En meeting ce 1er juin à 19 heures chez Robin Aircraft à Darois, le député LREM Didier, candidat à sa réélection sur la 1re circonscription de la Côte-d’Or, expliquera qu’ « ensemble, il est possible d’agir pour une France tournée vers l’avenir, une France sociale, écologique, où le progrès de tous profite à chacun ». Pour ce faire, avec sa suppléante Catherine Refait-Alexandre, professeure des universités et conseillère municipale à Fontaine-lès-Dijon, il postule à nouveau aux législatives afin de « donner une majorité à Emmanuel Macron ». Interview…
Dijon l’Hebdo : Le 24 avril dernier, Emmanuel Macron fut, à 44 ans, le plus jeune président de la République réélu et le premier, au demeurant, à réussir cet exploit hors période de cohabitation. En 2017, d’aucuns parlaient d’alignement des planètes. Quel fut, cinq ans plus tard, votre sentiment au soir de cette nouvelle victoire ?
Didier Martin : « Selon les analyses, en 2017, Emmanuel Macron avait été élu au 2e tour avec 60% des gens qui étaient contre Marine Le Pen et, en 2022, il l’a été avec 60% des électeurs qui étaient pour lui. Il a ancré son électorat et il a un socle. Dans la 1re circonscription, Emmanuel Macron a tout de même été crédité de 33,5% au 1er tour et il a atteint 69% au 2e tour. Cela représente un score important ».
DLH : Il y a, en France, une loi d’airain qui veut que le président de la République élu dispose d’une majorité à l’Assemblée nationale quelques semaines plus tard. Vous pensez réellement qu’il y a un risque que, cette fois-ci, cette loi soit brisée ?
D. M : « Je ne veux pas m’avancer là-dessus. Ce sont les électeurs qui choisiront. Ma proposition est simple. C’est celle-ci : vous avez choisi Emmanuel Macron avec un score sans appel. Continuez et élisez un député de cette majorité pour concrétiser les propositions du président de la République ! »
DLH : C’est moins marquant sur votre circonscription mais, comme cela le fut dans l’Hexagone, en Côte-d’Or, l’élection présidentielle a montré une division profonde entre « la France de Macron » et « la France de Le Pen ». Aussi, l’enjeu numéro 1 des 5 ans à venir n’est-il pas de récréer ce lien entre ces deux France ?
D. M : « Tout à fait. Il faut entendre les messages des électeurs et tirer les leçons de la Présidentielle. Aujourd’hui, nous assistons à une tripartition écrasante. C’est Mme Le Pen qui s’est qualifiée pour la finale. M. Mélenchon était troisième et, vous savez, au foot, celui qui n’est pas qualifié pour la finale ne joue que la petite finale… Et là, il prétend vouloir jouer contre le premier. C’est cela qu’il propose aux Français. Une chose est sûre, même si la situation varie d’une circonscription à l’autre, je vois qu’il y a des votes extrêmes – extrême droite et extrême gauche – et notre proposition qui émane d’une majorité large, avec au moins 8 composantes identifiées, est une proposition au centre politique. C’est l’évolution sans la Révolution ! C’est la transformation sans le risque ! Nous respectons les institutions… et nous respectons aussi les oppositions. C’est aussi une priorité du prochain mandat : s’inscrire dans un respect des oppositions pour que la vie démocratique soit équilibrée ».
DLH : Le Nouveau monde a jeté aux oubliettes la bipolarisation et fait la part belle à la tripartition. Mais l’abstention est, elle, toujours présente… En 2017, celle-ci avait atteint 47,62 % au 1er tour des législatives en Côte-d’Or. Quelles solutions préconisez-vous pour redonner du sens à la politique ?
D. M. : « Les Français sont très politiques. Ils ont une véritable passion politique. Nous sommes un peuple qui adore le débat, la controverse… A partir de ce désir de politique, il faut faire en sorte que les électeurs aillent voter pour des candidates et des candidats qui ont quelque chose à leur dire et qui les écoutent. Pour ma part, je fais une campagne de proximité. C’est la première étape et c’est vrai aussi hors de la période de campagne. Cette démarche d’ « aller vers » est essentielle et c’est ce que je fais. Je me rends dans chaque commune de la circonscription pour écouter, comprendre mais aussi expliquer. Cet échange-là est primordial et je peux dire que cela marche bien surtout lorsque l’on est aidé par les médias qui se font l’écho de nos réunions, de nos rendez-vous. Nous devons partager avec les médias cette volonté de ramener les électeurs vers les urnes même si d’autres contingences interviennent. J’entends souvent parler, lors des réunions publiques, de la proportionnelle, du vote blanc, du vote à distance ou par correspondance. Le scrutin des Français de l’étranger se passe bien… Nous devons réfléchir à des évolutions. Si on pense que cela permettra de lutter contre l’abstention, il faut y aller et on verra bien comment les Français s’approprieront cette nouvelle façon de voter ! »
DLH : Il y a 5 ans, vous avez été élu au 2e tour face à François-Xavier Dugourd avec 54,14% des suffrages. Beaucoup annoncent la revanche de 2017 avec, à nouveau, comme adversaire principal le président de la Fédération Les Républicains de Côte-d’Or…
