Nadjoua Belhadef et William Krief : « La Cité sera profitable à tous »

Faire de la Cité de la Gastronomie et du Vin un site attractif qui bénéficie à tous : aux Dijonnais et aux touristes bien évidemment mais aussi à l’ensemble des commerçants, des restaurateurs et des acteurs économiques du centre-ville… Telle est la recette concoctée, de concert, par l’adjointe dijonnaise en charge du commerce, Nadjoua Belhadef, et le président du groupe K-Rey, William Krief, qui fut le premier investisseur à croire en ce projet. Interview à deux voix…

Dijon l’Hebdo : Galanterie oblige, honneur aux dames. La Cité représente une des réalisations les plus complexes depuis 2001 pour la capitale régionale. La version finale que les Dijonnais découvriront le 6 mai répond-elle pleinement à vos attentes ? 

Nadjoua Belhadef : « S’il ne fallait retenir qu’un objectif majeur parmi les nombreuses raisons d’être de cette Cité, c’est bien la volonté résolue d’accroître les flux touristiques, et par conséquent de consommation pour Dijon et toute la Bourgogne-Franche-Comté. Il s’agit de conforter la ville et tous les territoires environnants comme destination du « bien manger » et du « bien boire ». Plus de touristes accueillis (avec l’installation d’une antenne de l’Office de tourisme de Dijon métropole), plus de nationalités représentées et un objectif de pouvoir les faire rester plus longtemps. Ce projet de CIGV a toujours affirmé sa volonté d’être en échanges permanents avec la ville, dans une capitale régionale qui s’est battue et se bat depuis 20 ans pour développer de nombreux atouts reconnus par la plupart de ses commerçants. A ce propos, je tiens tout particulièrement à remercier les acteurs économiques locaux qui nous accompagnent dans cette nouvelle aventure, ainsi bien sûr que les grands acteurs privés qui forment avec nous le cœur de réacteur de la Cité, notamment William Krief, président du groupe K-Rey. Nous avons un très bon tissu économique local, avec un des taux de vacances les plus bas des villes de même taille, très diversifié, innovant et parfaitement capable de s’adapter aux nouveaux défis. L’ouverture de la Cité est une formidable vitrine de savoir-faire et l’occasion de mettre en valeur une gastronomie qui nous fait déjà honneur dans beaucoup d’établissements de la ville. C’est un nouvel écrin dont chaque habitant doit pouvoir être fier, l’expression de notre appartenance à une tradition et à une histoire gastronomique et viticole incomparable. Elle est porteur d’avenir pour l’hôtellerie, la restauration et le commerce de cœur de ville. C’est un grand privilège pour Dijon, pour toute la région, c’est le gage d’une notoriété et d’une attractivité supplémentaires de notre projet commun ; une attractivité dont nous bénéficierons tous. La Cité est pour toutes les Dijonnaises et tous les Dijonnais ! »

DLH : Vous avez été parmi les premiers investisseurs à croire en ce projet dijonnais. Et ce, malgré les ralentissements inhérents notamment à des recours politiques et malgré aussi l’échec de la Cité lyonnaise, qui, il est vrai, n’était pas sur le même modèle… Pourquoi ?

William Krief : « Dès ma première visite, en 2015, alors que l’ancien hôpital n’était pas encore totalement fermé, j’ai été conquis par l’énergie qui se dégageait de ce lieu exceptionnel. J’ai compris l’enjeu de proposer sur cet emplacement de cœur de ville une programmation exclusivement dédiée à la gastronomie avec une offre d’expériences très immersives.  Si le projet a été ralenti, il nous a donné davantage de temps pour imaginer une programmation en adéquation avec la gastronomie, dans tout ce qu’elle représente. Nous avons ainsi pu murir nos intentions et affiner le projet, en cohérence avec tous les acteurs du terroir, les producteurs, les éleveurs, les cuisiniers… ceux qui, précisément, concoctent cette belle notion que l’on appelle gastronomie. En les rencontrant, en les écoutant, nous avons imaginé un concept unique pour les visiteurs de la Cité : créer un lieu vivant, centré sur le partage et le plaisir ».

