Faites vos jeux. Dans le sérail politique, les pronostics vont bon train sur les futur(e)s députés de la Côte-d’Or. Ainsi l’identité du Premier ministre – ou de la Première ministre, pardon ! – n’est pas le seul sujet qui anime les conservations des édiles. Quels seront les visages des parlementaires côte-d’oriens le 19 juin au soir ? Lisez la suite et vous saurez (enfin, ce n’est évidemment pas tout à fait vrai…)
S’il est une élection ou il faut avoir des talents de devin, ce sont bien les élections législatives. Imaginez tout de même que les enquêtes d’opinion placent, dans les intentions de vote au niveau national, en moyenne la NUPES (nous devons désormais tous nous familiariser avec cet acronyme) chère à Jean-Luc Mélenchon en tête devant, respectivement, Ensemble et le Rassemblement national, ces 3 blocs confortés par la présidentielle étant très loin devant Les Républicains et Reconquête. Cependant, dans le même temps, si l’on regarde les projections de la composition du palais Bourbon, la majorité présidentielle est créditée de 300 à 350 sièges, la NUPES de 105 à 165, LR de 30 à 70 et le RN de 20 à 80 !
Quand l’on voit la dichotomie entre ces deux méthodes de calcul, la citation de Coluche, qui s’était essayé à l’élection présidentielle, nous revient : « Les sondages, c’est fait pour que les gens sachent ce qu’ils pensent ! » Nous n’irons pas jusque-là même si nous restons des grands adeptes de l’acteur de Tchao Pantin mais, une chose est sûre, pour dessiner dès aujourd’hui les visages des 5 futurs députés de la Côte-d’Or avec une marge d’erreur restreinte, seules des enquêtes d’opinion par circonscription pourraient représenter des indicateurs précis. A défaut de cela, quelles sont les certitudes dont nous disposons ?
Oui, les législatives s’apparaîtront au 3e tour de la présidentielle, et Jean-Luc Mélenchon qui a décrété vouloir être Premier ministre avant même que les urnes aient rendu leur verdict dans le duel final du 24 avril, n’y est pour rien. Ainsi va… la Ve République !
Oui, il existe une loi d’airain qui veut qu’un président élu dispose d’une majorité à l’Assemblée nationale. Mais comme le Monde d’après semble bien différent du Monde d’avant, tout semble possible, Emmanuel Macron n’a-t-il pas réussi, à 44 ans, à être élu pour la 2e fois, et hors contexte de cohabitation, ce qui n’était jamais arrivé avant…
Les cartes en main
Oui, les résultats de la présidentielle ont placé l’hôte de l’Élysée en tête dans 4 des 5 circonscriptions de la Côte-d’Or, seule la 4e ayant affiché sa préférence pour Marine Le Pen à hauteur de 52,08%. La 1re circonscription a déroulé un véritable tapis rouge à Emmanuel Macron (69,12 %). Devant la 2e (59,04%), la 3e (58,65%) et la 5e (52,75%).
Oui, si l’on tient compte des résultats du 1er tour, des triangulaires peuvent se dérouler sur les 2e et 3e circonscriptions, entre les représentants de la tripartition (nouveau mot à la mode ayant enterré le terme de bipolarisation). Mais encore faut-il que l’abstention ne soit pas au rendez-vous, puisque les candidats doivent obtenir 12,5% des inscrits pour se maintenir au 2e tour. Et quand l’on sait qu’en 2017 la participation au premier tour des législatives n’avait été que de 47,62% !
