Cité internationale de la Gastronomie et du Vin : « Dijon, capitale du monde ! »

Quelque mille personnes étaient rassemblées place Eudes III pour l’inauguration officielle de la Cité internationale de la Gastronomie et du Vin. Les principaux intervenants ne furent autres que deux François : François Rebsamen et François Hollande, le maire et président de Dijon métropole à qui l’on doit cette réalisation dantesque et l’ancien président de la République qui n’a eu de cesse d’accompagner le projet. Dans un joli numéro de duettistes, à la tribune, ils ont lancé comme il se doit cette Cité pas comme les autres, faisant de « Dijon la capitale du monde » dans le domaine de l’art de vivre à la française. La gourmandise (sémantique) fut au rendez-vous ce vendredi 6 mai 2022 !

Le 6 mai 2022 a fait date dans l’Histoire de Dijon… mais pas seulement. Il faut dire que ce jour a marqué l’ouverture officielle de la Cité internationale de la Gastronomie et du Vin. D’aucuns annonçaient un président de la République pour dresser la nappe. Ce ne fut pas l’hôte de l’Élysée fraîchement réélu, Emmanuel Macron, ne pouvant se libérer – le choix du Premier ministre n’y était, qui sait, pas étranger ? – mais son prédécesseur François Hollande, grand habitué de la cité des Ducs. Et, avec le sens de la formule ainsi que l’humour qui le caractérisent, il s’adressa au maire et président de Dijon métropole, François Rebsamen, son ancien ministre du Travail : « Cher François, vous êtes désormais le maire de la capitale du monde ! Cette Cité n’est pas seulement unique en France, elle l’est dans le monde. C’est un lieu d’exception pour célébrer l’art de vivre à la française ». Et l’ancien président qui était déjà présent salle des États au palais des Ducs le 21 mars 2017 pour la présentation de ce projet dantesque de revenir sur sa genèse : « Tout commence en 2010 lorsque le Repas gastronomique des Français entre au Patrimoine culturel immatériel de l’Unesco. Je n’étais pas président, mais mon prédécesseur n’y fut pour rien… Il est alors décidé de développer un réseau de cités pour le valoriser. Rungis, Tours, Lyon et Dijon se positionnèrent et, avec le sens de la synthèse (!) que je ne récuse pas, j’ai accepté les 4 projets, avec l’idée que, dans la vie, il ne faut récuser personne mais les mettre en concurrence. Et Dijon avait des arguments solides, et pas seulement liquides ! »
Et François Hollande d’ajouter : « En 2017, nous évoquions avec François Rebsamen 2022, non pas pour quelques échéances électorales mais pour nous projeter dans l’avenir. Eh bien, en 5 ans, on peut faire de grandes choses. 10 ans, c’est un défi ! 20 ans, on transforme une ville, une métropole, la vie de ses concitoyens. François Rebsamen a transformé profondément sa ville… et cette Cité en est l’un des plus beaux exemples ».

Rendons à César…

Jérôme Seydoux, le président de Pathé-Gaumont, qui a ouvert un complexe de 9 salles sur le site, et William Krief, à la tête du groupe d’investissement K-Rei à qui l’on doit le Village Gastronomique ainsi que la cuisine expérientielle, précédèrent à la tribune l’ancien président de la République. A l’instar d’Olivier Gennis, président d’Eiffage Construction, qui a investi 250 M€ pour la transformation des 6,7 ha après avoir été retenu dans l’appel à manifestation d’intérêt. Le préfet de Côte-d’Or et de Bourgogne Franche-Comté, Fabien Sudry, a évoqué « un événement heureux, qui rassemble et qui procure de la fierté ». La présidente de Région, Marie-Guite Dufay, a, quant à elle, parlé de « moment rare où se confrontent l’histoire et l’avenir ». Non sans glisser, elle aussi, que « Dijon devenait la capitale du monde de la gastronomie ». Et de s’adresser également à François Rebsamen : «  Merci Monsieur le maire, merci pour votre audace ! »

Alors rendons à César ce qui lui appartient. Autrement dit au premier à être intervenu ce vendredi 6 mai (à 11 h 25 précisément) devant un millier de personnes réunies derrière la nouvelle Cave de la Cité, place Eudes III, du nom du duc de Bourgogne qui créa les Hospices de Dijon en 1206 sur une île de l’Ouche.

« Alors voilà, nous y sommes ! », tels ont été les premiers mots de François Rebsamen, qui n’a pas manqué de rappeler que « ce projet fut le plus complexe qu’il lui ait été donné de concevoir » : «  Il a nécessité des heures et des heures de travail et… d’insomnie. 10 ans auront été nécessaires à la réussite de ce challenge. Les obstacles ont été nombreux mais tout est histoire d’hommes, de femmes et de relations humaines. Ce projet n’y échappe pas et je pense à tous ceux qui ont fait beaucoup. Je pense aux centaines d’ouvriers, de compagnons, qui ont œuvré sur ce chantier, aux entreprises, dont 80% sont originaires de Bourgogne Franche-Comté. A toutes celles et à tous ceux qui ont fait revivre ses 6,7 hectares afin de faire de Dijon la Ville du bien manger et du bien boire, l’étendard de l’art de vivre à la française ». Et François Rebsamen d’ajouter : « Peu de villes peuvent se prévaloir de deux reconnaissances Unesco. Mais comme disait René Char, nous sommes allés chercher notre chance avec un goût prononcé en l’avenir ! »

Les trompettes baroques du souper de Louis XIV

L’avenir, la capitale régionale l’a écrit avec l’ouverture de cette Cité regroupant des expositions ambitieuses sur pas moins de 1 750 m2, une école internationalement reconnue (Ferrandi) dans le canon de lumière signé de l’architecte Anthony Béchu, une cave de la Cité (la plus importante d’Europe avec 3 000 références et 250 machines Oenomatic), des restaurants vistronomiques et bistronomiques dont la direction culinaire a été confiée à Éric Pras, seul chef 3 étoiles de la région, une école des vins de Bourgogne… Et la liste des plats au menu de cette Cité est loin d’être exhaustive, comme ont pu le découvrir le soir les milliers de Dijonnais qui ont franchi les portes.

Pour la petite histoire, c’est à 12h40 que la plaque inaugurale fut dévoilée. Les trompettes baroques du souper de Louis XIV – chargées à l’époque d’annoncer le repas – pouvaient retentir. La Cité était officiellement ouverte et Dijon, en termes de gastronomie et de vin, pouvait alors revendiquer son nouveau statut de « capitale du monde… »

Camille Gablo

 

Photo : Aymeric Laloux