 

DLH : Afin de dynamiser le commerce et les places du cœur de ville, vous avez notamment développé des nouveautés comme les Jeudi’jonnais . La CIGV sera-t-elle un lieu propice à de nouvelles opérations d’envergure ?

Nadjoua Belhadef : « En 2021, dès la reprise des beaux jours, nous avons décidé de continuer à accompagner nos commerçants. La 1re édition des Jeudi’Jonnais a, en effet, été lancée en juin pour animer la ville mais surtout pour soutenir d’une autre manière les commerçants et les artistes. Cette volonté de dynamiser la ville est plus que jamais un axe de travail avec les commerçants dijonnais. En 20 ans, nous avons multiplié par 7 le nombre de terrasses. Leur surface totale atteint 7 200 m2. Dijon, c’est aussi et de plus en plus, un cœur de ville toujours très accessible. Cinq stations de tramway, une navette gratuite qui se faufile dans les ruelles, 3 500 places dans 9 parkings souterrains et 4 300 places de surface dont la gestion, y compris des vélos en libre-service. Et inutile de vous dire que le nouveau parking silo en face de la Cité trouvera bientôt ses usagers réguliers. La politique de gestion active de son patrimoine permet à la ville de favoriser la création de nouvelles surfaces commerciales : Cour Bareuzai par exemple bientôt Cœur Dauphine (projet privé mais accompagné par le public). Le Brunch des Halles, l’évènement gourmand organisé et imaginé par la ville de Dijon, est devenu une véritable institution, un temps gourmand incontournable de la saison estivale. Et je rappelle aussi que tous les aménagements piétons et de circulation de ces dernières années faciliteront bien évidemment les interactions entre la Cité et la ville. C’est la possibilité d’effectuer des « boucles » qui fait aussi que la piétonisation est aujourd’hui plébiscitée par les commerçants.

Tous ces éléments facilitent naturellement des formules intéressantes pour les futurs visiteurs de la Cité et profitables à tous les commerçants : des billets couplés valables 24 heures qui permettront d’organiser sa journée, avec, par exemple, une visite d’exposition à la Cité, un déjeuner au centre-ville et un petit shopping ensuite, pour un retour à la Cité et une dégustation apéritive ou un repas dans l’un des restaurants du groupe Épicure ; des boucles gourmandes organisées au départ de la Cité et vers le centre ; un billet couplé pour les brunch du dimanche avec une entrée préférentielle pour la Cité… les idées ne manquent pas pour que ce nouveau concept ouvert sur la ville fasse résonner l’ensemble de son activité commerciale. La diversité des offres (expositions temporaires, animations, restauration, cinémas) a été conçue pour que les visiteurs de proximité, les Dijonnaises et les Dijonnais puissent revenir plusieurs fois sans se lasser et dans une découverte permanente ».

DLH : Le Village gastronomique représentera l’un des hauts lieux de la CIGV. Quelle est la ligne de conduite qui a été la vôtre en terme d'aménagement mais également en terme de choix des commerces ? 

William Krief : « Le Village gastronomique représente près de 70% des espaces accessibles au public dans la Cité. Nous avons compris que notre rôle allait bien au-delà d’une dimension commerciale. Il s’agit en effet mettre sur le devant de la scène les talents bourguignons, franc-comtois et nationaux avec une nouvelle approche tournée vers l’échange, la rencontre, l’émotion. Le Village gastronomique s’est construit avec la volonté de défendre les valeurs qui ont construit au fil de notre histoire l’excellence française. Il s’agit en outre de valoriser toutes ces filières, et de favoriser Cité les rencontres et les expériences de dégustation. Grâce au concours de la Ville, nous avons rencontré les groupements régionaux qui fédèrent les filières (GPPR, Vive la Bourgogne, les syndicats et associations d’appellations…), mais aussi les chambres de métiers et de l’artisanat dont je remercie la mobilisation. Nous avons également développé une base de données en ligne www.lesproducteursduvillage.fr pour permettre à chaque acteur de nous contacter ».

