Alors que l’actualité mortifère est au (re)confinement, nous vous proposons une bouffée d’oxygène, l’art étant qualifié fort justement par Romain Rolland comme « la source de vie, l’esprit de progrès, donnant à l’âme le plus précieux des biens : la liberté ! » Avec la dose (pas toujours homéopathique) de chauvinisme qui nous anime, cela nous donne au demeurant l’occasion de rappeler que ce grand écrivain de la première moitié du XXe siècle, lauréat du Prix Nobel de littérature en 1915, était bourguignon. Mais revenons à la liberté… artistique (portée là aussi par des Bourguignons !). Jusqu’au 4 janvier prochain se tient, à Dijon, l’exposition « Halle 38 – Années Tropiques » pensée en deux lieux et destinée à dévoiler le travail de la première promotion des artistes locaux hébergés à la Halle 38, l’ancien bâtiment de la caserne Heudelet rénové par la ville de Dijon afin d’en faire un lieu de création. Cette exposition met en lumière les œuvres d’Atsing, de Diane Audema, de Diane Blondeau, d’Hugo Capron, de Cécile Maulini, de Hugo Pernet et de Nicolas Rouah. Sans omettre celles de Ramya Chuon – l’artiste que nous accueillons en résidence dans nos colonnes depuis un an – ainsi que celles de Julien Château, qui ont développé, en 2012, leur « Petit Laboratoire de Formes potentielles ». Ces deux artistes diplômés de l’Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts de Dijon, respectivement architecte d’intérieur et infirmier, ont décidé de faire route ensemble… sur le chemin de la création : « Notre atelier symbolise la matrice renfermant la graine, l’œuf ou le fœtus appelé à grandir. C’est un milieu en perpétuelle évolution, qui se décline et se construit de manière itérative, tissant un réseau de formes au fil d’une rêverie sans fin », explique Ramya Chuon, dont la liberté créative se manifeste, dans cette exposition, par une statue évolutive, intitulée Hybride, dont les strates successives interpellent. Et rappellent… (pour certains) une orchidée qui pousse lentement. Il faut dire que Ramya Chuon a eu l’idée de cette sculpture lorsqu’il a vu l’échographie de sa fille telle « une véritable graine qui grandit… » Quant à Julien Château, il vous entraîne dans des paysages composés de cristaux, dont les formes et les couleurs changent également au fil du temps. Des univers particuliers où il révèle au grand jour son propre « univers intérieur… » « Outre le mode expérimental scientifique, mes recherches font autant référence à la muséologie, aux cabinets de curiosités qu’à la notion de paysage romantique et me permettent en fin de compte d’interroger la nature de l’acte démiurgique et ses limites, ainsi que les relations que l’homme entretient avec le monde naturel », explique-t-il.
Une chose est sûre, ce « Petit Laboratoire de Formes potentielles » a tout pour devenir… grand. Ramya Chuon et Julien Château peuvent donner, dans cet atelier pas comme les autres, libre cours à leur talent créatif et évolutif. Et, dans le même temps, permettre à notre imagination d’interpréter librement leurs créations… Quand l’on vous disait que l’art et la liberté étaient étroitement liés !
Camille Gablo