Oui, enfin non, nous ne connaissons pas, au moment où nous écrivons ces lignes, l’identité du Premier ministre (ou de la Première ministre surtout) susceptible d’insuffler une nouvelle dynamique pour la majorité présidentielle…
Voilà pour les poncifs. Si l’on regarde de plus près, que dire si ce n’est que les députés sortants LREM Didier Martin et Didier Paris, respectivement sur la 1re et sur la 5e, possèdent toutes les cartes en main pour recouvrer leur siège à l’Assemblée nationale. Le premier bénéficiant cette fois-ci en plus du soutien du maire de Dijon, François Rebsamen (appartenant désormais aussi à la Macronie), qui a, par exemple, missionné son adjointe Danielle Juban pour assister à l’inauguration de son local de campagne. La candidature de sa vice-présidente socialiste à la métropole Sladana Zivkovic, n’étant, cette fois-ci, pas de son fait… Didier Martin devra néanmoins écarter une nouvelle fois de sa route le leader de la fédération LR de la Côte-d’Or, François-Xavier Dugourd, dont le lancement de campagne qui a mobilisé en nombre a tout de même fait parler…
L’expression chère à Alphonse Daudet
Sur la 3e, Fadila Khattabi, présidente, rappelons-le, de la commission des Affaires sociales à l’Assemblée nationale, semble aussi en position de force, à la condition sine qua non qu’elle franchisse l’écueil du 1er tour. Certes Emmanuel Macron était sorti en tête mais les 3 premiers se tenaient à 4 points. Et à Chenôve et Quetigny, terres socialistes dans l’ancien et le nouveau monde, Jean-Luc Mélenchon a été crédité tout de même respectivement de 39,36% et de 30,74% le 10 avril dernier.
Quid sur la 4e ? La sortante Modem Yolaine de Courson pourrait elle aussi réussir le tour de force de conserver son siège, malgré la présence de Laurence Porte, maire de Montbard, qui n’aura pas réussi à obtenir l’investiture de la Macronie sous les couleurs Horizons. A moins que le maire LR de Châtillon-sur-Seine, Hubert Brigand, se présentant comme « le candidat de la ruralité » réussisse à capitaliser sur son nom…
Sur ce territoire qui a voté majoritairement Marine Le Pen, le Rassemblement national a changé de candidat en cours de route, préférant Jean-Marc Ponelle (ancien candidat aux cantonales à Fontaine-lès-Dijon !) à la Montbardoise Myriam Péronne. Dans le même temps, le parti zemmourien Reconquête a investi le maire de Curgy-le-Château, Loup Bommier, qui n’est autre que l’ancien collaborateur du sénateur Alain Houpert. Si bien que l’on voit mal en haute Côte-d’Or l’extrême droite surfer sur la présidentielle, à moins que l’expression chère à Alphonse Daudet sur l’étiquette en politique soit réellement d’actualité ! Et, selon nos informations, le maire radical de gauche de Venarey-Les Laumes, Patrick Molinoz, pourrait également s’élancer, soutenu par la Fédération PS, « en autonomie » par rapport à la direction nationale du PS… et la NUPES.
Nous avons gardé la 2e circonscription pour la fin car le député sortant LR a décidé de ne pas se représenter. Et nous savons maintenant qui a adoubé Rémi Delatte pour lui succéder : son jeune attaché parlementaire, Adrien Huguet, particulièrement bien connu des maires des 76 communes. Ensuite, l’investiture de la Macronie « Ensemble » est revenue à… Benoît Bordat, le conseiller départemental qui a fait chuter Ludovic Rochette en 2021 sur Dijon IV. Celui-ci a coupé l’herbe sous le pied, dans ce territoire mi-rural mi-urbain, au même Ludovic Rochette (Horizons), à Jean-Philippe Morel (Parti Radical) mais aussi et surtout à son collègue Modem au conseil municipal de Dijon, François Deseille, que beaucoup voyaient s’élancer dans un remake de 2017. Si certains doutaient encore du (nouveau) poids de François Rebsamen en Macronie, ils ont eu la réponse…
Ajoutons à cela que la NUPES possède sur ce territoire la candidature la plus solide, en la personne de l’élue écologiste dijonnaise Catherine Hervieu…
Les futurs député(e)s de Côte-d’Or sont à chercher entre ces poncifs et ces particularismes. A vous dorénavant de faire vos jeux…
Camille Gablo