Joël Abbey : « Les collectivités ont nombre de projets »

Eu égard aux contraintes sanitaires, le Conseil darchitecture, durbanisme et de lenvironnement de la Côte-dOr na pu tenir que récemment son assemblée générale. Cela na pas empêché le CAUE d’être, en 2020, toujours facilitateur de projets. Que ce soit auprès des particuliers mais aussi et surtout auprès des collectivités, dont les demandes de conseil sont en forte croissance depuis les dernières élections municipales. Son président Joël Abbey nous détaille les enjeux

Dijon lHebdo : La dimension environnementale na-t-elle pas pris le dessus sur toutes les autres dans laction au quotidien du CAUE, que ce soit auprès des collectivités ou des particuliers ?

Joël Abbey : « Avant toute chose, je tiens à rappeler que le CAUE, créé par la loi dite darchitecture du 3 janvier 1977 il a fallu attendre le 20 août 1979 pour que celui de la Côte-dOr voie le jour est un organisme départemental investi dune mission d’intérêt public. Et le CAUE est aux côtés de tous ceux qui bâtissent la Côte-dOr daujourdhui et de demain. Nous répondons concrètement aux nombreuses attentes des élus comme des habitants du département, dans nos domaines de compétences. Il y a d’autres ingénieries d’accompagnement, avec lesquelles nous collaborons, telle que la MICA (ndlr : spécialisée dans le conseil administratif, juridique et technique aux communes et aux structures intercommunales) et, depuis le début d’année, nous sommes partenaires associés avec le SICECO. Le CAUE na eu de cesse d’évoluer afin de pouvoir répondre à des défis de plus en plus prégnants, que ce soit pour la promotion et le développement de la qualité architecturale, urbanistique mais aussi environnementale. En pouvant intervenir en amont des différents projets, nous participons ainsi, à notre niveau sentend, à lamélioration du cadre de vie des habitants de la Côte-dOr mais aussi au développement durable du département ».

DLH : Le CAUE participe ainsi, à son échelle, à la préservation de la Côte-dOret de la planète ?

J. A : « Afin de célébrer le 40e anniversaire du CAUE, lannée dernière, nous avions tenu, symboliquement, à planter un arbre dans 40 communes du département dans lesquelles nos équipes étaient intervenues. Cette opération illustrait, si besoin était, à quel point le E dans CAUE était devenu essentiel. Que ce soit dans le conseil, la formation, linformation ou encore la sensibilisation opérés tout au long de lannée par notre équipe darchitectes, durbanistes et de paysagistesSachez au demeurant que nous venons daugmenter leffectif de nos paysagistes ils sont dorénavant au nombre de 3 afin de pouvoir répondre aux demandes croissantes daménagements des espaces publics. Je pourrais dire que notre ligne de conduite est de ménager ces espaces publics avec une véritable dynamique pour le respect de lenvironnement et, de facto, la préservation de notre planète pour les générations actuelles et futures. Sachez que la Fédération nationale des CAUE, dans laquelle je siège comme membre du conseil dadministration, vient d’être reconnue Partenaire engagé pour la Nature et ce, grâce, notamment, à la création du cycle E pour Environnement. Dans ce cadre fut, notamment, ouvert un débat public denvergure sur les grands enjeux environnementaux avec nombre dinterventions dexperts ».

DLH : A la suite des élections municipales, avez-vous été plus sollicité par les collectivités ?

J. A : « Le conseil aux collectivités, qui représente plus de 50 % de notre activité, est dans lADN du CAUE. Au sortir du premier confinement et après linstallation des nouveaux exécutifs suite aux élections municipales, les sollicitations ont, en effet, été croissantes. Et elles demeurent particulièrement nombreuses aujourdhui. Plus de 90 nouveaux dossiers de conseil aux collectivités ont ainsi été ouverts, venant sajouter à ceux en cours. Cest dire à quel point les collectivités ont des projets. Et nous sommes aux côtés de toutes les communes du département. Nous aidons les communes rurales qui ne disposent pas de service durbanisme dédié mais nous sommes aussi présents dans le tissu urbain et péri-urbain. Notre objectif est de répondre à toutes les attentes des élus et de les accompagner au mieux dans les projets de transformation de leurs communes ».

