La France a subi l’ère des Gilets jaunes. Eh bien, on n’y a vu que du bleu ! Qui fait tourner depuis le confinement l’économie du pays ? Qui se donne corps et âme pour faire fonctionner en surrégime les CHU ainsi que les services de santé ? Qui met en rayon dans les grandes surfaces les produits alimentaires ? Qui rend rentables, au péril de la vie, des titans comme Amazone ou assure à minima les transports en commun ? Qui bosse en télé-travail ? Ni ces Gilets Jaunes qui ont eu l’outrecuidance coupable d’organiser en mars une manif en dépit du confinement, ni non plus les manitous des centrales syndicales, mais la France des travailleurs manuels, celle des tout petits patrons, celle de la classe ouvrière, ou encore celle des aides-soignants, des infirmiers, des toubibs hospitaliers, des enseignants, des forces de l’ordre, des agents d’EDF, des chauffeurs routiers, des éboueurs, des facteurs de la Poste ou même des bénévoles d’association etc… Rendons hommage aux artisans-boulangers, aux responsables des commerces de proximité qui apportent un vrai service, assorti d’un authentique sens de l’humain… Bref, cette France des « petites gens », que l’Exécutif tout comme la haute-fonction publique ont souvent dévalorisée et culpabilisée !
La réalité du terrain devrait faire rendre leur morgue à bien des énarques, en les incitant à tenir en haute considération les initiatives prises par de nombreux maires de petites ou moyennes communes. Bien d’autres exemples témoignent de l’implication des citoyens ainsi que du formidable engagement des élus locaux qui n’ont pas attendu le Président pour « se réinventer » : gymnases transformés en point de consultation-santé, livraisons gratuites de produits alimentaires ou de médicaments… Quand ce ne sont pas des cantines improvisées en zones rurales, ou la fabrication de masques lavables organisée au sein des communes – la grande affaire du jour – par des couturières ou d’habiles bénévoles!
Voilà des pistes dégagées par cette France d’en-bas, silencieuse, créative, courageuse – elle n’a pas attendu les organisations patronales pour retrousser les manches – et qui fait la démonstration de l’absurdité, de l’irresponsabilité de la délocalisation organisée à vaste échelle depuis des lustres par les multinationales avec l’Etat chinois pour complice ! Le Président Macron s’est engagé – fort vaguement d’ailleurs le 13 avril – à restaurer notre outil de production ! Il a également évoqué la nécessité de revoir à la hausse les bas salaires de tous ces salariés vaillants qui œuvrent à notre survie économique et sanitaire. Prenons acte ! Un Smic à moins de 11 € de l’heure, un salaire moyen d’infirmière à 2 000 €, n’est-ce-pas scandaleux et totalement immoral ? La noblesse, la dignité de tous ces actifs, « héros du quotidien » méritent bien d’autres rémunérations que… le « Salaire de la Peur » !
Marie-France Poirier