Mémoire vagabonde
Dernièrement, je suivais sur la chaîne L’Equipe la finale de la Coupe de France de basket : Dijon- Villeurbanne, en compagnie de mon père. Mais la rapide prise en main de la rencontre par une ASVEL dominatrice enleva rapidement à la JDA le moindre espoir… De sorte que je me laissai entraîner par mon voisin dans le récit maintes fois entendu et toujours aussi émouvant d’une autre finale…Gagnée cette fois par des Dijonnais. La victoire des handballeurs du CSLD sur le PUC en 1973 qui donnait à l’équipe de la Cité des Ducs le titre de championne de France. Ainsi, la mémoire vagabonde, mais combien précise de mon père me fit traverser Paris, passer de l’Accor Arena au stade Pierre de Coubertin. En reculant d’un demi-siècle… Et je plongeai dans l’épopée cerclarde. Ayant éliminé les Carabiniers de Billy-Montigny, les équipiers d’André Sellenet se retrouvaient en finale face au Paris Université Club, favori logique qui avait pratiquement gravé son nom sur le trophée avant l’ultime étape…Un pronostic que les Dijonnais allaient faire mentir à l’ultime seconde, en arrachant la victoire d’un but. Victoire de l’improvisation sur l’application, du désir de vaincre sur le jeu académique, de la rapidité sur la force. Du dépassement …Victoire surtout d’une équipe ayant su et pu bénéficier du talent d’un homme, Bernard Sellenet, qui, dans ses buts, domina ses adversaires ! Et sublima ses partenaires. Mon père, les larmes aux yeux, me transmet son émotion : « Encore 1 minute 30 à jouer…Orsini, le Puciste, tire, Bernard Sellenet arrête, relance instantanément sur Pierre Alba qui se fait écrouler aux 6 mètres… Guy Bornot transforme le pénalty : 16-15 ! » Et envoie la bande à Dutin et Bourgeois au paradis ! Un exploit qui, 48 ans après, mérite bien encore quelques lignes. Et quelques frissons.
Le retour du 1er mai
En 2020, la pandémie avait empêché le défilé mais cette année, Dijon a renoué avec le traditionnel cortège intersyndical du 1er Mai. Deux mille personnes, pour la plupart masquées, ont, depuis la place Wilson, gagné dans le calme la rue de la Liberté, la porte Guillaume, la place de la République et le Théâtre. Et quelles que soient nos opinions, ce retour à la normalité du 1er Mai fait du bien… lorsqu’il est pacifique s’entend. Car, comment ne pas être vent debout lorsque l’on assiste aux images de violence dans les rues de Paris… Loin des exactions d’une minorité « stupide », le vrai 1er-Mai montre que le pays vit, espère, regarde devant, a des utopies, et est encore capable de revendiquer fortement et pacifiquement… Il rappelle aussi les vraies racines du 1er Mai : les combats du mouvement ouvrier pour faire baisser, au cours du XIXe siècle, la longueur de la journée de travail, aux Etats-Unis et en Europe. Des racines qui expliquent le caractère revendicatif et international de cette journée sacrée, officialisée en France « fête du Travail » après la Libération…
Obélix va être en colère
Obélix va faire la tête : l’INSEE vient de faire paraître une étude montrant que la Bourgogne-Franche-Comté est la première région rurale de France. Juste devant la Bretagne… et son village d’irréductibles Gaulois. Les chiffres présentés datent de 2018 et stipulent que 55% de la population de notre Région réside dans une commune rurale. Contre un tiers au plan national… Chez les Bourguignons et Francs-Comtois, le rural qui se définit par sa faible densité démographique est l’espace dominant avec 95% de la superficie et des communes. Un peu plus de la moitié des logements. Un espace qui perd maintenant des habitants (- 0,1% /an) alors qu’il en gagnait encore entre 2008 et 2013 et qu’au niveau national, la population dans les campagnes continue à croître, même si cette augmentation se ralentit. Et celui ou celle qui veut approfondir la présentation de l’INSEE découvre d’autres éléments intéressants : le secteur rural « sous influence » des villes, car présent autour des grands pôles urbains, compte en moyenne 45 habitants/ km2 en BFC quand la moyenne française s’élève à 61 habitants/ km2. Et tandis qu’il accueillait encore régionalement de nouveaux résidents voici quelques années, il n’en attire plus sur la période récente. Autrement dit, la périurbanisation, chez nous, s’essouffle… Quant au second type de ruralité, le rural « autonome », plus loin des milieux urbains, sa population, le plus souvent âgée, diminue. Tandis que, au niveau national, cet espace demeure attractif. Une série de données, de constats en régression qui n’en doutons pas sera analysée de près politiquement dans les prochaines semaines.
