C’est une première à Dijon : le 20 janvier prochain se tiendra la Nuit de la Solidarité, une opération durant laquelle des binômes constitués d‘un volontaire et d’un professionnel laisseront de côté leur sommeil pour tenter de converser et de venir en aide aux sans-abris. Cette sortie nocturne a, sans mauvais jeu de mots, vu le jour à Paris en 2018 à l’initiative de la Ville et de la direction interministérielle de l’hébergement et de l’accès au logement. A l’origine de sa déclinaison dijonnaise, Antoine Hoareau, vice-président de la métropole dijonnaise et adjoint du maire de Dijon, explique tout l’intérêt de cette action.
Dijon l’hebdo : Quel est l’objectif de cette Nuit de la Solidarité ?
Antoine Hoareau : « Cette opération est inspirée de la Ville de Paris dans le cadre de sa politique de logement. Son but : faire du « aller vers » les sans-abris qui n’ont pas trouvé de réponse à la suite d’une demande de logement d’urgence ou qui refusent de bénéficier des dispositifs existants. Et, à cette occasion, nous allons recenser toutes ces personnes. Grâce à notre bonne connaissance du terrain et au travail de partenariat avec les associations réalisant des maraudes, on estime à 30 le nombre de personnes qui vivent dehors à Dijon. Aussi, nous allons dialoguer avec celles-ci afin de mieux appréhender leurs besoins et les freins aux politiques mises en place. Plusieurs binômes vont couvrir le secteur du centre-ville élargi, là où l’on sait qu’il y a des sans-abris. L’intérêt final est de montrer à ces personnes qu’elles ne sont pas délaissées et de leur proposer une aide qui leur permettra de se réinsérer rapidement ».
Dijon Hebdo : Cette Nuit de la Solidarité n’est ainsi pas une opération dédiée à un simple recensement des sans-abris ?
A. H : « Tout d’abord, j’aimerais saluer le changement de philosophie dans le domaine de la part du gouvernement. Même s’il existe de nombreuses choses qui ne vont pas, il faut reconnaître celles qui vont dans le bon sens. Le traitement actuel des individus en situation d’extrême précarité s’est nettement amélioré permettant une plus rapide réinsertion. Aujourd’hui, le travail social commence dès la prise en charge, dès qu’un logement a été trouvé. Il est de plus en plus rare qu’il y est une phase de transition entre les deux. C’est à la ministre chargée du Logement que l’on doit cette évolution bénéfique. J’ai en effet, dans un premier temps, pensé que cet événement n’orchestrerait qu’un simple recensement et une action de communication, mais les services du CCAS ont injecté des fonds afin de réaliser une démarche qualitative qui permettra, j’en suis sûr, d’aider les personnes en situation précaire. Je rappelle également que Dijon a une spécificité dont je me réjouis : toute personne qui réalise une demande d’urgence trouve une solution dans la soirée. Grâce à l’État et à la DREETS (direction régionale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités), toutes les sollicitations au 115 trouvent aujourd’hui une réponse ».
Dijon l’Hebdo : Cette opération s’inscrit dans une politique plus vaste en faveur des personnes en grande précarité…
A. H : « Les politiques dijonnaises sont ambitieuses car nous considérons que chaque être humain doit bénéficier de la même dignité de vie et que les situations des gens à la rue ne sont pas acceptables. C’est la raison pour laquelle nous mobilisons tous les moyens afin de régler leurs problèmes et les aider s’ils l’acceptent. Durant ce mandat, nous déconstruirons et reconstruirons l’accueil de jour de la rue des Corroyeurs avec le soutien de l’État et du Plan de Relance. Cela représente 2,5 M€ de travaux. Au niveau de la mairie et de la métropole, le budget pour les personnes en très grande précarité s’élève à environ 1 M€ par an. On ne peut se satisfaire de voir des gens dormir à la rue. Ce n’est pas une fatalité ! »
Propos recueillis par Camille Rouchon