DLH : Quelle est la nature des conseils demandés ?

J. A : « Une grande majorité des conseils dans le domaine de larchitecture est consacrée à la réhabilitation et à lextension du bâti existant, largement devant les constructions neuves. Cest vrai pour les collectivités mais aussi pour les particuliers. La réhabilitation nécessite des compétences particulières et adaptées de la maîtrise d’œuvre mais aussi des entreprises. Dans ce domaine, les savoir-faire et le développement de filières de production de matériaux adaptés sont à soutenir. Avec dautres, nous sommes naturellement mobilisés sur ces sujets. Au-delà de la restauration des édifices patrimoniaux, la réhabilitation du bâti ancien représente un enjeu majeur pour la revitalisation des centre-bourgs, à linstar du maintien des équipements ou de laménagement des espaces publics. Les sollicitations dans ce domaine représentent 40% de tous nos conseils aux collectivités, avec une majorité de projets concernant les rues et les places, le reste se répartissant entre espaces naturels, parcs et jardins, grands paysages et cimetières. Lorsque nous sommes sollicités sur ces questions essentielles pour lavenir des communes, et notamment en zone rurale, notre rôle consiste souvent àvelopper le conseil plus globalement sur lensemble du paysage communal et de ses espaces publics. Et cette démarche aboutit ainsi à la mobilisation de nos autres compétences en matière darchitecture et durbanisme ».

DLH : Dans les processus d’élaboration des projets, la concertation citoyenne nest-elle pas, comme le développement durable, devenue prépondérante ?

J. A : « La concertation est aussi un sujet qui revêt de plus en plus dimportance, pour les élus comme pour les habitants, afin que les citoyens puissent véritablement devenir acteurs de leur cadre de vie. Cette concertation peut prendre différentes formes et mobiliser jusquaux plus jeunes habitants de la commune ».

DLH : En matière durbanisme, le CAUE doit être très régulièrement consulté, eu égard, notamment, à la complexité des Plans locaux durbanisme (PLU) ou des projets daménagement ?

J. A : « Dans ce domaine, lactivité du CAUE se répartit entre des projets dextension urbaine (40%) et des projets de planification (60%). En ce qui concerne les PLU, le CAUE peut accompagner en effet les communes en amont des études, afin de cerner les attentes, constituer le cahier des charges et, après, apporter son expertise. Planifier laménagement de son territoire à l’échelle communale ou intercommunale, cest véritablement se donner les moyens de mieux maîtriser la qualité de son développement ».

DLH : Jimagine que vos réunions de formation ont également subi les affres de la crise sanitaire ?

J. A : « En 2019, le CAUE avait organisé 4 formations pour pas moins de 379 participants. Cette année 2020, eu égard aux contraintes sanitaires, nous navons pas pu organiser notre cycle de formations, en partenariat avec la Direction départementale des territoires (DDT), programmé dans 4 communes du département sur « lurbanisme au quotidien » et destiné aux élus, secrétaires de mairie et techniciens des collectivités. Dans lattente des réunions que, jespère, nous pourrons tenir en début de lannée prochaine, nous mettons en place des premières séances en visioconférence. Dans le cadre du partenariat que nous avons depuis plusieurs années maintenant avec Côte-dOr Tourisme, nous participons également aux « Rendez-vous de la valorisation paysagère » comprenant différentes visites et interventions sur le territoire. Quant au thème intitulé « leau, cest la vie », retenu pour lannée en cours, il sera en partie prolongé en 2021 ».

DLH : Votre rôle de sensibilisation auprès du public scolaire est lui aussi capital

J. A : « Le rôle de sensibilisation du CAUE auprès de tous les publics est essentiel. Cest encore plus vrai auprès des jeunes du département, où notre mission culturelle peut prendre des formes très variées. En 2019, nous avions ainsi réalisé pas moins de 49 interventions auprès de plus de 1000 élèves. Notre équipe est mobilisée du primaire au supérieur avec des interventions par exemple de nos paysagistes à Agrosup Dijon – en passant par les collèges et les lycées. Ces actions de sensibilisation multiples permettront aux citoyens et acteurs de demain d’écrire de belles pages de notre Futur 21 ! »

Propos recueillis par Camille Gablo