Durant de nombreuses années, au titre de la Ville de Dijon – comme adjoint de Robert Poujade – ou bien en tant que représentant du Département de la Côte-d’Or – il fut conseiller général de Dijon VII –, Bernard Depierre a siégé au conseil d’administration de Dijon Congrexpo. Le palais des Expositions et des Congrès de Dijon est également implanté sur la circonscription dont il a été durant 10 ans le député. Aussi n’a-t-il pas manqué de réagir à l’annonce, le 8 octobre dernier, du préfet Fabien Sudry d’annuler l’édition 2020 de la Foire internationale et gastronomique de Dijon…
Dijon l’Hebdo : L’annonce par le préfet de l’annulation de la Foire eu égard à la situation sanitaire est certes tombée comme un couperet mais elle ne fut en aucun cas une surprise. Comment avez-vous appréhendé cette décision ?
Bernard Depierre : « Je ne souhaite pas contester de quelque manière que ce soit les mesures sanitaires que moi-même je respecte. Je porte mon masque entre 8 et 10 h par jour et ce, partout où je vais. Je comprends bien l’ensemble des décisions du préfet d’obliger tous les Dijonnais, les Beaunois, etc. à porter un masque, de fermer les bars à 22 h… En aucun cas, je ne les conteste. En revanche, le fait que la décision d’annuler la Foire internationale et gastronomique de Dijon tombe 4 semaines seulement avant l’événement est quelque chose de très grave ! »
DLH : C’est donc pour vous le timing de l’annonce qui pose problème ?
B. D : « Oui parce que le conseil d’administration et gestionnaire de la Foire a beaucoup travaillé, a dépensé de l’argent sur la communication. Et n’oublions pas également les 25 salariés ! Il y a trois chiffres qu’il faut avoir en tête : la Foire représente 5 M€ pour l’hôtellerie, la restauration, les carburants de la métropole. C’est 60% du budget de Dijon Congrexpo. C’est un chiffre d’affaires de 30 à 50 M€ qui se fait durant la Foire avec l’ensemble des exposants. C’est une zone de chalandise captive exceptionnelle. Par ailleurs, c’est une période d’animation forte pour la ville, car elle est doublée de la plus grande fête foraine qui existe en Bourgogne. Je n’ai pas l’estimation précise de ce que cela peut représenter en terme de chiffres mais, là aussi, le manque à gagner pour les forains qui demeurent à peu près 2 semaines et demi est très élevé. J’ajoute également qu’en terme d’emploi, qui est une priorité majeure actuellement du gouvernement – je la partage au demeurant –, la Foire représente l’embauche d’environ 2 000 emplois à durée déterminée ou intérimaires. C’est grave pour l’emploi, avec le taux de chômage qui est remonté à 12% alors qu’il il était tombé intelligemment à 8,8%. Et il est aux alentours de 30% chez les jeunes ! Voilà autant d’éléments qui méritent d’être mis en avant. Ils ne remettent pas en cause la décision prise mais il aurait été nécessaire de s’interroger très en avance sur cette situation, comme cela a été le cas dans d’autres villes. ».
DLH : Pensez-vous que le modèle économique de Dijon Congrexpo soit menacé aujourd’hui ?
B. D : « Dijon Congrexpo, qui a une relation privilégiée avec la mairie de Dijon, propriétaire des locaux, est dans une situation extrêmement compliquée, d’autant plus que sa deuxième très grande activité, Florissimo, qui devait avoir lieu cette année, et que la Ville n’a pas voulu suivre – elle a bien fait parce que le confinement l’aurait sabordée totalement – est reportée en 2021. Je ne crois pas que Florissimo puisse être engagé aujourd’hui. Or cette manifestation qui se déroule une fois sur cinq ans (là c’était sur six ans) représente une source de recettes lissée sur la période de 600 000 € par an. C’est un lieu magique pour la promotion de la ville, en Suisse, au Luxembourg, en Belgique, en Allemagne, parce que l’on y vient de partout… Je voulais ainsi rappeler toutes ces raisons économiques et sociales. Et la situation peut mettre en cause l’effectif de Dijon Congrexpo. Le social est l’élément majeur ! Si l’on n’a pas de solution pour résoudre les problèmes sociaux, une société est en très grande difficulté. En tant que vieux gaulliste social, je me devais de le dire… »
Propos recueillis par Camille Gablo