Si l’on en croit François Patriat, « les élections départementales, comme les municipales, sont des élections de la proximité et du non renouvellement général. Si un conseiller départemental a bien fait son boulot, il n’est pas victime des aléas politiques ». Il faut dire que le sénateur en sait quelque chose. Car, comme il le dit, lui même, avec le sourire : « J’étais de gauche dans un canton de droite à Pouilly-en-Auxois et j’ai élu 6 fois au 1er tour ! » C’était avant qu’il ne croit au rêve d’Emmanuel Macron… devenu réalité depuis !
Ainsi, si le monde d’après s’apparente, peu ou prou, à celui d’avant, la majorité de la droite et du centre, forte aujourd’hui de 14 binômes sur les 23 cantons que compte la Côte-d’Or, devrait être reconduite. Et son président, François Sauvadet, devrait être toujours appelé « le grand » après ce nouveau scrutin… imposant encore sa marque – et nous ne parlons pas que du « Savoir-faire 100% Côte-d’Or » – comme il le fait depuis 2008.
Partant plus que favori sur son canton de Semur-en-Auxois, où il avait récolté, avec Martine Eap-Dupin, 69,66 % des suffrages en 2015, l’ancien journaliste du Bien Public, où, rappelons-le, il a fait, notamment, la pluie et le beau temps dans les rubriques politique et agricole, devrait ainsi continuer de creuser son sillon. La majorité départementale a, sur le papier, tout pour dormir sur ses deux oreilles.
Selon nos informations, elle fait même des rêves sur les cantons de Dijon 3 (où elle s’est fixée comme objectif de faire tomber le proche de François Rebsamen, Hamid el Hassouni), de Chevigny-saint-Sauveur et de Talant. En revanche, elle fait des cauchemars sur ceux de Genlis et de Brazey-en-Plaine. Un territoire qui avait échappé au FN en 2015, après le retrait des candidats de l’union de la gauche. Car – et beaucoup l’ont oublié –, il y a six ans, le FN avait réussi le tour de force de se qualifier pour le 2e tour dans 15 des 23 cantons, illustrant, par là-même, déjà sa forte poussée. Et pas moins de 7 triangulaires avaient focalisé l’attention.
In fine, le parti de Marine Le Pen n’avait réussi nulle part à transformer l’essai du 1er tour. L’histoire se répétera-t-elle et le scrutin binominal mixte majoritaire à 2 tours fera-t-il encore, pour le RN, de la Côte-d’Or une citadelle imprenable ? Et ce, alors que tout porte à croire que l’abstention sera supérieure à celle de 2015 (46,14%) et que, par corollaire, les triangulaires devraient être moins nombreuses (la barre des 12,5% des inscrits pour se maintenir au 2e tour étant plus dure à franchir quand la participation est plus faible).
Ring du combat des chefs
D’autres interrogations se sont faites jour au fil de la campagne : quelles seront les répercussions locales de la position de François Sauvadet qui a fustigé la « stratégie très droitière » du candidat LR aux régionales, Gilles Platret, après son rapprochement avec Debout la France ? Sachant que le 1er vice-président actuel du Département, François-Xavier Dugourd, n’est autre que le numéro 1 de la section côte-d’orienne de Gilles Platret ! Quelles seront aussi les incidences de la présence de Ludovic Rochette, autre vice-président de la majorité, comme numéro 3 de la liste aux régionales… de la majorité présidentielle ? Parce que, à la différence de 2015 évidemment, LR-EM s’est invitée dans cette élection, en investissant et soutenant 9 binômes sur les 23.
Les projecteurs seront ainsi braqués sur Dijon 1, véritable ring du combat des chefs, le patron de la fédération LR 21, François-Xavier Dugourd, devant, cette fois-ci, batailler face au député LR-EM Didier Martin, et face au 1er secrétaire de la section PS de Dijon Antoine Hoareau. Ou encore sur celui de Fontaine-lès-Dijon où la majorité présidentielle croit beaucoup en Dominique Grimpret, maire d’Ahuy, pour déloger Patrick Chapuis. Ce n’est pas En Marche qui focalisera l’attention sur le canton de Talant, mais le retour dans le jeu de l’ancien député LR, Bernard Depierre.
La gauche a, quant à elle, choisi l’union, les Verts faisant partie de l’aventure commune dès le 1er tour. Aussi, pour ce côté de l’échiquier politique, la seule question est de savoir si cette stratégie trouvera l’aval des électeurs… alors que, dans le même temps, ceux-ci devront choisir des bulletins séparés aux régionales (enfin le 20 juin, pour la suite il est encore trop tôt pour se prononcer). La 1re adjointe de François Rebsamen, Nathalie Koenders, s’élance, ainsi, par exemple, sur Dijon 1 avec l’écologiste Billy Chrétien, absent des radars politiques il y a encore peu. Si bien que les résultats de celle qui devrait prendre, dans les années à venir, la succession de François Rebsamen à la mairie de Dijon seront disséqués de près. Par ses adversaires… comme pas ses amis ! Les électeurs trancheront et, alors, nous saurons si, en Côte-d’Or, le monde d’après est le même que celui d’avant !
Camille Gablo