DLH : Retrouvera-t-on au sein de ce Village Gastronomique les 3 merveilles de Dijon qui ont fait sa réputation dans le monde entier ? A savoir le Cassis, la moutarde et le pain d’épices…

William Krief : « La région ruisselle de merveilles que j’ai eu la chance de découvrir avec mes équipes en sillonnant le territoire. Ces trois produits emblématiques du terroir seront bien entendu présents, parmi d’autres comme certains fromages d’exception (ex : l’Époisses au lait cru fermier) ou même de la céramique des manufactures de Longchamp ou encore de Digoin… Chacun de nos espaces révèle le meilleur du terroir français en insistant sur le talent des artisans, de leur savoir-faire et de leurs produits. Plusieurs Meilleurs Ouvriers de France ont rejoint l’aventure du Village, tous défendent des valeurs qui nous tiennent à cœur, notamment le partage et l’ouverture au grand public. L’ambition n’est pas de faire de la gastronomie un produit élitiste mais bien de s’adresser au plus grand nombre et de les séduire avec une cuisine française accessible et ludique ».

Nadjoua Belhadef : « Ce projet inédit en France propose toutes les expériences qu’un amoureux de la gastronomie recherche : des lieux de dégustations, des animations, des restaurants, des formations, des rencontres avec les artisans et les chefs dans des boutiques exclusivement dédiées à cet univers. Je vous donnerais juste ainsi un exemple : Nicolas Sauvage, déjà propriétaire de deux restaurants en centre-ville, s’engage dans l’aventure de la Cité sur le concept d’un restaurant/pub d’ambiance qui servira des produits frais de type burgers, tapas et plats régionaux. C’est une nouvelle façon de consommer et de déguster ! »

DLH : La cuisine expérientielle, qui n’était pas prévue initialement et dont vous avez eu l’idée, devrait représenter un autre point d’orgue de la CIGV…
William Krief :
« C’est un lieu unique en son genre, complètement atypique et modulable, qui va créer l’événement dans la Cité avec une riche programmation : shows culinaires, ateliers de cuisine, de pâtisserie, de mixologie, une master class suivie d’une dégustation, un plat élaboré dans une cuisine ouverte sur le reste de la salle fait le show… Plus qu’un restaurant, la cuisine devient spectacle, expérientielle, en s’appuyant sur les meilleurs produits du Village gastronomique que vous pourrez déguster en toute simplicité. La Cuisine devient ainsi ludique lorsqu’elle organise des soirées thématiques et pédagogique lorsqu’elle accueille un restaurant d’application des élèves Ferrandi. Le jeune public sera quant à lui sensibiliser aux bienfaits d’une alimentation plus saine, plus respectueuse de son environnement. La visite de la Cuisine expérientielle se terminera évidemment sur le toit terrasse qui offre une vue magnifique sur la Cité et vous invite à déguster un café de notre torréfacteur MOF ou profiter de son braséro qui sera sorti pour les occasions spéciales et les ateliers de cuisson sur braises ».

DLH : Tout l’enjeu de cette Cité réside dans le fait d’attirer les touristes mais aussi d’en faire un lieu de vie que s’approprient les Dijonnais. Comment pensez-vous réussir à concilier les deux ?

William Krief : « Avec la Conciergerie de la Cité, nous travaillons sur des offres couplées permettant de proposer la découverte de la cité mais aussi celle du territoire et de ses lieux forts. Nous espérons clairement capter les visiteurs sur des séjours prolongés avec des nuitées proposées en partenariat avec les hôteliers dijonnais. La cité est un lieu de rayonnement pour l’ensemble du territoire et nous défendons cette attractivité avec l’office du tourisme et par la contractualisation de nombreux partenariats avec d’autres acteurs dijonnais »

Nadjoua Belhadef : « C’est l’assemblage dynamique des différents usages, expositions, expérience sensorielle avec la cuisine expérientielle, dégustations, découverte de produits qui changeront régulièrement en fonction des saisons, animations œnologiques, gastronomiques et festives, qui va attiser la curiosité de manière régulière. Le complexe de cinémas est aussi un atout majeur pour assurer des flux de visiteurs locaux ou régionaux toute l’année. Le public scolaire ne sera pas oublié dans son approche et permettra aussi de faire vivre la Cité, et de convaincre ensuite les parents ».

