Denis Hameau : « Un filet de protection pour les plus fragiles »

Dijon l’Hebdo : Quelles sont les attentes majeures qui sont apparues sur le numéro vert 0.800.21.3000 piloté par OnDijon afin d’épauler l’ensemble des Dijonnais durant le confinement ?

Denis Hameau : « Le numéro vert a été mis en place 24 h sur 24 et 7 jours sur 7 pour toute la population. Jusqu’à présent, ce portail traitait différentes situations du quotidien dans la ville mais ces situations concernant, par exemple les horaires de cantine, le sport, etc., se sont arrêtées et ont été sorties du dispositif. Notre périmètre s’est de facto réduit et nous sommes aujourd’hui en moyenne à 400 appels par jour. Les attentes concernent majoritairement le CCAS ainsi que les services en lien avec les personnes âgées et la gérontologie, tels les repas à domicile. Nous avons enregistré aussi beaucoup de questions sur les attestations obligatoires et les autorisations de sortie, la poursuite de l’Etat civil, avec, notamment, les naissances et malheureusement les décès. L’ouverture des marchés, et notamment des Halles, a également fait l’objet de multiples appels… »

DLH : Le soutien aux personnes isolées et fragilisées est rapidement apparu incontournable…

D.H. : « Je me suis en effet aperçu, la première semaine, qu’un certain nombre de personnes était dans une forme de détresse à domicile. Beaucoup étaient en difficulté pour faire des courses, récupérer des médicaments mais aussi pour parler à quelqu’un. Nous avons constaté que des seniors de plus de 90 ans, dont les familles étaient à des centaines de km, étaient livrés à eux-mêmes. Nous avons eu l’idée avec l’équipe d’OnDijon de mettre en place un service afin de les aider. La procédure est la suivante : nous faisons remonter les attentes, selon 3 priorités, aux élus de chaque commission de quartier. Ceux-ci appellent la personne pour bien identifier ses besoins et, après, si nécessité, ils interviennent auprès d’elle tout en respectant naturellement l’ensemble les précautions d’usage. Un suivi quotidien est effectué et une synthèse journalière est faite au maire de Dijon. Nous avons ainsi un suivi individuel, qualitatif et quantitatif. Une formation a également été effectuée afin de pouvoir gérer au mieux les appels où se manifestent l’anxiété, la détresse et parfois la panique. Et nous avons renforcé ce pôle avec 5 étudiants pour que le personnel puisse tout de même se reposer. L’équipe a été divisée par deux afin de travailler alternativement et de limiter les risques sanitaires. Sachez qu’une dizaine de cadres de Dijon métropole sont également en réserve au cas où nous rencontrions ici un gros pépin sanitaire ».

DLH : La dimension sécuritaire, inhérente, notamment, au respect des mesures de précaution, incombant à OnDijon est également essentielle…

D.H. : « Bien sûr. Le volet sécurité est important mais il peut nous servir à tout type d’interventions. Si une personne fait un malaise en allant faire ses courses par exemple, nous pouvons donner l’alerte. OnDijon ne remplit pas seulement un rôle répressif, il a une fonction de veille et de vigilance. Nous pouvons si besoin alerter les secours sur le plan de la santé… »

DLH : Le modèle de Smart City que vous aviez présenté à Barcelone était-il adapté à cette situation totalement inédite ?

D.H. : « Le service public représente un vrai filet de protection pour les personnes les plus fragiles. A Barcelone, j’avais insisté sur la dimension « human and sustainable » de notre Smart City. Le côté humain et la dimension service public prennent tout leur sens aujourd’hui. C’est ce qui donne du sens à la société et c’est la raison pour laquelle je suis, pour ma part, socialiste. C’est toute la différence avec le système américain et anglo-saxon. Certes il manquait à l’origine un risque pandémique planétaire. C’est là-dessus que demain il faudra travailler. La situation que nous traversons met en exergue les carences stratégiques de notre pays et de ses dirigeants et illustre la nécessité d’une régulation mondiale et européenne. Il faut revoir notre modèle national ! »

Propos recueillis par C.G.