Le Tour de France « ensablé » par le Covid-19 n’a pu donner son premier coup de guidon que fin août. Son traditionnel prologue, jugé ringard, avait été rayé de la carte ces années dernières. Le revoilà d’actualité ! Le team Matignon-Macron l’ayant remis au goût du jour dès la fin mai, après qu’Edouard (Ala)philippe a déclaré forfait pour mieux se remettre en selle au Havre. Sous la houlette de l’adjudant Castex et de son accent qui fleure bon la tramontane, les mille et un ministres ou secrétaires d’Etat ont été priés de mouiller le maillot, au plus fort des deux vagues caniculaires. Le gouvernement tout entier a joué les routards, se tapant plus d’étapes que les 107 éditions du Tour de France réunies. La feuille de route, on l’a vite compris, n’affichait aucune ambiguïté : il convenait de réveiller l’enthousiasme des publics en vue du critérium présidentiel de 2022, plutôt que de propulser le pays sur le podium de la reconstruction économique ou celui de la ré-industrialisation du pays.
Posons-nous la question : qu’attendre de ce porte-à-porte, de ces enquêtes de voisinage auxquels se sont livrés Castex 1er, ses suiveurs et son porteur d’eau en la personne de Marlène Schiappa – devenue la pâle doublure de Gérald Darmanin ? A quoi rime cette vacuité estivale de l’Exécutif français, d’autant que notre Macron tente avec une belle outrecuidance de jouer les Alexandre Le Grand de la Biélorussie au Liban, via le Niger?
Que notre Président, que nos dirigeants et leurs conseillers enfilent des maillots trop grands pour eux, c’est affligeant ! On l’a compris : bon nombre d’entre eux ne sont que de banals… Marcel et font preuve d’incompétence notoire, voire d’immaturité totale. N’empêche, il est une qualité qu’on ne peut leur retirer : celle de s’avérer insubmersibles quand il s’agit de consolider une carrière sur le long cours. Ils en remontreraient en longévité au Yellow Submarine des Beattles. L’affaire est désormais entendue : les ministres exclus en mai dernier n’iront pas grossir les rangs des quelque 800 000 chômeurs attendus à la rentrée. L’Elysée en a déjà recasé plus d’une quinzaine qui n’ont de saillant – soulignons-le au passage – que leur médiocrité : Griveaux, Buzyn, Castagner ou Belloubet, ou encore Sibeth Ndiaye, sans oublier Guillaume et les copains… Ce n’est pas tout, hélas ! D’autres, à la tête de nano-partis politiques – ceux qui font ces petits riens susceptibles de doper Macron aux futures Présidentielles – s’étaient mis en chasse dès mai/juin, afin de décrocher un job bien juteux. Le pompon revient à l’éternel Bayrou, nouvellement promu haut-fonctionnaire au Plan. Cet émule de Talleyrand est un coriace, un renard : il a une dextérité sans pareille pour retourner sa veste. A plus de 70 ans bien usés à intriguer dans les coulisses et les cuisines du pouvoir, l’exécutif vient de lui confier la tâche de dessiner les contours de la France du futur. Rien de tel pour retirer toute crédibilité au couple Macron/Castex aux yeux des citoyens ! Ce vétéran de la politique politicienne qu’est Bayrou se plait à se présenter aux électeurs comme chef d’une petite exploitation agricole Pyrénées, au beau milieu de ses moutons. Il n’a pas besoin de forcer la note dans cette pastorale qui fait les choux gras des agences de presse, tant il s’y entend à tondre la laine sur le dos des Français ou celui du Parlement européen ! De qui se fiche l’Elysée ? La Ve République n’offre-telle plus d’autre perspective que d’être une station de recyclage ?
Marie-France Poirier