la mobilisation de toutes les forces vives du territoire, structure la filière pour en améliorer la performance et ainsi faire de Dijon une capitale de l’innovation et de la recherche en santé ». Ces Rencontres de l’IA, premières du nom, y ont pleinement participé…
Quelques applications de l’Intelligence artificielle
Le monde de la santé est entré, lui aussi, dans l’ère de la révolution numérique. Que ce soit pour faciliter les diagnostics, guider la prise en charge thérapeutique ou encore offrir de nouvelles pistes de recherche, les possibilités sont multiples. Ainsi l’Intelligence artificielle en Santé n’a pas fini de faire parler d’elle. Voici quelques-unes de ses applications actuelles…
Dermatologie : un logiciel d’apprentissage profond, préalablement entraîné sur plus de 1 million d’images générales annotées, a été ajusté sur les images de 130 000 anomalies dermatologiques pour apprendre et distinguer automatiquement les mélanomes des lésions bénignes avec l’expertise d’un dermatologue.
Radiologie : l’entreprise française Therapixel a soumis son logiciel aux 640 000 mammographies proposées lors d’une compétitions mondiales remportées en repérant mieux que les concurrents les images suspectes.
Pneumologie : un logiciel développé par Google, entraîné sur des milliers de scanners et testé sur plus de 1 000 nouvelles images, est capable de détecter la présence de nodules suspects dans des scanners volumiques des poumons en les caractérisant aussi bien que des professionnels.
Ophtalmologie : des logiciels d’apprentissage entraînés sur plus de 130 000 images de la rétine identifient les rétinopathies diabétiques avec la fiabilité d’un ophtalmologue. A l’instar de la société IDx-DR approuvé par la FDA, l’agence américaine du médicament pour faire ce diagnostic automatiquement sans passer par un spécialiste. Une douzaine de systèmes d’imagerie assistés par l’IA ont reçu ce label.
Neurologie : la société PreciseDx a annoncé que sa technologie basée sur l’IA peut diagnostiquer avec précision la maladie de Parkinson à un stade précoce chez les patients. Auparavant, cette maladie était très difficile à diagnostiquer et l’évaluation post-mortem a été l’étalon-or pour un diagnostic définitif. Dans une nouvelle étude, les algorithmes d’IA de PreciseDx ont pu détecter la pathologie de la maladie de Parkinson dans des patchs d’image à partir d’échantillons de biopsie avec une sensibilité de 99 % et une spécificité de 99 % par rapport à la vérité terrain annotée par des experts. Cette méthode a surpassé les pathologistes humains avec une précision de 0,69 contre 0,64 dans la prédiction des effets cliniques.