Doit-on encore présenter Didier Foulont ? Figure emblématique d’Iveco, où il a gravi tous les échelons jusqu’à prendre la direction commerciale et marketing du groupe France, ce véritable « Ch’ti » – il est né en plein cœur de Lille – posa ses valises à Dijon en 2009. Et depuis il n’a eu de cesse de s’investir dans la vie locale. Que ce soit à la présidence du club d’entreprises Les Parcs de la Toison d’Or qu’il vient de laisser au profit de Pierre-Yves Thivent, à la tête du Rotary Club Dijon-Gevrey ou encore comme président du Club de rugby féminin dijonnais Les Gazelles qui évolue, rappelons-le, en Elite 2, soit le deuxième niveau national. Interview d’un entrepreneur qui a la notion d’équipe chevillée au corps… Une valeur essentielle surtout en cette période de reconfinement !
Dijon l’Hebdo : Vous êtes resté 7 ans à la tête du Club Les Parcs de la Toison d’Or. Que retenez-vous de cette belle aventure ?
Didier Foulont : « La première satisfaction réside dans le développement du club puisque nous sommes passés de 39 à 130 aujourd’hui. Nous étions même montés à 150 en 2018. Nous avons aussi atteint de nombreux objectifs que nous nous étions fixés. Et la convivialité a toujours été de mise, c’est la particularité de notre club. La bonne ambiance est notre marque de fabrique. Les chefs d’entreprise peuvent venir, comme je le dis souvent, quelque peu s’oxygéner le cerveau. Ils parlent tout de même de boulot… mais sans s’en apercevoir ! Nous avons nombre d’outils à notre disposition aujourd’hui, comme tous ceux relatifs à Internet, mais je pense que la relation reste la première des choses pour faire du business. Il ne faut pas l’oublier même si nous n’avons pas le droit, aujourd’hui, au serrage de paluches ! ».
DLH : Tout comme avec le Club de rugby féminin dijonnais Les Gazelles, dont vous êtes également à la tête, c’est la notion d’équipe que vous privilégiez en permanence…
D. F. : « Je l’ai fait tout au long de ma carrière. Je ne peux pas faire autrement, j’ai toujours managé des équipes dans la convivialité, en donnant de l’importance à chaque personne, en étant à leur écoute. Que ce soit avec le rugby ou avec le club entreprises, je n’ai fait qu’être moi-même ! ».
DLH : Avec les actes 1 et 2 du confinement, faire perdurer l’activité d’un club durant cette année 2020 a dû s’apparenter à un véritable sacerdoce…
D. F : « Le club continue de fonctionner en ayant recours à la visio. Tous peuvent raconter leur petite histoire. Nous l’avions fait durant le premier confinement et chacun était heureux de se retrouver. Ils ont ainsi pu notamment exposer comment ils ont vécu le confinement et comment ils en sont sortis. Sont apparues de nombreuses idées… Nous avons réussi à être très proches tout en étant très éloignés ! ».
DLH : Comment avez-vous vécu la passation de flambeau ainsi que l’élection de Pierre-Yves Thivent, dirigeant de la société Whiteboards-Outlet, lors du dernier conseil d’administration ?
D. F : « Nous l’avons choisi, nous lui avons proposé et c’est un bon successeur puisque c’est le plus ancien adhérent de notre club qui, je le rappelle, a fêté ses 30 ans. C’est le bon profil, la bonne personne parce qu’il n’a manqué aucun conseil d’administration. Il vit ce club et il était totalement d’accord pour continuer le travail que l’on avait mis en place. L’ambiance restera et de nouvelles idées apparaîtront. A un moment, il faut être capable de s’arrêter et de passer la main, et c’est ce que j’ai fait ».
