Kafka ? Ou fin de partie ?

« Qu’est-ce qu’elle fait, qu’est-ce qu’elle a, qui c’est celle-là ? Complètement toquée, cette nana, complètement gaga. Et puis cha parole les gars. Elle est drôlement bizarre les gars, ça s’passera pas comme ça »…

Eh oui ! Qu’est-ce qu’elle fait, qu’est-ce qu’elle a, qui c’est celle-là pour qu’on l’ait invitée sur les plateaux télé le fameux dimanche du 1er tour des Municipales ? Nous parlons bien sûr de Ségolène dont la bêtise fut… royale et l’outrecuidance absolue. Si Pierre Vassiliu n’avait pas écrit et interprété cette chanson, il est sûr et certain que la prestation de notre ex « bombe glacée », de notre courant d’air des zones arctique et antarctique n’aurait pas manqué d’inspirer le chanteur parolier ! Bref, à écouter sur TF1 sa plaidoirie politicienne et totalement incongrue à propos du covid-19, on aurait cru entendre Martinez au zénith de la CGT. Pourtant, Dieu sait si Ségolène Royal a failli lamentablement à sa mission dans les Pôles ! Le Ministre de la santé Olivier Véran, passablement agacé par la dame, a balayé ses critiques en appelant à faire taire toute polémique pour l’heure : « Ils (les personnels de santé) vous demandent de ne pas faire de politique ce soir, mais juste d’entendre leur message de prévention sanitaire », a-t-il glissé à l’endroit de la Reine des Neiges. D’ailleurs à voir Ségolène Royal ainsi que d’autres élus se tenir serrés tels des sardines sur le plateau TV et ce, en dépit des consignes de sécurité, les téléspectateurs ont compris qu’une partie de la classe politique se pensait bénéficiaire d’une immunité absolue, y compris bien au-dessus d’une atteinte du Coronavirus. C’est grave, docteur !

La forte abstention du 15 mars dernier conduit à une autre réflexion. De nombreux Français n’ont pas accompli leur devoir électoral par crainte d’une promiscuité contagieuse. Il n’empêche qu’il convient de décrypter ce type de comportement désormais fiché au cœur de l’inconscient collectif. Notre société gâtée par les faux-semblants du consumérisme, de surcroit si exempte d’idéaux, n’est en rien une fabrique de héros à la façon d’un Guy Môquet, d’un Jean Moulin ou bien d’autres grands résistants de 39-45, qui, tous, ont donné leur vie pour la patrie. Les ¾ de nos concitoyens ont estimé ne pas avoir à mettre leur santé en jeu pour élire un maire, en ces temps difficiles, douloureux, angoissants… Une partie de la France de 2020 se pense et agit en « Grand Corps Malade » depuis la fin des 30 Glorieuses.

Cette attitude abstentionniste apparaît très compréhensive. Elle traduit la désaffection profonde pour un monde politique perçu comme immature, inconséquent et loin – très loin – de l’ensemble des Français, voire peu soucieux des deniers publics. A l’heure européenne, qui ose encore « se nourrir » du mot patrie ? Voilà qui mériterait une totale remise en question de la part de nos édiles et de leur façon de nous administrer. Le Président Macron a conclu l’une de ses récentes allocutions, souhaitant qu’il y ait « un avant » et « un après » Coronavirus. N’est-on pas entré de plain-pied dans un présent, qui ne serait que prélude à un futur de science-fiction où tout peut basculer ?

Marie-France Poirier