Le jour de son élection face à la pyramide du Louvre, on l’avait connu en Toutankhamon, puis en Jupiter, et, en juillet dernier, en comique troupier au milieu des YouTubeurs Mcfly et Carlito… 2022 était à peine entamée que notre Président de la République endosse un nouveau premier rôle, avec fanfare et trompettes de la dissonance. Plongé dans une seconde campagne électorale encore officieuse, le voilà en Général Cambronne agitant l’étendard de la trivialité et introduisant un boulet dans le canon du twitt : « Les non-vaccinés, j’ai envie de les emmerder. Ils viennent saper ce qu’est la solidité d’une nation (…) Un irresponsable n’est plus un citoyen », a-t-il déclaré urbi et orbi. La chose est mûrement réfléchie, quand on sait le cynisme du chef de l’Etat.
Les Grognards de la garde macronienne se sont illico presto fendus de plusieurs passes d’armes au Palais Bourbon ainsi qu’au Sénat, se vautrant dans le verbe « emmerder » devenu Le Verbe selon l’apôtre Saint Castex. Nous voilà médusés devant ce spectacle d’un staff gouvernemental contaminé par la vulgarité affligeante du boss. L’affaire fait toujours grand bruit. Macron peut se frotter les mains : il nous balance ainsi de la poudre aux yeux et nous rend aveugles aux graves manquements de l’Etat dans le secteur hospitalier public en métropole tout comme dans les DOM-TOM. La réalité est pourtant cruciale : la fermeture de lits depuis la pandémie se chiffrerait à 2 000 d’après certaines sources. Voilà plus que jamais l’occasion de dénoncer une stratégie malhonnête qui consiste à évaluer tout citoyen de la République à l’aune des doses de vaccin. L’Exécutif n’hésite pas à s’offrir le culot d’aggraver la fracture sociale !
La grossièreté verbale du Président répond d’ailleurs à un calcul plus large : pendant ce temps, les médias ou les différents partis de droite et de gauche ne se penchent plus sur les problèmes suscités par la violence, sur la médiocrité de l’enseignement dispensé du primaire à l’Université ou bien encore sur l’absence d’une vraie politique ciblant la réindustrialisation de notre pays.
Et dire que dans ses vœux à la nation, nous avions vu un Macron tout contrit, jurant qu’on ne l’y reprendrait plus à recourir à l’insulte ainsi qu’au mépris ! Il n’aura pas non plus échappé à la sagacité des téléspectateurs de ce dernier soir de l’année 2021 que le chef de l’Exécutif n’en était plus à un navet près, lorsque -revêtu de son nouveau costard européen- il a déclaré qu’il serait désormais impossible aux consommateurs de l’UE de trouver en magasin l’habituel panel d’une trentaine de fruits et légumes emballés dans du plastique. Haro donc sur tous les radis, poireaux, pommes, clémentines politiquement incorrects car fauteurs de troubles environnementaux ! On mesure le pas de géant ainsi franchi pour une Europe plus efficiente sur l’échiquier mondial… Macron croit bon de se camper en grand patron de l’Europe, pensant saisir là de quoi booster son électorat en avril prochain. Sa cuistrerie tout comme une immaturité chronique de touche-à-tout le conduisent à se jouer des symboles : il aurait dû se montrer plus avisé en consultant les haruspices avant de faire flotter le drapeau de l’Europe sous l’Arc de Triomphe – pour finir par le faire enlever en catimini devant le tollé général. Posons « la » question qui fâche : quid alors du ressenti des autres pays membres de l’UE confrontés à un acte d’appropriation inadmissible?
Est-ce à dire qu’Emmanuel Macron ressemble souvent au Blob – ce fameux génie sans cerveau ?
Marie-France Poirier