D. M : « Je ne joue pour ma part pas de revanche. Je n’ai aucune revanche à prendre sur personne. Je prends les challengers comme ils se présentent, d’où qu’ils viennent : anciens, implantés, nouveaux… Ce qui m’intéresse, c’est le débat politique et ce qu’ils ont à proposer. C’est de cela dont il faut parler… »
DLH : D’aucuns s’attendaient à Arnaud Guvenatam, pour la France Insoumise, candidat de la NUPES, sur la 1re circonscription. In fine, c’est Antoine Peillon, le frère de l’ancien ministre socialiste de l’Education nationale…
D. M : « Que ce soit M. Guvenatam, ou M. Peillon, c’est le candidat de la France Insoumise dans un accord électoral conclu avec d’autres formations de gauche. Cela ne change rien… La NUPSE regroupe des formations avec des divergences profondes : certains défendent le nucléaire, d’autres veulent en sortir; certains veulent la poursuite de la construction européenne, d’autres veulent prendre leur distance par rapport à cette construction, quelques-uns veulent même aller jusqu’à s’affranchir des traités précédemment signés dans une rupture avec une histoire plus que centenaire de la gauche française ! Je ne peux que me poser des questions sur la pérennité de cette alliance, au-delà de l’accord électoral. A mon avis, chacun reprendra la vie politique de façon indépendante… Il y avait urgence pour certains de sauver quelques postes et, pour la France Insoumise, il fallait concrétiser leur score à la Présidentielle. Ils sont partis sur une arithmétique mais la politique ce n’est pas que de l’arithmétique. Les Français attendent des idées, des propositions et de voir leur répercussion dans la vie quotidienne. C’est cela dont on parle et, vous savez, je n’ai pas un discours tout fait, je m’adapte à chaque auditoire. Après cinq ans dans cette circonscription, je connais les élus locaux, les problématiques, les enjeux du territoire, les attentes des acteurs économiques, associatifs ».
DLH : Lors de votre lancement de campagne, vous avez insisté sur l’importance de « libérer et protéger… »
D. M : « Libérer et protéger était le slogan de 2017 et, aujourd’hui, je rajouterais rassembler. Rassembler autour de notre majorité et sur notre axe politique bien sûr. Beaucoup de divisions sont survenues, il faut changer la méthode en quelque sorte en instituant le dialogue sociétal, citoyen et le dialogue social. Avec les citoyens, il faut répondre à cette question : comment fonctionne notre démocratie ? Avec les élus, c’est celle-ci : de quoi les territoires ont-ils besoin ? Vers quelle organisation territoriale de la République veut-on aller ? Nous n’en parlons pas beaucoup durant cette campagne, mais cette interrogation est essentielle. Quant au dialogue social, il est indispensable quand l’on veut s’occuper du pouvoir d’achat, des retraites ou du grand âge. Et ce sont nos propositions. Nous ne pouvons pas aborder ces questions-là dans leur complexité sans un dialogue social vivant et respectueux. C’est ce que va faire le gouvernement avec, comme première priorité, le pouvoir d’achat ».
DLH : La nomination d’Élisabeth Borne, rompue au dialogue sociale, à Matignon a ainsi dû vous faire plaisir…
D. M : « C’est une femme déjà et c’est seulement la deuxième femme Première ministre. Là encore, cela fait partie de l’exception Macron qui envoie un signal fort. Nous connaissons le parcours ministériel de Mme Borne, ses capacités, sa formation. Elle est venue à Dijon, elle est allée rencontrer les acteurs sur le terrain, à l’École des Métiers de la métropole plus précisément. Lorsqu’elle était ministre du Travail, elle a pris à bras le corps la question de l’emploi des jeunes : « un jeune, une solution ». Elle s’est également occupée de la question de l’apprentissage. Elle connaît les mécanismes de régulation du marché de l’emploi et, dans un moment de forte tension, elle sait comment peser pour que chacun trouve sa place dans l’emploi et, en même temps, que l’on augmente la production. Car nous avons besoin d’un PIB en augmentation, pas forcément sur les mêmes activités qu’autrefois car nous connaissons les critiques, notamment pour décarboner nos activités. Et ce, pour réussir les réformes de solidarité, pour payer la dette et pour équilibrer le régime des retraites. Ce sera aussi son cap… »
DLH : Sur votre document de campagne, vous avez placé en tête de vos soutiens François Rebsamen, François Patriat et Bruno Lemaire. A la différence de 2017, vous bénéficiez cette fois-ci du soutien du maire et président de Dijon métropole. Cela change la donne ?
D. M : « Je me réjouis du fait que François Rebsamen, en toute liberté et indépendance, ait choisi de soutenir Emmanuel Macron avant le 1er tour de la Présidentielle. J’en suis heureux et il est logique avec lui-même en soutenant ma candidature, celle de la majorité présidentielle, sur la 1re circonscription ».
DLH : En meeting à Dijon lors de la Présidentielle, le Garde des Sceaux, Éric Dupond-Moretti, a qualifié la Côte-d’Or comme « la terre des François et des Didier ». J’imagine que cette formule vous a fait plaisir…
D. M : « Les François sont bien connus. Ils ne sont pas toujours sur la même ligne. Les Didier, c’est plus récent. Je rappelle que Les Didiers, c’est un premier cru de Nuits-Saint-Georges. Si Didier Paris et moi-même sommes réélus, nous déboucherons une bonne bouteille ! »
Propos recueillis par Camille Gablo