Avec 361 sapins érigés telle une pyramide afin de composer un sapin géant de 18 m place de la Libération, la capitale de la Bourgogne Franche-Comté a fait le choix d’égayer les fêtes de fin d’année avec une innovation régionale : l’Abies Caméléon que l’on doit à une entreprise de l’Yonne qui cultive le triptyque créativité, tradition et respect de l’environnement.
Nous vous proposons de faire un rêve – et nous profitons de l’occasion pour une (légère) référence à Martin Luther King au moment où la France est fort justement montrée du doigt pour une terrible vidéo, sur laquelle il n’est pas besoin de revenir tellement son écho est assourdissant ! Mais revenons à nos moutons, pardon à nos rennes, et reprenons notre rêve : oublions quelque peu les contraintes sanitaires et imaginons que le père Noël puisse effectuer sa traditionnelle descente depuis le sommet du palais des Ducs. Si tel était le cas, peut-être, irait-il escalader le sapin géant de 18 m de haut érigé par la Ville sur la place de la Libération.
Au sommet, qui sait, il pourrait alors lancer à la foule de bambins venus nombreux et sans masques (nous vous disions que c’était un rêve !) : « Songez que du haut de cette pyramide, dix-huit siècle vous contemplent ! » Dix-huit siècle si l’on reconnaît naturellement à Nicolas de Myre la paternité de Saint-Nicolas au IIIe siècle après J.-C.… Le même Saint-Nicolas qui deviendra par la suite le Père Noël que les enfants attendent avec impatience chaque nuit du 24 décembre.
Le Père Noël grimpeur pourrait ainsi paraphraser Napoléon Bonaparte et reprendre l’une de ses célèbres formules qu’il prononça lors de la bataille d’Egypte. Car le sapin géant choisi cette année n’est autre qu’une pyramide composée de 361 petits sapins de 2 m assemblés sur une structure métallique. Une innovation que l’on doit à l’entreprise Abies Décor située à Charny-Orée de Puisaye dans l’Yonne. Soit aux portes du Morvan qui, comme vous le savez, a la culture du sapin dans les gènes. Pour preuve, le sapin de 10,50 m qui trône dans la cour de l’Elysée vient, cette année encore, du massif préféré de notre Pape des Escargots, Henri Vincenot.
Spécialisée dans la réalisation des décors de Noël, cette société a déposé il y a 4 ans le brevet de ce type de réalisation qu’elle a appelée Abies Caméléon. « Nous devions résoudre une double problématique : la rareté des sapins géants mais aussi leur qualité. Il fallait trouver une solution pour en finir avec les dégâts qui pouvaient être occasionnés par les différentes étapes, à savoir la coupe, le débardage, le transport et l’installation », explique le gérant Mickaël Goux, avant de développer : « Pour assurer un produit totalement homogène, bien fourni, nous avons élaboré une sorte de chandelier à petits sapins. Nous résolvions ainsi la double problématique puisque des sapins de 2 m, nous en trouverons toujours dans les plantations. C’est ainsi qu’est né ce projet de joli sapin géant recomposé ». Depuis ce concept a séduit nombre de collectivités telles Toulouse, Le Mans, Pornic, Brive-la-Gaillarde, Rambouillet… pour ne citer qu’elles afin de ne pas tomber dans un inventaire à la Prévert.
« Mon beau sapin, roi des forêts… »
Et cette réalisation fait la part belle au 100% local : « La structure métallique a été fabriquée dans l’Yonne et les sapins proviennent de la pépinière de Philippe Chaventon, située à Dun-les-Places, dans la Nièvre. Nous faisons travailler des entreprises de la région, toute une filière locale. Et les sapins de Noël représentent un nombre considérable d’emplois », insiste Mickaël Goux, qui, comme tous les professionnels du secteur, a été, à n’en pas douter, soulagé lorsque le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie, a autorisé, par décret, la vente de sapins le 20 novembre dernier.
En revanche, ce chef d’entreprise a toujours en travers de la gorge la déclaration du nouveau maire écologiste de Bordeaux, Pierre Hurmic, qui avait soulevé la polémique en déclarant « ne plus vouloir d’arbre mort dans sa cité » : « Il a communiqué sur un sujet qu’il ne maîtrisait pas. J’ai d’ailleurs pensé à lui adresser l’une de nos réalisations. Si j’en avais eu une de disponible je l’aurais fait ! Il devrait savoir que les sapins de Noël sont des plantes cultivées. Après les avoir coupées, d’autres sont replantées. Nous n’allons pas sauvagement les arracher en forêt ».
A celles et ceux qui préfèrent les sapins artificiels en provenance d’Asie, il tient à leur rappeler l’empreinte carbone. Quant aux 361 Nordmann dijonnais, qui, selon lui, « absorbent bien plus de gaz à effet de serre qu’un simple sapin géant », ils seront broyés à l’issue des fêtes pour être transformés en compost végétal et nourrir les plates-bandes municipales.
Une chose est sûre, l’Abies Caméléon conjugue créativité et tradition, tout en illustrant le savoir-faire régional. C’est donc une belle pyramide (verte) qui s’élève place de la Libération ! C’est ainsi que cette année il faudrait revoir quelque peu l’une des célèbres chansons de Noël. Nous vous proposons donc de fredonner : « Mon beau sapin, roi des forêts ; ma belle pyramide, reine de Dijon ! »
Camille Gablo