La culture monte… au Mur
Le milieu de la Culture monte au front… Plus exactement au MUR Dijon, l’espace Modulable Urbain Réactif situé au carrefour des rues Jean-Jacques-Rousseau et d’Assas. Une surface d’exposition de 8 sur 4,5 mètres, établie sur le pignon d’un immeuble, gérée par un collectif d’artistes, l’Association Zutique Productions, la Ville. Et destinée à accueillir des œuvres éphémères, inédites. Tous les trois mois, un créateur prend possession des lieux pour peaufiner une nouvelle performance. La semaine dernière, c’était au tour d’Amandine Urruty à venir s’exprimer sur cette façade, mais, pour des raisons de santé, son intervention a dû être reportée. Aussi, toute l’équipe du MUR a profité de cette défection pour peindre un message de soutien original et fort au monde de la Culture… Et des arts… En réalisant une œuvre sombre et revendicative, puisqu’apparaît un vaste aplat noir barré de la mention « non essentiel », en référence aux lieux culturels fermés durant la crise sanitaire. Un noir message dont le sens a été mis en exergue par le graffeur dijonnais RNST : souligner la situation actuelle des artistes et de tout le monde culturel, gravement touché par la fermeture. Un cri de colère dont nous espérons voir sa disparition dès le 19 mai !
L’empereur et le Chambertin
Napoléon 1er aimait le Chambertin ! L’affirmation est confirmée pêle-mêle par son valet de chambre, au plus près de son maître jusqu’en 1814, qui se souvient que l’Empereur ne buvait que du Gevrey et rarement pur. Constamment… Seul ou avec ses courtisans. Au Palais des Tuileries, aux châteaux de Saint-Cloud et Fontainebleau. En campagne et sur les champs de bataille, y compris lors de l’expédition d’Egypte, où un carrosse faisant fonction de cave le suivait méthodiquement. L’historien Pierre Branda précise que la consommation quotidienne du nectar ne dépasse pas un bon flacon de 50 cl et le breuvage était coupé avec de l’eau glacée, en application de traditions corses… Jean-François Bazin, dans son Dictionnaire du vin de Bourgogne, explique que la première rencontre entre le Chambertin et Napoléon a eu lieu au lycée d’Autun, mais il est vraisemblable également que le séjour, plus tard, à la garnison d’Auxonne a pesé dans ce choix gustatif. Bref, entre l’Empereur et le Chambertin, prospéra une liaison sans nuage qui flatte à juste titre nos fiertés de Bourguignons. Une fierté qui certes a son poids dans le jugement que l’on peut porter sur le grand homme au moment du bicentenaire de sa mort, mais qui doit nous laisser la tête froide pour apprécier avec objectivité l’œuvre d’ensemble du personnage…
La Bourgogne dans les étoiles
Dans la série des célébrités entretenant avec la Bourgogne un lien gastronomique étroit, Thomas Pesquet tient aussi son rang : il affectionne le bœuf bourguignon… Le spationaute français qui a décollé le 23 avril dernier de Cap Canaveral à bord de la capsule SpaceX Crew Dragon pour rejoindre, dans le cadre de la mission Alpha, la Station spatiale internationale (ISS) a emporté dans ses valises des menus comportant des plats qu’il a choisis… Avec au premier rang l’emblématique bœuf bourguignon préparé par le chef Thierry Max, le successeur d’Alain Ducasse, aux commandes de la préparation de la cuisine pour les missions spatiales. Si notre mets régional apportera sans nul doute tout le plaisir gustatif attendu à Thomas Pesquet, on peut dire, sans vanité, que la Bourgogne et sa gastronomie, pendant six mois, vont côtoyer les étoiles… Pas les étoiles du Guide Michelin, mais celles du Ciel… Puisque notre Région est véritablement la Terre de la gastronomie. Et, en redescendant sur la planète, il me vient une idée : le spationaute français ferait un parrain de choix pour la prochaine inauguration de la Cité internationale de la Gastronomie et du Vin de Dijon !