DLH : Vous demeurez tout de même vice-président. C’est une façon d’être un peu le « gardien du temple » comme certains des membres du club se plaisent à vous qualifier…
D. F : « En fait, on m’a demandé d’être le gardien du temple. Je voulais que cette nouvelle équipe, dans laquelle figurent bien évidemment des anciens administrateurs, soit capable de diriger le club, de le conduire. Mais il est vrai que cette demande de rester le gardien de toutes les valeurs qui nous ont animés depuis 7 ans m’a fait plaisir… Vous savez, je me bagarre toujours pour ne pas dire que je suis en retraite. Je préfère dire que je n’ai plus d’activité professionnelle rémunérée. Même si l’on est un peu en retrait, il faut rester dedans. Chacun a le droit de vivre ce moment-là à sa façon. Certains choisissent le bricolage, le jardinage… moi j’ai besoin de continuer d’être au milieu de cette vie économique, au milieu des gens ! ».
DLH : Quel peut être le rôle d’un club d’entreprises dans cette période particulière marquée du sceau de la Covid-19 et, par corollaire, de la crise économique ?
D. F : « C’est un moment essentiel, et comme nous l’avions déjà dit lors du premier confinement, c’est celui de garder son réseau, d’être ensemble même sans présentiel, de se donner un coup de main, de tenir informés les adhérents de toutes les lois et décrets qui sortent, de l’ensemble des messages venant de la Chambre de commerce et d’industrie, du Medef, de la CPME… Il faut leur permettre de continuer à dialoguer entre eux et avec nous ! C’est important ».
DLH : Votre Club représente un secteur territorial qui ne pèse pas moins de 700 entreprises et 6 000 emplois. Et pourtant le Nord-Ouest de la métropole dijonnaise semble moins attirer les projecteurs que d’autres secteurs économiques ?
D. F : « Comme nous avons essentiellement du tertiaire et pas d’industrie dans ce territoire du Nord-Ouest, ce n’est pas étonnant. Il n’est pas toujours mis en avant, quoique l’on parle énormément de Valmy aujourd’hui, avec la clinique ou encore le siège de la future Caisse d’Epargne. C’est un secteur qui se développe mais il est vrai que nos adhérents sont représentés par 85% de TPE-PME. Nous sommes un territoire essentiel à Dijon métropole même si nous ne sommes pas dans l’industrie. Le tertiaire a toute son importance aujourd’hui ! ».
DLH : Comment pensez-vous que l’économie française sortira de cette période particulière, et c’est un doux euphémisme ?
D. F : « Nous sommes dans une période de désespoir mais je suis optimiste lorsque je vois la capacité de nos entrepreneurs à réagir, à s’adapter même s’ils souffrent. Et des secteurs subissent les affres de la crise sanitaire bien plus que d’autres. Mais leur capacité à être inventifs est formidable. Peut-être que c’est la France qui a cette capacité à toujours rebondir même si les moments sont difficiles. Nous ne savons pas comment nous allons sortir de cette situation. Nous aurons souffert mais nous aurons appris beaucoup ! ».
DLH : Comment vivez-vous ce nouveau confinement qui est tout de même bien différent du premier, même si le climat s’avère particulièrement anxiogène ?
D. F : « C’est un confinement souple, light, qui ne me déplaît pas. Si chacune, si chacun faisait attention, ce n’est pas idiot. Maintenant, il y aurait énormément à discuter sur le fait de ne pas ouvrir les petits commerces. Pourquoi l’on peut ne pas attraper le virus dans des supermarchés et que l’on pourrait être contaminé dans les petits commerces ? J’avoue ne pas avoir tout compris ! Il semblerait que l’on nous annonce un plateau, des décisions seront-elles prises pour faire évoluer la donne notamment pour les commerces qualifiés, de façon surprenante, de non essentiels ? Je suis désolé, aller chez le coiffeur peut être essentiel… Mais il faut, malgré tout cela, rester optimiste. Dans l’obscurité, il y a toujours un moment où apparaît à nouveau la lumière ! ».
Propos recueillis par Camille Gablo