D’un Duc de Bourgogne à l’autre !

Quand Philippe le Bon rencontre François Rebsamen… Vous ne rêvez pas et nous ne souffrons pas d’une folie passagère, qui serait susceptible de nous faire croire à certains anachronismes. Ce tête-à-tête a bien eu lieu. C’était le 11 mai… et jamais la Cité des Ducs de Bourgogne n’a aussi bien porté son nom ! Nous devons cela à l’Office du Tourisme de Dijon métropole qui n’avait, quant à lui, jamais été aussi … Téméraire !

Le face à face n’est pas passé inaperçu. Et pour cause, imaginez Philippe le Bon rencontrant l’actuel hôte de son palais, que d’aucuns se plaisent parfois à qualifier de Duc de Bourgogne, le maire de Dijon François Rebsamen. C’est par ce clin d’œil que l’Office de tourisme de Dijon métropole a souhaité donner le coup d’envoi de la saison touristique 2021. Une « Chouette initiative », pourrions-nous écrire en référence à l’oiseau des ténèbres qui porte chance, selon la légende, à tous ceux qui l’effleurent. Une façon, qui sait aussi, de conjurer le mauvais sort qui s’est acharné sur les professionnels du secteur, ayant subi de plein fouet la crise sanitaire ?

« Le tourisme, première industrie de notre pays et première activité de notre région, vit une période difficile. Enfin les sourires reviennent et aujourd’hui nous voyons le bout du tunnel. Le 9 juin a été une date importante et elle a été franchie ici avec succès. Le président de la République a annoncé un plan de reconquête et d’investissement dans le tourisme. C’est une bonne nouvelle pour ce secteur qui est l’un des plus impactés, avec la culture, le sport, l’événementiel », a mis en exergue le premier magistrat du XXIe siècle, non sans sacrifier au traditionnel bilan touristique de la saison précédente : « Ce n’est pas facile. En 2020, 74% de baisse des arrivées en France ont été enregistrées ; la réduction des emplois en Bourgogne Franche-Comté a atteint 15%. Dans le secteur de l’hôtellerie, les nuitées ont été de 4 millions contre 7 millions en 2019. Nous avons un peu mieux résisté qu’en France métropolitaine mais la chute a été très forte. Et si les mois de juillet et d’août ont été bons, ce fut essentiellement grâce aux touristes locaux, nationaux et des pays limitrophes. L’Office de tourisme a accueilli 145 000 personnes contre 265 000 la saison précédente ». Voilà pour les (mauvaises) nouvelles qui n’ont évidemment surpris personne, épée de Damoclès de la Covid-19 oblige…

Duc Eudes III de Bourgogne

Tout en rappelant le soutien accordé par la métropole à 122 hôtels, cafés, restaurants (3,5 M€) et le report complet du reversement de la taxe de séjour, François Rebsamen n’a pas manqué de se tourner avec appétence vers l’avenir : « Il y a aujourd’hui sur Dijon 8 projets d’hôtel en construction. Je le rappelle à ceux qui doutent que Dijon soit la capitale de cette grande région touristique. Nous avons des atouts que nulle autre ville de Bourgogne Franche-Comté ne possède. Et nous aurons au printemps prochain l’inauguration de la Cité internationale de la Gastronomie et du Vin. Je vous promets que ce sera un événement exceptionnel en France. J’ai invité le président de la République et il m’a dit que c’était à la hauteur de ce qu’il pensait pour notre pays ! »

Avant que Philippe III de Bourgogne, portant haut le collier de la Toison d’Or, n’intervienne pour nous replonger dans les fastes de la vie ducale du XVe siècle – comme lors des visites-expériences proposées aux touristes –, Sladana Zivkovic, adjointe déléguée à l’Europe, aux relations internationales et au tourisme, a détaillé la stratégie touristique ainsi que les nouveautés pour la saison à venir. Certes, il fut question des nouveaux ateliers (le Street art, les Halles gourmandes ou encore la Biérologie, permettant de découvrir les bières fabriquées localement) mais aussi du nouveau point d’accueil de l’Office de tourisme au sein de la CIGV. Au cœur même du CIAP (Centre d’interprétation de l’architecture et du patrimoine) dont l’appellation, le « 1204 », a été choisie en référence à l’année où le Duc Eudes III de Bourgogne a fondé les Hospices de Dijon sur une île de lOuche. L’un des ancêtres de la ligne capétienne de… Philippe le Bon !

L’arme de la Cité de la CIGV

Mais Sladana Zivkovic, aux côté de sa collègue adjointe déléguée au commerce et à l’artisanat, Nadjoua Belhadef, a également dévoilé la nouvelle campagne de communication touristique dijonnaise qui a pour objectif de faire briller la Cité des Ducs au-delà des frontières… du royaume. Comme aurait dit les Valois ! Enfin bien au-delà puisqu'elle sera affichée dans les grandes gares de l’Hexagone mais aussi ciblera les clientèles internationales (Allemagne, Pays-Bas, Belgique…). Et la croisade communicative – pour rester dans l’anachronisme – passe par un wording (ce terme d’origine anglo-saxon était inconnu de la maison capétienne des Valois, aussi va-t-on le traduire : une formulation) fort et décalé que l’on doit à l’agence dijonnaise AMT. Voici l’un des messages… guerriers, destinés à réaliser de nouvelles conquêtes touristiques :« Zappez Osaka, osez Dijon ! Envie de découvrir, de savourer et d’épicer vos vacances, cet été troquez le wasabi pour la moutarde ! » Et les territoires à zapper pour oser Dijon sont tout de même impressionnants : le Canada, la Floride, Washington… Même pas peur ! Enfin, là, nous aurions dû remettre au goût du jour la célèbre devise de Philippe le Hardi que l’on déguste régulièrement sans vraiment le savoir : « Moult me tarde » qui signifiait : « Finissons-en ! »

Aussi vous ne serez pas étonné si ce lancement de saison touristique dijonnais s’est achevé par une vidéo de l’écrivain belge Bart Van Loo, qui a vendu 250 000 exemplaires de son ouvrage paru aux Editions Flammarions intitulé Les Téméraires. Avec comme sous-titre : Quand la Bourgogne défiait l’Europe !

Pour que les professionnels du tourisme retrouvent le sourire, Dijon, qui sera dès le mois d’avril prochain doté d’une nouvelle arme (la CIGV), a décidé d’être plus… téméraire que jamais et de défier… le monde !

Camille Gablo