La ville de Genlis mise sur la SPLAAD pour l’accompagner dans ses projets

La ville de Genlis affiche ses ambitions : créer un cœur de ville, augmenter sa population et son attractivité commerciale et économique, proposer de nouveaux logements… Pour y parvenir et donner du sens à ses projets, elle a rejoint la SPLAAD qui constitue, on le sait, un outil privilégié de la sphère publique pour le développement du territoire. Explications avec Martial Mathiron, maire de la commune, et Gaëlle Thomas, conseillère municipale déléguée.

Dijon l’Hebdo : Quel intérêt pour une commune comme la vôtre d’intégrer la SPLAAD ?

Martial Mathiron : « Dès le début du mandat, on s’est très vite aperçu que ce qui manquait cruellement à la commune, c’était du dynamisme et tout particulièrement un vrai cœur de ville qui, jusque là, faisait défaut. Notre objectif a donc été d’en définir rapidement un et de l’aménager. En intégrant la SPLAAD, nous nous donnons la chance de réaliser nos projets dans la durée du mandat ».

Gaëlle Thomas : « Nous n’étions pas en mesure de trouver rapidement, à notre échelle, suffisamment d’expertises et de compétences pour pouvoir faire avancer notre projet. Et un des gros avantages de la SPLAAD, c’est de réduire efficacement toutes ces procédures chronophages. En travaillant directement avec elle, nous n’avons pas besoin de lancer des appels d’offres et nombre de démarches qui mobilisent les énergies ».

DLH : Le gros projet de votre mandat, c’est donc le cœur de ville ?

Martial Mathiron : « C’est notre priorité clairement affichée. Ce cœur de ville, nous proposons de le faire sur un secteur où l’on trouvait un ancien lotissement et une grande surface qui a déménagé. Il y a là 14 000 m2 d’espaces publics et privés et c’est sur cette surface qu’on peut dessiner quelque chose de nouveau capable de redynamiser la ville. Un dynamisme dont nous aimerions faire profiter également les communes alentour. Il y a là une belle opportunité pour nourrir des échanges intelligents -tout en gardant chacune nos identités et notre authenticité- pour faire progresser le territoire. L’évolution de Genlis se fera aussi au profit de nos voisins et non pas à leur détriment. C’est aussi cela notre mission d’élu ».

DLH : Qu’est-ce que vous imaginez dans ce Coeur de ville ?

Martial Mathiron : « Des logements, des activités commerciales, de l’espace public, un lieu de vie et d’échanges pour faire vivre la culture. Il faut savoir que notre taux de vacance des cellules commerciales est très faible à Genlis. C’est une bonne chose mais cela limite les arrivées. Et on retrouve la même problématique pour le logement. Du locatif privé, c’est dur à trouver. Et il y a une réelle demande. D’où l’intérêt de notre entre entrée dans la SPLAAD pour bénéficier de ses services et de son expertise. D’autres centres-villes comme Chenôve et Quetigny en ont profité. C’est pourquoi nous comptons sur Pierre Pribetich et les moyens de ses équipes pour nous aider et être les facilitateurs pour faire aboutir notre projet ».

DLH : Un tel projet est de nature à attirer de nouveaux habitants ?

Martial Mathiron : « Il nous faut absolument montrer et convaincre que Genlis est une commune qui présente des avantages pour s’y installer. Il y a des équipements qui plaident déjà en notre faveur. Par exemple, Genlis – Dijon en train, c’est 10 mn. Nous sommes donc très proche du centre de la capitale régionale ».

Gaëlle Thomas : « Derrière ce projet Coeur de ville, c’est aussi la volonté de stabiliser et même d’augmenter la population de notre commune. C’est une population qui vieillit, qu’on retrouve dans des maisons individuelles et qui se verrait bien vivre dans de petits immeubles collectifs. Le dernier recensement a relevé 5 300 habitants à Genlis. Le précédent mandat a vu la population baisser. On s’approche dangereusement du seuil des 5 000 qui, si nous passons dessous, nous fera changer de strate. Ce qui impacterait les dotations de l’Etat et, au final, nous coûterait très cher. On ne peut pas rester inactifs ».

DLH : Le dynamisme de votre commune ne passerait-il pas aussi par une entrée-sortie de l’autoroute ?
Martial Mathiron : « Envisager une entrée-sortie d’autoroute à Genlis ? Il y a quelques années, on en était très près. On est passé à côté pour une question de financement. Il manquait environ 700 000 € sur un budget de 10 millions. Ça s’est joué à peu de choses. Un tel équipement serait le bienvenu quand on sait que nous avons chaque jour 15 000 véhicules qui traversent Genlis et qui perturbent ainsi la circulation sur les heures de pointe. Ce sont des gens qui ont un travail sur la Métropole dijonnaise. Pour obtenir cette entrée-sortie d’autoroute, il faudra convaincre les représentants de l’Etat de sa nécessité parce que Genlis est une ville importante.