DLH : Après l’inauguration de la Cité se posera la question de la piétonisation de la rue Monge afin d’en faire un accès privilégié vers le cœur de ville…  

Nadjoua Belhadef : « La ville porte un projet global autour de « Dijon, Cité internationale de la gastronomie et du vin ». La Cité sera située au centre-ville, desservie par une rue Monge reconfigurée. Les actions d’apaisement des voies du centre-ville sont conséquentes et s'étalent sur plusieurs années, chaque opération étant le fruit d'une réflexion et d'une concertation particulière afin d'en mesurer la pertinence et les effets sur le fonctionnement de notre ville, l'objectif étant bien sûr d’assurer une cohérence et une continuité du plateau piéton en tenant compte des évolutions majeures de Dijon.

L’ouverture début mai de la Cité ainsi que l’installation, en 2024, de l’Organisation internationale de la vigne et du vin dans l’hôtel Bouchu d’Esterno font partie de ces évolutions qui doivent s’accompagner d’un embellissement de l’espace public proche. La rue Monge est un des axes de desserte principale du centre-ville de Dijon reliant la Cité. Elle a la particularité de concentrer des activités essentielles à son attractivité et son animation (commerces, sites patrimoniaux et de spectacles, voie de desserte pour les transports collectifs, accès au parking Dauphine).

L’aménagement actuel, datant d’une trentaine d’années, nécessite un embellissement général pour en faire une belle entrée de ville invitant les piétons à l’emprunter. Nous y travaillons activement ».

DLH : Lors de la pose de la première pierre, vous aviez déclaré que cette « plus belle vitrine de France » aura un pied dans le futur en s’apparentant à une véritable « ruche connectée ». A quelques semaines de l’ouverture, vous pouvez nous en dire plus ?

William Krief : « Nous avons en effet travaillé à une véritable stratégie digitale novatrice. La plateforme que nous avons développée assure ainsi au visiteur une prolongation de son expérience en ligne. Nous souhaitons grâce à cet outil fédérer une communauté de gastronomes qui s’exprimeront en direct sur les réseaux et pourront suivre en live ou en différé un événement diffusé grâce aux canaux digitaux. Le Village Gastronomique s’apparente à une ruche, avec ses artisans, ses producteurs, ses chefs et tous ceux qui s’y activent pour produire le meilleur de la gastronomie et promouvoir notre art de vivre à la française ». 

Propos recueillis par Camille Gablo

 

Le Village Gastronomique : « Une offre variée »

Voici la liste des producteurs, artisans… présents au sein du Village Gastronomique confiée par William Krief, qui annonce : « Chacun pourra se retrouver dans ces propositions d’expériences gastronomiques à tous les prix ! »

«  - LA PLANCHE : Fromagerie et épicerie fine avec une sélection de produits de qualité sélectionnés dans tout le terroir français

- LE DRESSOIR : Art de la table et accessoires pour devenir chef amateur ou confirmé (ex : tabliers personnalisables)

- LE BILLOT : La Boucherie et Charcuterie proposera des sélections de viandes, volailles, charcuteries authentiques issus des grandes régions

- LE CHARRETON : Fruits et légumes sélectionnés et de saison

- L’ECAILLE : Poissons, crustacés et produits de la mer

- LA GLORIETTE : Bar à douceur proposant thés cafés torréfiés, chocolats, macarons et confiseries

- LA LIBRAIRIE GOURMANDE qui propose la plus belle sélection d’ouvrages gastronomiques ou en rapport avec la Gastronomie 

- LE MOULIN : la Boulangerie de la Cité qui travaille des céréales sélectionnés et défend les valeurs qui nous sont chères de circuit-court, du grain de blé à la baguette.

- LA CUISINE EXPERIENTIELLE qui est le haut lieu dédié aux animations et événements culinaires, proposant des master class et des ateliers de cuisines et de mixologie.

- LE BAMAGOTCHI : un Bar à Manger qui proposera des dégustation de plats réalisés avec des produits sélectionnés et assemblés autour d’une ambiance bière locale et music live.

 Et je n’oublie pas les établissements du groupe Epicure :

- LA CAVE DE LA CITE  qui proposera une sélection de vins exceptionnels avec des dégustations au verre de plus de 200 variétés.

- LA TABLE DES CLIMATS : un restaurant qui proposera des menus gastronomiques axés sur les accords mets et vins

- LE COMPTOIR DE LA CITÉ qui proposera une restauration plus rapide au comptoir autour des chefs avec dégustation de tapas »