Mais en attendant, il convient de ne pas se disperser. Le temps est compté. L’essentiel, c’est de se concentrer sur ce Coeur de ville qui, pour nous, est l’objectif prioritaire. Il faut d’abord dynamiser, faire venir des habitants, des entreprises pour que l’Etat prenne conscience que notre territoire est riche et vivant. Notre premier travail, c’est donc de le rendre attractif. Et ça commence par notre projet Coeur de ville ».

Propos recueillis par Jean-Louis Pierre

 

Pierre Pribetich : « Le lien était déjà créé »

DLH : Comment s’est organisée l’entrée de la ville de Genlis au sein de la SPLAAD ?

Pierre Pribetich : « Suite au retrait d’une commune de la Métropole, en l’occurrence Plombières-lès-Dijon qui n’a pas souhaité poursuivre son actionnariat, il a été proposé que la commune de Genlis puisse rejoindre la SPLAAD. Le conseil d’administration du 24 mars dernier et l’assemblée spéciale des actionnaires ont validé cette proposition.

Il y a des communes qui sont en proximité, voire même qui jouxtent la Métropole, qui sont intéressées par une entrée au sein de la SPLAAD. En l’espèce, Genlis a une histoire, non pas avec la SPLAAD, mais avec la SEMAAD avec laquelle nous avons fonctionné dans la deuxième décennie de ce siècle dans le cadre d’un GIE. En son temps, un ancien maire, Noël Bernard, également conseiller général, avait souhaité lancé une importante opération d’aménagement de la ZAC de la République, près de la gare de sa commune. C’est un lien qui s’est créé. Et il était donc naturel que Genlis puisse rejoindre la SPLAAD avec l’accord de la ville de Dijon et de la Métropole qui sont les actionnaires majoritaires. Et n’oublions pas que La Plaine dijonnaise est partie prenante du schéma de cohérence territorial.

Nous sommes bien là dans les réflexions de concordance des grandes politiques publiques autour de la mobilité, l’aménagement et l’habitat ».

DLH : La ville de Genlis n’aurait pas pu bénéficier des services de la SPLAAD si elle n’avait pas intégré son actionnariat ?

P. P : «  Je rappelle, pour mémoire, que depuis la jurisprudence de l’Union européenne avec le fonctionnement « in house » (1), seuls les actionnaires peuvent bénéficier à la fois de l’efficacité, de l’efficience et de la rapidité du fonctionnement de la société publique d’aménagement. Nous sommes à même de pouvoir lui apporter un concours concernant les actions qu’elle souhaite mettre en avant, soit l’aménagement d’espaces, soit le portage d’opérations dans le cadre de conventions de prestations intégrées ».

DLH : Faut-il qu’un actionnaire sorte pour qu’un autre puisse entrer au sein de la SPLAAD ?

P. P : « On pourrait pu, éventuellement, redistribuer les différentes actions. Nous avons plutôt souhaité attendre le départ éventuel d’un actionnaire. Ce qui a été le cas. La commune de Genlis, dans le cadre de son adhésion, a donc racheté les parts de la commune de Plombières ».

Propos recueillis par J-L. P

(1) L’exception du « in house » permet à un pouvoir adjudicateur d’attribuer, en dehors de toute mise en concurrence, un contrat de prestations à une entité sous réserve qu’il exerce sur celle-ci un contrôle analogue à celui qu’il exerce sur ses propres services et que cette entité réalise l’essentiel de son activité avec ce pouvoir adjudicateur.

 

Un capital exclusivement détenu par des collectivités territoriales

La Société Publique Locale « Aménagement de l’Agglomération Dijonnaise » (SPLAAD) est une société publique locale régie par la loi n°2010-559 du 25 mai 2010 pour le développement des sociétés publiques locales. La SPLAAD est donc une société anonyme de droit privé dont le capital est exclusivement détenu par des collectivités territoriales.

Créée le 4 août 2009 par la Communauté d’Agglomération du Grand Dijon, la SPLAAD est vouée à l’aménagement des quartiers d’habitat et des parcs d’activités économiques structurant de l’agglomération dijonnaise, exclusivement pour le compte et sur le territoire des collectivités territoriales qui composent son actionnariat.

Afin de respecter le droit communautaire, seules les collectivités territoriales actionnaires de la SPLAAD peuvent recourir à celle-ci et sans procédure de mise en concurrence préalable. Ainsi, sous la forme d’une société commerciale, la SPLAAD représente une régie externalisée des collectivités.

Le conseil d’administration de la SPLAAD est présidé par Pierre Pribetich, 1er Vice-président de la Communauté Urbaine du Grand Dijon, Adjoint au Maire de Dijon. La SPLAAD est dirigée par Marion Joyeux.